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Nancy jouera le maintien

L’intérêt financier des clubs n’est pas toujours celui des supporters: pour beaucoup de clubs de L1, se maintenir dans l'élite est simplement la meilleure stratégie.
Auteur : Sébastien Dessus et Gaël Raballand le 21 Avr 2009

 

Cet article vient en complément du dossier "Crise: la fin des années fric?" du numéro 43 des Cahiers du football.

Malgré une saison sportive 2007/08 réussie, conclue par une quatrième place en championnat, Nancy aura vendu ses meilleurs joueurs (Puygrenier, Kim) pour les remplacer par des modestes joueurs pour la plupart de National et L2. Son président déclare vouloir se doter d’un budget permettant de "rester parmi l’élite". Pourtant à terme, la stratégie de Nancy consiste à devenir une "place incontournable du football français, voire européen" (football365.fr) – en se dotant d’un stade de 32000 places (contre 20000 actuellement).

Les supporters nancéens voient dès lors s’éloigner leurs rêves de domination nationale et de conquêtes européennes. Les questions fusent ainsi à Marcel-Picot: pourquoi affaiblir une équipe qui a prouvé sa valeur sportive? Pourquoi ne pas bâtir sur ce socle, au contraire, une équipe capable de rivaliser avec les meilleurs chaque année? En théorie, de meilleurs résultats sportifs devraient générer de meilleures recettes, dans la mesure où une équipe de haut de tableau attire plus de spectateurs et de sponsors, vend plus de maillots et est plus souvent télévisée. Et des recettes augmentées devraient permettre à Nancy de garder ses meilleurs joueurs et d’en recruter de nouveaux...


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It’s economics, stupid
Une étude récente, se fondant sur les bilans financiers des clubs de L1 et L2 des trois dernières saisons, permet de mieux comprendre ce paradoxe, en expliquant les stratégies d’investissement des clubs et leur rationalité sous-jacente (1). Cette rationalité économique se heurte, dans de nombreux cas, aux attentes sportives des supporters.

La conclusion est simple. Les clubs n’ont pas nécessairement intérêt (d’un point de vue économique) à bâtir la meilleure équipe possible (d’un point de vue sportif). Les clubs ont en effet, à performance sportive égale, des recettes différentes. Cette différence entre clubs s’explique en très grande partie par des différences de marchés potentiels qui sont liés à la taille du bassin de population, à la notoriété du club et à la capacité du stade, sur lesquels les clubs n’ont que peu d’influence à court terme. Nancy, en finissant quatrième, engendre beaucoup moins de recettes que Paris ou Marseille lorsqu’ils finissent à la même place.


Convoitises
En revanche, le budget requis pour occuper durablement une quatrième place est théoriquement le même d’un club à l’autre. En finissant cette année à ce classement, l’équipe de Nancy a acquis une valeur plus élevée qu’en début de saison. Ses joueurs font l’objet de convoitises de la part d’autres clubs, et les garder devient plus coûteux: soit de manière latente, en raison du manque à gagner que constituerait un transfert juteux; soit de manière effective si garder ces joueurs s’accompagne d’une renégociation salariale – ce qui est très probable, le joueur disposant aujourd’hui de leviers puissant si on s'avise de lui "manquer de respect".

Voyant ses coûts augmenter plus vite que ses recettes, le club risquerait de perdre ainsi de l’argent (voire d’être relégué par la DNCG dans le cas d’un déficit prolongé). Il préfère dès lors réajuster des ambitions sportives à la baisse, en se dotant d’un budget de fonctionnement (principalement les salaires des joueurs et l’amortissement de leurs indemnités de transfert) en adéquation avec ses recettes potentielles.


Budgets optimaux
En se fondant sur cette analyse empirique, on peut dessiner une typologie des clubs professionnels en fonction du budget "optimal" de chacun d’entre eux. Le budget est dit optimal lorsqu’il permet à chaque club de se doter de l’équipe la plus chère (la meilleure) possible, sans perdre d’argent. Ce budget est déterminé par l’égalisation des recettes potentielles (précédemment décrites) et des dépenses, mais également par la prise en compte des stratégies d’autrui. La publication des comptes de chaque club depuis trois saisons permet en effet à chacun d’entre eux de se positionner vis-à-vis de ses concurrents de manière plus informée.

Nancy, en déterminant sa propre stratégie de moyen terme (budget de fonctionnement, capacité du stade, etc.), pourrait penser que les décisions économiques des autres clubs sont prises en fonction de considérations similaires. Ainsi, lorsqu’il envisage de se doter d’un budget suffisant pour "rester parmi l’élite", Nancy doit en réalité tenir compte des budgets optimaux des autres clubs, au risque de se retrouver à terme dans l’incapacité d’équilibrer son budget.


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Écarts entre budgets actuels et optimaux des clubs de L1, saison 2006-07 .
NDLR : Valenciennes, absent de L1/L2 lors de la saison 2004/05, n’est pas inclus dans l’échantillon des clubs analysés.



