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Les sondages rendent idiot

L'Équipe a cru bon de demander aux Français leur avis sur l'épilogue du championnat, sans démêler les "opinions" des pronostics ou des souhaits. L'essentiel, c'est de remplir.
Auteur : Pierre Martini le 17 Mai 2008
Dernière réaction : le 19/05/2008 à 11h34

 

"Lyon sacré, Paris relégué!" Ce n'est pas l'annonce des résultats de la dernière journée du championnat, mais le titre de une de L'Équipe de vendredi... précédé de la mention "Notre sondage".

sondage_leq.jpgSuccédané de journalisme
La consultation a été commanditée par le quotidien sportif auprès de l'institut CSA afin de savoir comment "les Français" se représentaient l'issue de la compétition en leur demandant quelle équipe sera sacrée, quelle formation jouera le tour préliminaire de la Ligue des champions (1) et quel club sera le dernier relégable.
La démarche indique d'abord que l'on en est rendu au point où l'on suppose que l'ensemble de la nation, non seulement se préoccupe grandement de football, mais a en outre une opinion sur le classement final du championnat national. Poser aux gens des questions qu'ils ne se posent pas, voilà un principe de base des sondages d'opinion et de leur usage immodéré comme substitut à la démocratie et au journalisme. Jérôme Touboul, habitué aux sophismes et aux supputations en tant qu'expert du PSG, a ainsi besoin de postuler, dans l'article principal, que "Toute la France (ou presque) a désormais son avis sur la question"...


Opinions, pronostics, souhaits...
En l'occurrence, comment démêler le sens des réponses selon ce qu'y ont mis les sondés? Il y a ceux qui, connaissant un tant soit peu le sujet, y ont exprimé une forme d'analyse sous forme de pronostic. Ceux qui n'ont émis qu'un pronostic, comme s'ils jouaient au Loto Foot. Ceux qui ont confié un souhait personnel. Et encore, ceux qui ont répondu au hasard ou en donnant les réponses qu'ils pensaient être les "bonnes".
Surtout, au départ comme à l'arrivée, quel est l'intérêt informatif de cette consultation, en dehors de remplir avantageusement des pages sans trop fournir d'efforts et d'inciter à des titres spectaculaires ("L'OL plébiscité, PSG enterré" – 2)? Ni l'édito – traditionnel exercice de délayage qui avoue à demi-mot l'inanité de cette initiative (3) –, ni les commentaires des résultats n'apportent d'autre réponse. Ô surprise, la majorité pense que Lyon sera champion et, seul vague enseignement à tirer (mais qui ne l'est pas), une proportion plus forte voit le PSG descendre plutôt que Lens ou Toulouse: à force d'entendre dire que le Paris Saint-Germain est nul, le grand public doit se demander pourquoi il n'est pas encore en Ligue 2 (les Lensois, en tant que Ch'tis, étant probablement trop sympas pour un tel malheur).


Fast sociologie
Les interprétations confinent aux élucubrations quand les variations de chiffres sont vues comme l'effet d'une sympathie pour l'équipe en question. Le fait que les moins de trente ans voient, plus que les autres catégories d'âge, l'OL champion, est ainsi présenté comme une confirmation de la "popularité de l'OL parmi les plus jeunes"... Idem pour le "régionalisme" qui expliquerait que 62% des sondés de la "région Méditerranée" (?) voient l'OM conquérir la troisième place – alors que la partie des personnes interrogées qui s'intéressent de près au football a la même perception... L'article verse même dans la sociologie ésotérique lorsqu'il prétend analyse le "vote" des chômeurs, celui des retraités ou des professions libérales. À la louche.

On objectera que l'exercice ne fait pas grand mal et qu'il faut bien moudre du grain. C'est juste. On peut cependant souligner qu'il consiste à prendre ses lecteurs pour des sondés et à remplacer l'analyse ou la critique par des pourcentages inutiles.

(1) On peut s'amuser que les sondeurs semblent avoir considéré que l'ensemble des Français (incluant votre belle-sœur) connaît le principe du tour préliminaire de C1.
(2) Le club parisien est bizarrement privé de son article défini, au contraire de son homologue lyonnais.
(3) "Pour mettre de l'ambiance, il fallait bien un sondage", lit-on. On note aussi une référence au Collaro Show et l'invention du concept de "sondage sportif".

Réactions

  • antigone le 17/05/2008 à 08h20
    Ce 17 mai 2008 sera au sondage sportif ce que le 21 avril 2002 a été au sondage politique.

    J'ai dit.
  • Bowthan le 17/05/2008 à 10h14
    Je suis d'accord avec l'article l'interet de tels sondage est quasi nul. D'un coté on demande aux sondés la couleur du cheval presque blanc de Jean Michel le Brillant. Est ce déja blanc ? Sans surprise c'est oui. Bonne nouvelle les interrogés connaissent les proba et commencent à être plus ou moins au courant que le cheval presque blanc domine les terrains de L1 de son panache.

    De l'autre il y a à la fois un raisonnement discutable qui se cache et un souhait malsain. En effet si on connait déja le cheval blanc de Jean Michel le Brillant, ça ne pourra être Cheval de Gironde de Mon Seigneur...Blanc. Cheval de Gironde sera donc fatalement démotivé par la probable impossibilité d'atteindre le coeur de sa promise Hexagoal (il ne perdra pas trop, elle est moche). Et donc se laissera pourfendre par Cheval aux armes Sang et Or de Martel en Pas de Calais. Il est aussi souhaité que dans le même temps Cheval Magique de porte d'Auteuil trébuche contre la derniere sortie de Cheval au Lion Francomtois avec à sa tête Sire Plessi de Chocho.

