En vous connectant, vous certifiez n'avoir jamais trompé votre club favori. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Les médias rendent-ils service au football ?

Invité : Lucarne Opposée – L\'information sur le football abonde, mais de quel football nous parle-t-on? Étude de cas sur six sites Internet.

Auteur : Nicolas le 26 Avr 2012

 

Qui mieux que Lucarne Opposée, le site tous les footballs, pouvait s'interroger sur la représentation des compétitions et des équipes dans l'information en ligne? NDLR : les graphiques ont été réinterprétés, d'autres versions figurent dans l'article originel.

 

* * *

 

Nous avons tous eu nos rêves d’enfants. À l’époque où nous tapions dans nos premiers ballons, nous avons tous imaginé nos histoires de foot dont nous étions les héros, côtoyant alors nos idoles et les clubs qui nous faisaient rêver. Nous avons tous nos souvenirs. Outre les images marines et blanches, mes souvenirs personnels font remonter des noms comme Blokhine dont j’avais vu des images et lu quelques articles de l’épopée du Dynamo Kiev de 86 où son association avec Belanov m’avait alors marqué (et oui, déjà). Je me souviens me prenant pour ces ukrainiens virevoltant et leur football total. Je me souviens également cette passion pour le football argentin probablement arrivée avec l’Argentine de Maradona (je ne sais) qui crût dans mon esprit de petit enfant.

 

Ce n’est qu’en grandissant que j’ai pu mesurer ma frustration de ne pas pouvoir suivre réellement ces footballs, ces équipes. Non pas qu’il n’y avait aucun intérêt (quoi que) mais surtout car l’accès à l’information était quasi-impossible. Ce sont toutes ces frustrations que je comble désormais en parcourant la planète football grâce à Internet et chaque jour, je me suis souvent dit que si j’avais grandi à l’époque actuelle, j’aurais pu vivre encore plus intensément ma passion. En fait, plus le temps passe, plus je m’aperçois qu’il n’en est rien. Aussi cet article, fruit – il faut le reconnaître d’une certaine frustration –, doit aussi être pris non pas comme un pamphlet anti-presse mais surtout comme une base de réflexion sur le sujet du traitement du football et de sa diversité par les grands médias, débat auquel vous êtes invités.

 

 

Pluralisme ou redondance ?

On ne cesse de le rappeler, n’importe quel internaute assis devant son écran a accès à toute l’information. Pourtant, un simple regard sur l’offre proposée à l’internaute et au lecteur amateur de foot suffit à montrer que finalement, l’information à portée de tous n’a pas changé grand-chose. Un enfant de dix ans (c’était mon âge en 86) ne dispose que d’une couverture parcellaire et en rien différente de celle que j’avais à mon époque. Faux me direz-vous? Il suffit alors de s’intéresser à la façon dont l’actualité footballistique est couverte en France.

 

Dans son rapport d’activité daté de 2009, Franck Rebillard s’intéressait à Internet, pluralisme et redondance de l’information. L’étude, menée en collaboration avec de nombreuses équipes de chercheurs mêlant plusieurs disciplines, était destinée à mesurer, via divers sites couvrant l’actualité politique, l’information en ligne et ainsi rendre compte "de la dialectique entre pluralisme et redondance de l’information sur Internet". Pour cela, les auteurs ont mis au point un protocole d’observation destiné à étudier les actualités couvertes par différents sites généraux (et non spécialisés), qu’ils soient tenus par des journalistes ou de simples blogs, autour d’un thème particulier (à l’époque donc, la politique).

Ils avaient alors montré qu’un même sujet était traité de manière redondante par la presse en ligne, redondance qui tient dans le continuum dépêche, agrégateurs puis traitement critique ou réflexif par la presse. La plupart des blogs s’emparent alors de l’information (la presse conservant le plus souvent la primauté de l’info) et soit la traitent, apportant le plus souvent leur spécificité liée à leur subjectivité (le fameux "traitement décalé"), soit décident de l’occulter. Le pluralisme porte donc non pas sur les sujets traités mais principalement sur la façon de traiter un même sujet. Le football c’est différent?

 

 

Un jour en avril...

