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Lettre ouverte à… Franck Ribéry

Avec le temps s'effacent les mauvais souvenirs. Alors vient le temps, parfois dans les derniers moments, de mesurer toute la tendresse qui nous unit. 

Auteur : Stéphane Pinguet le 20 Jan 2021

 

 

Salut Franck,

 

Il y a une dizaine de jours, on a craint une blessure et j’ai eu peur de ne plus te voir sur un terrain. Ce week-end, tu es sorti à la mi-temps et j’ai peur de ne plus te voir beaucoup. En fait, Franck, je me rends compte que j’ai peur que tu ne sois plus joueur de foot.

 

Je dois te l’avouer, je pense avoir plus de passion pour toi que je n’ai osé me l’avouer depuis une quinzaine d’années. J’ai cette boule dans le ventre à attendre une mauvaise nouvelle, celle de te voir partir, cette angoisse que suscitent les êtres auxquels on tient. Mais ce n’est pas tout.

 

Je me sens coupable, l’impression poisseuse d’avoir regardé ailleurs lorsque cela m’arrangeait. La mémoire collective doit profiter de tes derniers mois pour te rendre ta stature de meilleur joueur français entre 2006 et 2014. Ta carrière, ta vie, ton physique, ton caractère, tes excès, rien en toi ne peut laisser indifférent, et pourtant, j’ai l’impression que tu n’occupes pas la place qui t’est due.

 

 

 


Combien de revanches ?

Meilleur joueur à Boulogne, meilleur joueur à Brest, meilleur joueur à Metz, meilleur joueur à Galatasaray, meilleur joueur à l’OM, meilleur joueur au Bayern. Quant à la Fiorentina, certaines vidéos ont déjà fait plusieurs fois le tour du web.

 

Accidenté à deux ans, tu te mets au foot à Boulogne-sur-Mer à six, tu es le plus jeune du centre de formation de Lille à douze, dont tu es viré à seize. La suite: relégation à Boulogne-sur-Mer en CFA, dépôt de bilan à Alès, essai raté à Guingamp et en National à Brest. À vingt et un ans, tu es encore amateur et le resteras jusqu'en 2004, deux ans avant de disputer une finale de Coupe du monde.

 

Combien de revanches dans ce parcours? Combien de gouffres à franchir en si peu de temps, de regards à faire baisser, de moqueries à éteindre, de risques à prendre et de preuves à faire en attendant l’étincelle?

 

Metz, Galatasaray et Marseille t’ont mis sur orbite. Tu n’as pas été avare d’efforts, mais ton palmarès restait si mince – une Coupe de Turquie, deux finales françaises perdues avec l’OM, auquel tu as permis de goûter de nouveau à la Ligue des champions. Tu es parti pour jouer cette compétition tous les ans… une année où l’OM y était, mais pas ton si prestigieux nouveau club, le Bayern Munich.

 

Je me suis dit, à l’époque, que tu aurais pu rester une année de plus. Je me suis moqué en pensant que tu étais ingrat et stupide. Évidemment, l’ingrat et le stupide, c’était moi. Tu es devenu Kaiser Franck, le plus champion du Bayern, le plus champion des Français, tu as tout gagné en club. Alors oui, on dira que c’est le Bayern et en Allemagne, la concurrence… On s’en fout.

 

 

 

 

Tu t’es fait plaisir, tu as fait plaisir, tu étais enfin l’idole, sans être le plus grand, sans être le plus beau, sans être le plus solaire, mais en étant le meilleur. Le Ballon d’Or 2013 était pour toi. Ton expression quand le nom du vainqueur a été annoncé fut terrible. Tu étais tellement sûr de l’avoir. On voyait ton sourire de gamin, impatient d’avoir sa récompense, ton trac d’être appelé.

 

Tu n’as pas disparu par la suite, tu as d’ailleurs remporté plus de titres de champion d’Allemagne, mais tu savais que toi, la gueule cassée, le rescapé, tu ne serais plus jamais si proche du sommet.

 


Les errances, les fulgurances

Bon, Franck, tu as aussi ton côté obscur. Je ne m’étendrai pas sur l’affaire Zahia, tu as été jugé. Mais le souvenir de Knysna est tout toujours aussi douloureux que honteux pour tout le monde. Je l’oublierai un jour, le temps faisant, la sélection naturelle permet d’atténuer certaines colères. Mais, bordel, tu as fait chier tout le monde.

 

Vous formiez une sacrée bande de débilos, à débiter vos refrains de collégiens. Par quelle magie avez-vous décidé de tous fondre les câbles en même temps, au même endroit, en disant les mêmes conneries? Dix ans après, vous avez pris la mesure de votre débâcle: aucun membre de cette équipe n’a jamais rien gagné en sélection, sauf les deux premiers gardiens.

 

Certains joueurs ne s’en sont pas remis, Gourcuff du côté des gentils, Toulalan du côté des coupables. Tu es pourtant revenu, toi, pour porter cette équipe quelques années, avec Valbuena et Benzema – les trois grands Bleus entre 2010 et 2014. Et puis tu t’es blessé juste avant la Coupe du monde 2014 et ton ombre a plané sur le quart de finale contre ton pays adoptif.

 

Tu as abdiqué quelques semaines plus tard et tu as laissé un nouveau groupe prendre le pouvoir et effacer ces mauvaises années – vous effacer, d’une certaine manière. En bleu, tu resteras celui qui aurait dû guider la génération 87. Tu lui resteras associé par le même arrière-goût d’inachevé: les fulgurances n'ont pas suffi.

