Les mystères de la nandrolone
De nouvelles informations sur la présence de nandrolone dans certains compléments alimentaires viennent obscurcir le débat...
Il y a quelques mois, nous nous étions attristés du revirement de Christophe Dugarry, prêt à partir au combat pour démontrer son innocence et dénoncer les incohérences de lutte antidopage après son contrôle positif à la nandrolone. Un fois "blanchi" à la suite d'un vice de procédure, il n'avait plus été question de ces louables intentions.
Dommage, car des éléments récents montrent qu'il y avait peut-être matière à se battre. En effet, des athlètes contrôlés positifs à cette substance ont fait analyser les compléments nutritifs qu'ils s'étaient administrés, et les laboratoires ont confirmé la présence de nandrolone dans des produits dont la composition ne mentionnent pas cette substance.
Ces révélations indiquent d'abord que des fabricants sans scrupules sont prêts à mentir sur la composition des produits au profit de la "satisfaction du consommateur", afin de maintenir leurs parts de marché dans un environnement très concurrentiel : le marché de ces suppléments alimentaires, notamment aux Etats-Unis, est en effet très lucratif et très peu contrôlé. D'autre part, elles montrent la difficulté à situer la frontière entre suivi médico-physiologique et dopage.
L'hypermédicalisation des sportifs de haut niveau les emmène aux limites de la performance mais aussi de la tricherie chimique, et elle accentue les difficultés de la lutte. Enfin dans ces affaires, force est de constater les contradictions des sportifs impliqués qui n'ont pas entrepris la même démarche : ils entretiennent certainement un rapport trop ambigu avec leurs régimes paramédicaux (comme avec la créatine) pour les avouer franchement, par peur d'une assimilation (d'ailleurs pas totalement abusive) au dopage.
La conscience peu tranquille et sans grand sens de leurs responsabilités, ils préfèrent garder le silence et s'en tirer quand c'est possible par une pirouette juridique, au lieu d'aider à clarifier les choses et à faire avancer la lutte. Aujourd'hui, des procès sont intentés contre les fabricants, mais certains "consommateurs" se préfèrent en victimes des instances officielles plutôt que des alchimistes du sport. N'est-ce pas trahir une forme de complicité?