Contre-performances
L’étude suggère qu’au regard de leurs budgets optimaux respectifs, les clubs se trouvaient dans des situations fort différentes lors de la saison 2006/07. Plus de la moitié des 36 clubs considérés (2) se trouvait en dessous de leur potentiel d’investissement, avec notamment Paris, Marseille, Saint-Étienne, Metz ou Brest. Mais nombreux sont ceux qui se trouvent au-dessus de leur potentiel, comme Lorient, Monaco, mais aussi Lyon ou Lille.
De nombreuses raisons peuvent expliquer ces écarts. Pour les clubs en dessous de leur potentiel, difficultés de financement, aversion pour le risque ou accidents sportifs ou judiciaires ralentissent l’augmentation des budgets. Au contraire, pour les clubs au-dessus de leurs potentiels, prises de risques élevées, résultats sportifs inespérés, ou pari sur l’incapacité des premiers à se doter de budgets en rapport avec leurs potentiels expliquent ces investissements excessifs.

Ces écarts semblent cependant temporaires. L'analyse montre en effet que les clubs se rapprochent à grande vitesse de leurs budgets optimaux, dessinant la hiérarchie théorique du football français, en l’absence de changements structurels majeurs. Paris, Marseille et Lyon dans une moindre mesure, sont amenés (ont intérêt économiquement) à viser durablement les trois premières places. En revanche, un grand nombre de clubs (3), comprenant Nancy ou Le Mans, a juste intérêt économiquement à se maintenir en L1, pour bénéficier de belles affiches à domicile et profiter de la redistribution des droits télé.


Le maintien, une bonne stratégie de com
On peut dès lors analyser sous cet angle les politiques de communication des clubs auprès de leurs supporters. Pour les clubs en dessous de leur potentiel, la difficulté consiste à gérer la frustration et l’impatience légitime des supporters en leur faisant rêver de jours meilleurs. L’objectif est de protéger leurs potentiels de revenus tout en augmentant progressivement leurs budgets de fonctionnement (4).
Pour les clubs au-dessus de leur potentiel, la difficulté consiste au contraire à ne pas créer des attentes trop élevées de la part de leurs supporters. On peut ranger dans cette catégorie le fameux "Auxerre joue le maintien" cher à Guy Roux, les objectifs en matière de "principes de jeu" ou de domination régionale, visant à atténuer les déceptions d’une ambition sportive difficile à assumer.

Nancy, doté d’un budget avoisinant 35 millions d’euros par an, est proche de son budget optimal, qui le positionne autour de la quinzième place. Augmenter la taille de son stade devrait pouvoir lui permettre d’accroître durablement son budget et le situer autour de la douzième place. Mais même sans tenir compte des coûts d’agrandissement du stade (et du fait que d’autres clubs pourraient mener la même politique – son voisin Metz par exemple), il serait donc surprenant de voir ce club se doter budgétairement d’une équipe en mesure de se qualifier régulièrement en Coupe d’Europe. C’est sans doute ainsi qu’il faut interpréter l’annonce de son président, au grand dam des supporters de l’équipe au chardon.


(1) L’étude, soumise pour publication dans une revue scientifique, mesure statistiquement pour chaque club le potentiel de revenus (droits télévisuels, stade, sponsors), à performance sportive donnée. Ce potentiel est ensuite comparé au coût nécessaire à l’obtention d’une performance sportive donnée (lui aussi mesuré statistiquement, mais supposé semblable à chaque club), pour en déduire, en égalisant les deux, le budget "optimal" de chaque club. L’existence de paliers (montée en L1, accession à la C1) influence évidemment le revenu des clubs, mais pas la hiérarchie des potentiels – et donc des budgets optimaux.
(2) Tous les clubs présents en L1 ou L2 au cours des trois saisons 2004-5, 2005-6 et 2006-7.
(3) Lens, Nantes, Bordeaux et Monaco ont eux intérêt à se doter de budget pour terminer autour de la cinquième place. Le Havre, Guingamp, Metz, Caen, Le Mans, Nice, Nancy, Strasbourg, Montpellier, Auxerre, Rennes, Toulouse, Sochaux, Saint-Étienne et Lille ne visent qu’au maintien en L1. Gueugnon, Ajaccio, Dijon, Créteil, Amiens, Lorient, Reims, Istres, Châteauroux, Bastia, Grenoble, Sedan, Brest ou Troyes, ont eux "intérêt" à se maintenir en L2.
(4) On se souvient de la campagne "Paris fait nous rêver" du Paris SG de la fin des années 1980, précédant de quelques saisons l’arrivée de Canal+ dans son capital.


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Réactions

  • charabia le 22/04/2009 à 05h45
    Intéressant de chercher des éléments de réflexion pour la détermination d'une stratégie optimale de gestion de club. J'avoue ne pas voir comment sont calculés les budgets optimaux (y a-t-il intervention de théorie des jeux dans votre truc ?), mais le classement des clubs selon les revenus potentiels n'est-il pas le même pour toute place ? (à enculage de mouches près) Auquel cas les clubs connaitraient leur classement idéal et leur budget optimal. En tout cas j'aimerais bcp avoir des précisions sur l'étude, pour pouvoir y jeter un coup d'oeil.

