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«Les stades ont toujours été très politisés en Ukraine»

Entretien – La "berlusconisation" des clubs par les oligarques, l'imbrication de la politique et du sport, l'implication des supporters: le chercheur Manuel Veth explique comment le football s'est trouvé au cœur de la crise ukrainienne.

Auteur : Julien Momont le 12 Mai 2014

 


Alors que l'Ukraine s'enfonce dans la guerre civile, le ballon continue de rouler chaque week-end dans les stades de l'élite. L'occasion d'évoquer, avec le chercheur Manuel Veth, spécialiste de l'économie et de la politique du football soviétique et post-soviétique, les conséquences de cette crise internationale sur le football dans le pays.

 


 

 

Quelle était la posture de l'ancien président Viktor Ianoukovitch par rapport au football?
Sa famille a essayé d'influencer le football en Ukraine. Viktor Ianoukovitch avait par exemple des liens politiques forts avec Rinat Akhmetov [président du Shakhtar Donetsk, ndlr)] et il aimait être vu avec les joueurs du Shakhtar lors de divers événements du club. Son fils a aussi joué un rôle dans l'achat du Metalist Kharkov par Serhiy Kurchenko à la fin 2012-début 2013. C'est un bon exemple de la manière dont le régime de Ianoukovitch a échoué à ébranler les strates de groupes oligarchiques qui gouvernent certaines parties de l'Ukraine. Le Metalist a d'ailleurs souffert du fait que Ianoukovitch ne soit plus le président de l'Ukraine. Cela montre la profondeur des liens entre football et politique en Ukraine.


« En Ukraine, le football est une manière de cimenter son influence politique »


Dans quelle mesure ces oligarques étaient-ils proches de l'ancien régime?
Les liens entre oligarques et politique sont profonds. Certains oligarques ont même occupé des fonctions politiques ou été élus au Parlement. En Ukraine, le football est une manière de cimenter son influence politique. Ce processus est appelé "Berlusconisation", un terme qui décrit les liens entre le football, de grands holdings médiatiques et une politique populaire. Les oligarques utilisent le football, en connexion avec de grandes entreprises médiatiques, pour gagner en crédit politique et s'assurer le soutien d'une large part de la population. Le système soviétique est encore bien en place aujourd'hui. En Ukraine, plus que dans n'importe quelle autre république post-soviétique, une élite politique en a simplement remplacé une autre.
 

Le changement de gouvernement peut-il faire évoluer les choses?
J'en doute. Mais en ce moment, la structure étatique entière de l'Ukraine est en question. Il est difficile de prédire quel sera l'impact final sur le football dans le pays.
 

Quelle a été la réaction de la fédération ukrainienne de football?
Il n'y a souvent pas eu de front uni. Des officiels ont livré différentes déclarations aux médias. Comme les autres instances de l’État, la fédération de football est en profond désordre.
 

La sélection ukrainienne peut-elle souffrir de la division identitaire qui semble s'accroître au fil de la crise?
La définition même de l'identité ukrainienne est très complexe, et en tant que tel il est très difficile de cerner précisément la division entre différents groupes dans la crise. Par exemple, la langue parlée en équipe nationale est soit le russe, soit le surzhyk, une langue de composition qui mêle des mots russes et ukrainiens.
 

Mais la Premier League ukrainienne peut-elle continuer normalement dans l'Est du pays et en Crimée (la 29e journée s'est jouée ce week-end)?
Les clubs de Crimée [1] ne seront plus dans le championnat ukrainien la saison prochaine (à ce sujet, lire "Le précédent criméen – Comment Tavriya et Sevastopol réorganisent le football européen"). En ce moment, certaines villes d'Ukraine vivent des événements qui pourraient être décrits comme une guerre civile. Il est très difficile de prévoir ce qu'il se passera dans l'Est du pays. Le futur proche du championnat est incertain, d'autant qu'il y avait déjà des problèmes pour trouver suffisamment de clubs pour cette saison.


« Les supporters sont unis par la volonté de préserver l’État ukrainien actuel »


De nombreux joueurs étrangers [2] ont déjà quitté l'Ukraine. Le niveau du championnat est-il appelé à décliner?
Oui, sans aucun doute, le championnat va souffrir. Mais les oligarques sont riches et leurs positions politiques sont sûres. Quand la situation se sera stabilisée, les plus grands clubs seront de nouveau capables d'attirer des joueurs étrangers.
 

Pendant Dynamo Kiev-Shakhtar Donetsk, il y a quelques semaines, de nombreux drapeaux ukrainiens étaient visibles dans les tribunes du Stade olympique. Quelle est l'ambiance dans les stades depuis le début de la crise?
Ce sont peut-être les faits les plus intéressants. Les supporters sont unis par la volonté de préserver l’État ukrainien actuel. Cela comprend aussi les groupes de supporters des deux clubs de Crimée, majoritairement opposés à l'annexion de la Crimée par la Russie (lire "La voix solitaire des ultras pro-ukrainiens de Tavriya" à propos des ultras du SC Tavriya Simferopol).
 

Les tribunes ukrainiennes sont-elles très politisées?
Oui, les stades de football ont toujours été très politisés en Ukraine. La plupart des groupes de supporters sont majoritairement de droite.
 

On a vu des ultras du Dynamo Kiev, du Shakhtar Donetsk et d'autres clubs impliqués dans les manifestations de la place Maidan de Kiev. Quel rôle ont-ils joué?
Ils se sont principalement concentrés sur la protection des révolutionnaires pro-européens. En général, le public a été surpris de leur implication, mais les ultras ont aujourd'hui été reconnus pour leur rôle actif dans la révolution. Il est intéressant de constater qu'ils se sont unis au sein du mouvement pro-européen et en soutien du nouveau gouvernement. Mais c'est surtout dû au fait que la frange la plus active est ancrée à droite politiquement. Or, c'est la droite ukrainienne qui veut l'intégration européenne et s'oppose à l'influence de la Russie. L'unité des groupes de supporters, bien que fascinante, n'est en aucun cas une représentation du spectre politique ukrainien.
 

[1] Ils sont deux, cette saison, dans l'élite : le SC Tavriya Simferopol et le FC Sevastopol.
[2] C'est notamment le cas des étrangers du Chornomorets Odessa Markus Berger, Anderson Santana, Sito Riera, Pablo Fontanello et l'ancien Parisien Franck Dja Djédjé.
Photo cc Flickr / Aleksandr Osipov
 

Réactions

  • Troglodyt le 12/05/2014 à 11h26
    Champion de son État hier, seul club (ou presque) de son État demain : le Shakhtar et le Metalurg Donetsk peuvent peut-être envisager un championnat avec Monaco.

    Les préoccupations sont sans doute ailleurs, mais quel lien est fait, sur place, entre le titre de Shakhtar et les événements de Donetsk ?
    Des revendications du côté de Dnipropetrovsk ?

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