 

Aujourd’hui, je tremble un peu, fébrile comme la Fiorentina cette saison, fragile comme les mois restants de ta belle carrière. Franck, je te souhaite une fin à ton image, explosive, imparfaite et inattendue. Du rire, des larmes, ton humour potache, cette arme qui a déridé les vestiaires les plus froids. Je te souhaite tout le bonheur que tu es allé chercher seul et parfois contre pas mal de monde.

 

Et je te remercie. Pour ton but contre l’Espagne accompagné des "Vas-y mon petit" et "Il est génial le môme" de Thierry Gilardi. Aussi pour ce t-shirt contre l’Angleterre en hommage à "[ton] pote Hicham et M. Gilardi", un de ces gestes qui font parfois du football cette famille incroyable, dans laquelle les plus turbulents sont les seuls à savoir vraiment partager.
 

Réactions

  • Henri Désiré Landreau le 20/01/2021 à 09h37
    Bel article, merci ! Je partage l'essentiel.

    Comme une impression aussi que le joueur a été victime d'une forme de racisme social tant son élocution était mauvaise.

    Enfin sur 2010, pas la peine de se demander pourquoi plein de joueurs qui ont eu par ailleurs de bonnes carrières ont fondu un boulon : car il n'y avait plus de pilote dans l'avion (un certain entraîneur de Nantes aujourd'hui).

  • Tonton Danijel le 20/01/2021 à 11h14
    Ribéry avait néanmoins été le premier à voler au secours de Ray Do après l'Euro 2008...

    Pour le reste, je trouve classe le choix d'aller finir sa carrière à la Fiorentina, alors que je l'aurais cru plus vénal (à cause de l'épisode du steack doré, je l'aurais vu prendre l'oseille aux Emirats).

    Et pour Gilardi, je me souviens aussi de l'hommage qu'il avait tenu à lui rendre lors d'un passage à Téléfoot (coupant CJP qui avait ensuite raté sa transition).

  • Sens de la dérision le 20/01/2021 à 16h06
    Je relis ce portrait, j'essaie de ressentir une sorte de nostalgie. Mais bizarrement c'est impossible, je ne l'ai jamais vraiment trouvé sympathique. La faute sans doute à ses débuts (Metz, Galata, Marseille) où on avait l'impression qu'il allait au clash pour partir de ses clubs. La faute aussi d'être dans cette équipe 2006 que je n'ai pas vraiment apprécié (le retour des anciens, la fin de Zidane en eau de boudin). La faute évidemment aussi à 2010.
    L'image qui me revient de lui, c'est quand il avait traversé tout le terrain pour tacler je ne sais qui et qu'il s'était blessé sur l'action.

  • Espinas le 20/01/2021 à 17h24
    C'est France-Italie 2008 où il se blesse, avant le péno + rouge d'Abidal.
    Pour moi, c'est une action qui révèle le caractère de ce joueur dans ce qu'il a d'admirable (la combattivité, se donner à fond) et d'énervant (la difficulté à évaluer ses propres limites).

  • 12 mai 76 le 20/01/2021 à 17h30
    Après ses débuts tout en fraîcheur en équipe de France je l’ai aimé. Puis une longue brouille. Mais sa longévité au Bayern auquel il s’est totalement identifié force mon respect. Et c’est un sacré bon footballeur.

  • 12 mai 76 le 20/01/2021 à 18h12
    Et très joli article. Merci.

  • Tonton Danijel le 20/01/2021 à 18h18
    Espinas
    aujourd'hui à 17h24

    D'ailleurs, à propos de combativité et de blessure, il avait joué le barrage retour contre l'Ukraine malgré une côte fêlée. Même si on peut trouver aussi orgueilleux de n'avoir pas voulu être remplacé bien que diminué physiquement...

  • Le Chameau le 20/01/2021 à 19h45
    Son match à Marseille avec Metz était dingue. Son année à l'Om fantastique. J'étais tellement heureux quand la liste de la CM est sortie. Liste que pour une fois j'attendais fébrile.
    C'était un putain de joueur, un de nos meilleurs. À se demander comment il a pu faire ou dire tant de conneries en jouant si intelligemment.
    Pour revenir sur le racisme social, je ne crois pas que cela soit vrai ou du moins le problème. Quand il part au but en 2006, tout le monde l'aime...
    Je l'ai aimé puis il m'a trahi, comme ça.

  • Henri Désiré Landreau le 21/01/2021 à 00h05
    Non mais merci, évidemment qu'un mec qui va planter un but en 8ème de finale de CdM est aimé par le public. C'est comme ceux qui disent que Le Pen n'est pas raciste car elle aime le couscous.

    Après dès qu'il a commencé à "déraper", on a entendu pis que pendre sur sa prétendue imbécilité, notamment liée à sa manière de s'exprimer (alors que je trouve déjà suffisamment malin pour avoir su buter Gourcuff pour le leadership en équipe de France, je pense que le gars est loin d'être idiot même s'il n'est peut-être pas très cultivé).

  • blafafoire le 21/01/2021 à 00h11
    Le Chameau
    20/01/2021 à 19h45

    "Pour revenir sur le racisme social, je ne crois pas que cela soit vrai ou du moins le problème. Quand il part au but en 2006, tout le monde l'aime..."

    Ah sisi je ne confirme pas le racisme social, une expression qui n'a selon moi pas grand sens, mais "mépris de classe" à donf. Francky qui ne sait pas dire 3 mots en français (ni en allemand), qui emploie des expressions devenues mèmes, qui est plutôt repoussant physiquement, on l'a beaucoup lu et entendu ici et ailleurs.
    Ajoute à ça une conversion à l'islam et des accointances avec les "racailles" du groupe et il n'en faut pas plus pour en faire un renégat.
    Les prolos dans le foot on veut juste qu'ils bossent et qu'ils la ferment.

La revue des Cahiers du football