 

Répartition des thèmes abordés en page d'accueil de six sites
(jeudi 5 avril 2012)

 


 

Le football n’échappe pas à cette règle. Et d’en revenir à la problématique de départ: pour le gamin de dix ans, les mêmes images en boucle. Et quand ce ne sont pas les images, ce sont les textes. Exemple type : jeudi 5 avril. Alors que la Libertadores bat son plein, que l’Asie joue sa Ligue des champions, que la CONCACAF connait l’affiche de la finale de sa Ligue des champions, que l’équipe de France féminine poursuit sa domination sur le groupe 4 des qualifications pour le prochain Euro, que l’Europe se prépare aux quarts de finale retour de l’Europa League, 57% des titres en une sur 6 principaux sites traitant de football (soit 52 sur 92 articles au total) sont consacrés soit à la Ligue des champions européenne (dont les derniers matches se sont terminés la veille) et l’axe Paris-Lyon-Marseille.

 

 

Répartition des sujets abordés en page d'accueil
(5 avril 2012 – en nombre d'articles)

 


 

Si l'on reste centré sur l’Europe, les quarts de finale de l’Europa League ne concernent que 4% des actualités. Pire, si on prend les résultats site par site, si certains parviennent à "diversifier" leur une (citons par exemple Chronofoot, France Football et L’Équipe qui, malgré le faible nombre d’articles en une, répartit bien les sujets), certains jouent sur un sujet majeur venant totalement éclipser les autres (la palme pour So Foot et Foot 365). S’il n’est pas question pour moi d’opposer blogueurs et journalistes, la puissance financière dont jouissent les seconds par rapport aux premiers devrait permettre d’offrir une couverture plus large du football. Reste qu’au final, l’actualité footballistique reste principalement concentrée autour de peu de sujets tous redondants entre les sites.

 

 

 

Quand le buzz et la pub commandent l’information

Dans un ouvrage publié par l'Observatoire des mutations des industries culturelles, disponible en ligne, l’auteur, Tristan Mattelart, rappelle la transformation subie par la culture dans les années 80 lorsque va être introduite l’idée que "l’un des principaux lieux de production de la diversité culturelle est la consommation". Trente ans plus tard, cette affirmation guide toute couverture culturelle. Le football, pour moi un élément de culture, n’y échappe pas et, avec son titre de noblesse acquis un soir de 1998, va subir de plein fouet cette transformation pour passer de sport à l’état de produit de consommation. Pour citer Tristan Mattelart: "On voit bien le problème que pose le fait de penser la diversité culturelle en privilégiant l’instance de la consommation: le problème de l’offre devient alors secondaire". Sur Internet, l’aspect consommable est poussé à son paroxysme.

 

"Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible: c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible". Patrick Le Lay livre cette célèbre affirmation en 2004. Appliqué à ce football devenu produit de consommation cela donne des articles le moins long possible, des sujets les plus futiles et la priorité donnée à la course au buzz: il n’est plus nécessaire de prendre son temps à bien écrire, à travailler un sujet quand noyer d’infos aux titres vendeurs permet de générer l’audience. Pas une émission, pas un site de masse ne vit sans sa publicité, la fameuse "contrainte économique". Conséquence, le temps de présence de l’internaute dédié à la lecture d’un article ne compte pas: il suffit de générer du trafic. Même schéma à la télévision: moins d’images, moins de sujets de fond, place aux discussions de comptoir toujours en boucle sur les même sujets avec comme caution d’expertise, la sacro-sainte statistique sur laquelle s’appuie les nombreux sites de paris sportifs dont les spots publicitaires viennent ponctuer la plupart des émissions.

 

Souvenez-vous l’excellent reportage sur les conséquences du dopage de l’équipe algérienne dans le Canal Football Club. Qui a poursuivi le travail? Combien d’articles à ce sujet? Dans l’émission, après un malaise sur le plateau, aucune analyse, un joli renvoi aux vingt-deux mètres avant de passer à des sujets plus futiles.

 

Le temps de cerveau disponible, philosophie d’un homme vendeur de médiocrité à la télévision devenu président de club. Tout un symbole. Car s’il est une certitude, c’est que le football n’est plus un sport, une passion, il est devenu une industrie du spectacle dans laquelle les médias semblent désormais réduits à assurer la promotion de ses blockbusters.