    Bref tout ceci me fait penser à une arène ou pour l'un c'est pouce levé et l'empereur Cayus l'Equipus le gracie et le couvre d'or. Pour l'autre c'est pouce baissé et l'empeur Cayus L'Equipus l'envoie dans la fosse aux lion en attendant de préparer son éxecution par ecartellement. Ha, ce bon Cayus l'Equipus voila un empereur sportif gentils qui suit toujours l'avis de la vulgum pecus. Avé Cayus l'Equipus !
    (prochain épisode Cayus l'Equipus victime d'une conspiration montée par Lutecius, Pes Sugenius, Crasus Touris Eiffelus, Auteuilus, Sum Cloutus, Parcus Princus, Pedrom Migelus Pauletius, Paulus Leguenum, Bernadus Mendium, Sylvus Armandius, Mickus Landrus, Zumanum Camarhum, Marius Yepesius dit "Penaltium Sochalium", Didier Julius Ceasar Digar, Auguste Dianéum, Marc Antoine Tahardium, Potiom de Cornerum, Julius Rothenaé de Roma, etc... Cayus l'Equipus aura cette célèbre phrase "Toi aussi Paris").
  • animasana le 17/05/2008 à 10h35
    En même temps, l'article est plus que facile...bof
  • suppdebastille le 17/05/2008 à 10h35
    " une proportion plus forte voit le PSG descendre plutôt que Lens ou Toulouse: à force d'entendre dire que le Paris Saint-Germain est nul, le grand public doit se demander pourquoi il n'est pas encore en Ligue 2 "


    Essayez d'expliquer au "grand public" que le PSG club archi nul a gagné la coupe de la ligue cette saison, est en finale de la Coupe de France, qu'il a remporté 9 trophées depuis 15ans, et on vous regarde avec des yeux incrédules.
  • Papin Jour Pape toujours le 17/05/2008 à 11h01
    C'est facile mais ça ne fait pas de mal d'enfoncer quelques clous, à l'heure ou le sondage, semble être devenu la panacée.

    A part ça, chère redac, j'espère que tu as fusillé ton sec de red :


    " (?) voint l'OM conquérir la troisième place "

    et

    "(1) On peut s'amuser que les sondeurs semblent avoir considéré que l'ensemble des Français (incluant "

    Manque comme un truc sur le (1).
  • RabbiJacob le 17/05/2008 à 12h00
    Enfin si l'article paraît facile c'est bien parce que des papiers toilettes comme celui de l'équipe deviennent malheureusement tellement courants qu'on s'y habituerait presque. Et ça ça craint.
  • axgtd le 17/05/2008 à 12h58
    Ca me rappelle un sondage idiot d'un hebdomadaire réputé (le Nouvel Obs, on a les hebdos réputés qu'on mérite) :

    Il était posé à un échantillon de français moyens des questions très pointues, par exemple leur avis sur l'opportunité de la réforme "LMD" dans les universités. Cela présumait peut-être un peu trop de leur connaissance du dossier, mais bon, les gens sont polis au téléphone et ne veulent pas vexer leur interlocuteur, seuls 3 ou 5% des quidams interrogés avouent ne pas avoir d'opinion sur le sujet.

    Ayant ainsi obtenu 1000 avis d'experts réunis par la méthode des quotas, le Nouvel Obs a pu publier sans rougir que 60% des français étaient favorables à la réforme et 35% opposés, donc que c'était une réforme conforme aux attentes des français.
    Un fois publié ce chiffre, l'équipe éditoriale fut prise d'un remords ; et si on surestimait l'esprit de synthèse et la compétence mathématique des nos lecteurs ?
    Il firent donc appel à un infographiste (sans doute conseillé par un statisticien diplômé) pour surligner sur le tableau le chiffre "60%", afin que le lecteur qui aurait des doutes à ce sujet comprenne que 60% est bien supérieur à 35%

    Prendre ses lecteurs pour des cons, puis vendre leur "temps de cerveau disponible" à de la pub, c'est aujourd'hui ce qu'on appelle "la presse".
  • axgtd le 17/05/2008 à 13h01
    Quelques mois après, le même hebdo qui apprécie l'avis des français quand il est donné dans un sondage, soutenait que l'opinion donnée dans le cadre d'un référendum précédé d'un campagne et d'échanges d'arguments était erronée et qu'il fallait surtout trouver moyen de ne pas en tenir compte...
  • animasana le 17/05/2008 à 14h02
    C'est clair que le français a tendance a juger à base de "c'est écrit".
    D'ou peut être le seul intéret à cet article.
  • Forez Tagada le 17/05/2008 à 15h37
    > animasa
    Mouais. Bof. Ouarf. Burp.
    C'est marrant d'expédier un article à base de borborygmes. Des problèmes de digestion, probablement.

    Ce qui est frappant dans cette double page de L'Equipe d'hier, c'est qu'ils font un sondage tout en admettant à chaque ligne ou presque que ça n'a pas trop de sens. Surtout qu'ils comparaient avec la "consultation" menée sur les mêmes sujets auprès des joueurs et des entraîneurs...

La revue des Cahiers du football