  • Arthur33 le 22/04/2009 à 08h16
    Je n'ai rien compris aux budgets optimaux, mais le PSG est premier donc ce classement me plait.

  • Roger Cénisse le 22/04/2009 à 08h23
    Très intéressant, et on comprend mieux ce qui peut se passer en coulisses dans quelques clubs de l'Elite.

  • losc in translation le 22/04/2009 à 08h29
    Une étude qui semble a priori très intéressante. Les mécanismes financiers et économiques qui la sous-tendent m'échappent un peu (ok, beaucoup), mais cela met en lumière certaines stratégies de clubs. On pourrait a priori facilement remplacer Nancy par le Mans dans le titre, car il me semble que la stratégie du club du département du premier ministre s'apparente à celle du premier club pro du président de l'UEFA. Et ça ne date pas d'hier (Drogba étant le premier exemple que je connais)

  • Parisiano le 22/04/2009 à 08h54
    Ca a été le cas de beaucoup de clubs, qui perdaient leurs meilleurs joueurs après un titre. Moi j'ai rien compris en tout cas.

  • Le_footix le 22/04/2009 à 09h24
    Arthur33
    mercredi 22 avril 2009 - 08h16
    Je n'ai rien compris aux budgets optimaux, mais le PSG est premier donc ce classement me plait.
    ---
    En effet tu n'as hélas rien compris: le PSG est bon dernier.

    La place de Lorient devrait tous nous achever sur la réalité du projet sportif de Christian Gourcuff. Quand on dit que ce mec réalise des miracles, on n'est pas cru. Lorient ne tient QUE par lui.

    En revanche celle de Monaco est très surprenante...

  • Gael Moldovan le 22/04/2009 à 09h25
    Laisse filer Parisiano, c'est un article pour Lyonnais. Je pense que c'est pour les consoler en ces temps difficiles.

    Bel article, cependant, meme si je suis pas sur d'avoir tout capté non plus. Une question sans doute a coté de la plaque, d'ailleurs, a titre d'exemple de ma nulitude; si tous les clubs finissent par fonctionner avec leur budget optimal -apparemment ils tendent vers ca- alors ils seront a leur place supposée au classement chaque saison, et, les promus et relégables étant sans doute tous a peu pres comparables en terme de rang 'supposé' toussa, rien ne bougera plus dans notre belle liguin jusqu'a la création du championnat européen, l'indépendance de la bretagne et de la corse, ou l'étreinte programmée entre la station Mir et la ville lumiere? c'est ca??
    Naaan?

  • Cleaz le 22/04/2009 à 09h25
    Arthur33
    mercredi 22 avril 2009 - 08h16


    Je ne dois pas avoir très bien compris ce que c'est ce classement mais je ne pense pas que ce soit une bonne chose de finir premier dans ce sens là...

  • Cantona rien à dire le 22/04/2009 à 09h56
    J'ai peut-être rien compris et il faudra que je relise à tête reposé mais l'interprétation simple (simpliste) que je fais du classement est :
    - les négatifs pourraient investir plus qu'ils ne le font
    - les positifs sont en sur régime et dépensent plus qu'ils ne devraient.

    La seule bonne place (au sens économique) est autour de 0.

    Si on est supporter parisien ou marseillais comme moi, on peut y voir un motif d'espoir en se disant qu'il y a de la place pour mettre construire une plus belle équipe. Et en plus, Lyon est en sur régime (d'où le besoin d'un nouveau stade).

  • Portnaouac le 22/04/2009 à 10h05
    Gael Moldovan
    mercredi 22 avril 2009 - 09h25
    [...]
    Une question sans doute a coté de la plaque, d'ailleurs, a titre d'exemple de ma nulitude; si tous les clubs finissent par fonctionner avec leur budget optimal -apparemment ils tendent vers ca- alors ils seront a leur place supposée au classement chaque saison, et, les promus et relégables étant sans doute tous a peu pres comparables en terme de rang 'supposé' toussa, rien ne bougera plus dans notre belle liguin jusqu'a la création du championnat européen, l'indépendance de la bretagne et de la corse, ou l'étreinte programmée entre la station Mir et la ville lumiere? c'est ca??
    Naaan?

    ---------------

    Bien que je n'aie pas encore tout compris non plus, c'est exactement ça ; sauf que, de la même façon qu'une étreinte entre la ville lumière et la station Mir ou qu'un retour de Danièle Gilbert, ça n'arrivera jamais... ; la faute à la glorieuse incertitude du sport, entre autre.

    Ce genre d'étude montre habituellement une tendance naturelle (celle à se rapprocher de la "norme") mais l'équilibre n'est jamais atteint et si, par hasard il l'est, ça ne dure normalement pas.

    Enfin, je crois...

La revue des Cahiers du football