 

Réactions

  • osvaldo piazzolla le 26/04/2012 à 02h09
    juste un petit détail : s'il s'agit d'un document de 2009, le "rapport" de franck rebillard dont le titre, cité dans l'article, est celui d'un projet ANR, est probablement un texte de "projet de recherche" plutôt qu'un "rapport d'activité", dans la mesure où le projet en question a commencé en 2009 (si j'ai bien compris).

  • le Bleu le 26/04/2012 à 11h34
    Je trouve que l'article tape à côté.

    D'abord, la tronche des footballeurs sur les yaourts, ça existait déjà lors de la Coupe du Monde 78.
    Le merchandising autour du foot, ça date des années 60. Ca fait très longtemps qu'on dit que le football est un commerce, que les enjeux économiques priment sur le reste. Depuis le professionalisme peut-être.


    Ensuite, pour revenir à Internet, l'IDEE même d'Internet à la base, c'est de justement ne PAS se limiter à 6 sites d'information...
    Tous les matchs du monde entier en streaming, c'est quelque chose dont on n'aurait jamais osé rêver il y a 30 ans, et à peine il y a 10 ans.

    J'ai pu voir du foot azéri, albanais, indien, chinois, uruguayen, tunisien, costaricien, autrichien.
    Tout ça, dans mon enfance, je n'aurais jamais pu l'imaginer.

    Sincèrement, est-ce que la hiérarchie de l'information foot des grands médias était vraiment si différente autrefois ? Je n'ai pas vécu cette époque, j'ai commencé le foot en 98. Faire cette étude statistique sur le média d'aujourd'hui c'est bien, mais ça n'a de sens, en évoquant le Dynamo Kiev ou Maradona, qu'en faisant la même étude sur l'Equipe ou France Football des années 80.
    Sinon, on peut toujours rejeter la conclusion en invoquant un biais de perception de l'enfance.

    Est-ce que le Dynamo 86 n'a pas un équivalent aujourd'hui dans par exemple le Bilbao de Bielsa ?

    Evidemment, si on met en rapport la réalité d'adulte et le "rêve d'enfance", par définition, le rêve sort toujours gagnant.

    Ce qui est différent, c'est qu'Internet permet de voir tous les à-côtés qui étaient autrefois inaccessibles ou très difficilement.

    Les "grands médias" ne sont plus si grands que ça. TF1 autrefois hégémonique se donne des grands airs, mais ses parts de marché sont grignotées depuis 15 ans par le câble et le satellite. Ses luttes sur la TNT, la pub de France TV, sont celles d'une bête aux abois.

    Le seul truc, c'est qu'il faut être curieux. Curieux et éveillé comme l'est l'auteur de l'article.

    Je pense qu'un gamin en 86 peu curieux, Blokhine, il s'en fout. Ce qui l'intéresse, c'est Bordeaux ou Monaco.
    Comme aujourd'hui le gamin peu curieux s'en fichera de Bilbao, il veut du Barça et du Léoméssi.

    Le gamin curieux a-t-il disparu ? Je ne sais pas. Mais dans tous les cas ce n'est pas une question de médias mais d'instruction. Internet ne se maîtrise pas si l'on a pas les outils intellectuels pour ça. Le monde est ce que l'on en fait.

  • Gilou le 26/04/2012 à 12h18
    C'est vrai que la liste des sites étudiés est trop selective, il y a de nombreuses autres sources, parfois moins "officielle" qui permettent de se rassasier de foot de tous horizons.
    Après j'aimerai bien savoir quels sont les médias rangés dans la catégoriedes "puissants financièrement". A mon avis tout cela est très relatif

  • la rédaction le 26/04/2012 à 12h38
    L'échantillon retenu aurait pu ajouter ou soustraire certains sites, mais il peut tout de même prétendre représenter les sites d'information "mainstream" - excluant de facto les sites plus pointus (tels Lucarne Opposée et bien d'autres) qui ont une visibilité et une audience infiniment plus limitée.

    Le propos de l'article et de cette étude forcément partielle, qui propose une "photographie" du paysage un jour donné, est d'illustrer la concentration et la redondance des sujets couverts. La disponibilité d'une offre alternative, bienfait évident de la diversification des sources sur Internet, ne doit pas occulter un accès très limité à ces sources qui proposent un traitement certes différent, mais très marginal.

