En vous connectant, vous certifiez n'avoir jamais trompé votre club favori. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Ligue: la guerre froide se réchauffe

A l'occasion de la dernière assemblée de la Ligue, le 26 mai à Monaco, les deux camps ("légalistes" et "réformateurs") ont confirmé leur opposition radicale sur le problème de la répartition des droits audiovisuels, et choisi pour terrain d'affrontement les élections du CA, le 6 juillet. L'opposition à N. Le Graët s'organise et se jette dans une campagne qui décidera de l'avenir du football français…
Auteur : Julie Grémillon le 30 Mai 2000

 

Les élections du Conseil d'administration de la Ligue obéissent à des règles assez complexes. Il faut d'abord savoir que les clubs de D1 disposent de trois voix chacun, contre deux aux pensionnaires de D2 et aux professionnels de National. D'autre part, un certain nombre de candidats "en qualité de membres à titre individuel" (parrainés par des membres actuels) se présentent pour le collège des "membres indépendants", où cinq sièges sont à pourvoir et au sein duquel sera désigné le Président. Parmi eux pourrait se trouver le futur adversaire de Noël Le Graët…

L'écurie d'Aulas
Jean-Michel Aulas est parti à la recherche de tels candidats, facilement convertibles aux intérêts du Club Europe. Deux anciens présidents de club, René Ruello et André Laurent, pourraient de fait être candidats à la présidence. Les Stéphanois conservent de Laurent un souvenir aussi difficile à résorber que le déficit et l'échec sportif de ses années de présidence, et apprécieront quel type de dirigeant notre élite sportive plébiscite. Du genre à faire un coup avec Laurent Blanc alors que la charnière centrale Kastendeuch-Cyprien venait de conclure une saison parfaite… Un Noël Le Graët assez chambreur avait justifié son refus d'une répartition "élitiste" des droits télé en déclarant ne pas vouloir instaurer "une prime à la bêtise, au président qui aurait recruté quinze joueurs pas du tout complémentaires" (FF 07/03/00)… Mais politiquement, Laurent est peut-être plus crédible: il a été le premier président de l'UCPF, le "syndicat" des clubs professionnels, et il aurait la disponibilité suffisante pour devenir celui de la Ligue.
Quant à Ruello (qui a quitté la présidence du Stade Rennais en 1998) il déclare avoir été appelé et être "parrainé" par Aulas, en ajoutant benoîtement qu'il est "totalement indépendant". A par ça bien sûr, "nous avons besoin d'une élite forte!", et "ce n'est pas Noël Le Graët qui a assaini le football français! Ce sont surtout les télévisions, ainsi que nos grands voisins, en achetant les joueurs que nous n'avions plus, hélas, les moyens de conserver" (FF 06/05/00). Les démonstrations de ce genre, aussi absurdes que démagogiques, qui mêlent cynisme et prophéties du déclin, sont dans la droite ligne du discours des aulassiens.
Difficile de savoir si les "réformateurs" parviendront à s'entendre pour présenter un front unanime: tous les présidents de "grands" clubs ne sont pas aussi radicaux qu'Aulas et pourraient ne pas le suivre sur toute la ligne, surtout qu'une rupture avec l'actuel président aurait un prix politique qu'ils ne seront pas forcément disposés à payer. Jusqu'à présent et malgré les menaces, Le Graët est toujours parvenu à rétablir sa propre légitimité en désamorçant les mines de ses opposants.

En face, les partisans du président semblent de moindre importance, notamment si l'on considère leur poids financier: ils se recrutent évidemment moins du côté de notre "élite" que de la D2 ou des modestes de D1; ceci dit, ils sont plus nombreux. Les instances lui assurent un soutien essentiel: aussi bien la FFF, l'UNECATEF (éducateurs et entraîneurs) que l'UNFP (joueurs) se sont montrés sans ambiguïté, par les voix respectives de Claude Simonet, Philippe Piat et Guy Roux. De même, le ministère de Marie-George Buffet sera un appui de premier ordre…

L'enjeu
Bien sûr, ce sont les droits audiovisuels et surtout leur répartition qui sont au centre des débats. Regroupée au sein du Club Europe patronné par Jean-Claude Darmon, l'élite autoproclamée veut obtenir une révision de l'accord pourtant signé il y a moins d'un an, et revendique la propriété de ces droits. Il s'agit dans le langage des gestionnaires de porter ces "actifs" aux comptes des clubs afin d'attirer les investisseurs et à terme de négocier individuellement tous les droits. Nous avons assez dénoncé les conséquences de cette politique pour ne pas y revenir encore une fois: creusement des inégalités et création d'une caste financière, inflation des salaires, abandon de la formation et de la cohésion du foot pro, vaine compétition économique avec les grands clubs européens… (voir CdF 24, 25).
Gervais Martel et Jean-Louis Campora, par le biais de l'UCPF (l'organisation représentative des clubs professionnels et leur actuel lieu de déchirement), ont préconisé une "copropriété" entre la Ligue et les Clubs, c'est-à-dire une fausse solution de compromis qui laisserait la porte ouverte à toutes les récupérations et qui n'a surtout aucune forme juridique possible. Car dans tous les cas, la délégation à la LNF de la propriété des droits est garantie par la loi, et on voit mal comment un décret pourrait revenir sur cette prérogative, au moins pour les quelques années à venir.
Alors à quoi sert cette agitation? Un basculement de la présidence dans le camp des "élitistes" serait un triomphe politique pour Aulas, et le moyen d'imposer à terme une gestion conforme à sa conception. Cet événement n'est plus improbable aujourd'hui, mais il se ferait au terme d'une lutte incertaine et au prix de l'unité du football professionnel. Plus pragmatiquement, il s'agit de peser dans la balance pour au moins obtenir des arbitrages plus favorables, en particulier si la composition du CA rend les choses beaucoup plus difficiles pour Le Graët. Car si ce dernier n'est jamais aussi à l'aise que dans l'adversité, il est aussi l'homme d'habiles compromis, comme le montre une politique pas si antagoniste avec les désirs de son Medef à lui. Et dans le cas où il ne pourrait plus préserver le minimum de ses principes, soyons sûrs que sa sortie de scène est déjà prête.

Tandis que l'Euro mobilisera les attentions, les deux camps mobiliseront leurs réseaux, pour affiner leur stratégie, préparer des compromis dans les couloirs. Espérons que la compétition sportive n'occulte pas tout à fait cet autre combat, dont on aimerait qu'il se déroule tout entier au grand jour…

Pour information, les candidats à titre de membres individuels sont les suivants (leur nom est suivi de leur "parrain"):
André Laurent (Charles Talar)
Richard Conte (Jean-Louis Campora)
René Ruello (Jean-Michel Aulas)
Gilles Daget (Patrick Proisy)
Mario Innocenti (Jean-Louis Campora)
André Soulier (Kléber Bobin)
Jean-Pierre Hureau (Louis Nicollin)
Jacques Lambert (Jean-Claude Hamel)
Maxime Pétiet (Jean-Pierre Louvel)
Gérard Bourgoin (Jean-Louis Campora)

Réactions

Aucune réaction

La revue des Cahiers du football