    Comme à d'autres moment de "libéralisation" ou d'ouverture des médias (cf. l'exemple de la bande FM il y a une trentaine d'années), les bénéfices restent très limités dans la mesure où rien ne vient vraiment entamer la domination des médias généralistes et de leur traitement ultra-concentré et "imitatif" de l'information.

  • José-Mickaël le 26/04/2012 à 17h07
    le Bleu
    aujourd'hui à 11h34
    > Sincèrement, est-ce que la hiérarchie de l'information foot des grands médias était vraiment si différente autrefois ?

    Justement, l'article dit que ça n'a pas changé : toujours les mêmes titres sur le championnat, la C1 ou l'équipe de France. Mais j'approuve ce que tu dis plus haut (il suffit de ne pas se cantonner aux mêmes sites).

    > Est-ce que le Dynamo 86 n'a pas un équivalent aujourd'hui dans par exemple le Bilbao de Bielsa ?

    Je n'ai jamais revu d'équivalent. L'Ajax de 95-96 était superbe, le Barcelone actuel n'est pas moche non plus (mais manque de percussion je trouve), mais le Kiev de 1986 (ou l'URSS) était génial à la fois en attaque et en défense. Les buts pouvaient être des chefs-d'oeuvre collectifs, comme l'un des trois buts de la finale, qui ressemble à l' "essai du bout du Monde" des rugbymen, aussi bien que des exploits individuels, avec les missiles de Rats notamment. En défense, c'était un pressing de zone permanent : un adversaire portant le ballon avait systématiquement deux Ukrainiens sur le dos. Je me souviens : il y en a un qui venait de la gauche et l'autre de la droite, et si l'adversaire faisait une passe latérale, encore deux kiéviens devant lui, comme si Kiev jouait à 15 ou 16. On aurait dit une leçon de tableau noir vivante (pareil pour la disposition en losange, qui se voyait à la télé comme le nez au milieu de la figure). Pour moi c'est un phénomène unique.

    Si on compare à Barcelone. Barcelone a une certaine habileté collective, mais surtout en passes courtes, de sorte que le dernier geste, celui qui fait la décisions, vient souvent individuellement, par un slalom de Messi par exemple. En fait, je dirais que c'est le Barlcelone d'il y a trois ou quatre ans qui ressemble le plus à Kiev collectivement (celui du temps d'Eto'o). Mais il manque la défense. En fait, ce Dynamo Kiev était un peu un mix entre l'attaque de Barcelone et la défense du Milan de 1995. Bref, le "best of" du football total...

    > Je pense qu'un gamin en 86 peu curieux, Blokhine, il s'en fout.

    Ça dépend. La finale de 1986 m'avait fait une impression historique (ma plus grande émotion de foot hors équipe de France), amplifiée par le URSS-Hongrie de la coupe du Monde, et depuis je rêve de revoir un tel football - et c'est pour ça que je continue à regarder du foot (de moins en moins quand même). Je pense que c'est comparable à la génération Th. Roland qui doit regretter de ne pas avoir vu plus de matchs de la Hongrie des années 1950.

  • le Bleu le 26/04/2012 à 18h23
    la rédaction
    aujourd'hui à 12h38
    La disponibilité d'une offre alternative, bienfait évident de la diversification des sources sur Internet, ne doit pas occulter un accès très limité à ces sources qui proposent un traitement certes différent, mais très marginal.
    ---
    Que signifie "accès très limité" ?

  • la rédaction le 26/04/2012 à 21h20
    L'expression est impropre: plutôt la probabilité d'y accéder, définie par plusieurs facteurs comme la notoriété initiale, la "visibilité" (sur Internet au travers du référencement notamment), l'accès aux réseaux professionnels (avec ou non la possibilité d'être relayé par les gros copains, par exemple), l'allocation de moyens de production et de publicité (capacité d'investissement ou d'obtention de financements), etc.

    Sachant qu'en amont, il a y tout ce qui tend à réduire la curiosité des publics à des sujets commercialement viables (cf. l'article) et à un traitement conventionnel, et donc à limiter les chances de cultiver l'intérêt pour une approche qu'on pourrait espérer plus diverse, plus créative, elle-même plus curieuse.

  • le Bleu le 26/04/2012 à 23h11
    OK merci.

La revue des Cahiers du football