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Les deux moments de Mladen Petric

Mladen Petric vient d'annoncer, à trente-cinq ans, la fin de sa carrière. Si la Croatie a produit des attaquants plus notables, son parcours aura été marqué par deux coups d'éclat mémorables… 

Auteur : Sébastien Banse le 23 Juil 2016

 

 

New Wembley, novembre 2007. L’Angleterre reçoit la Croatie lors du dernier match des qualifications pour l’Euro. Si les joueurs des Balkans ont déjà leur billet en poche avant la rencontre, il en va autrement pour les Anglais, qui n’ont que deux points d’avance sur la Russie. Leur soirée commence de la pire des manières : au bout d’un quart d’heure, ils sont menés deux à zéro. À la mi-temps, les Anglais sont éliminés.

 

Mais ces derniers ne se résignent pas et obtiennent un penalty, dès la reprise, que Lampard convertit. Les Britanniques se souviennent alors qu’à l’Euro 2004, c’est ce même Lampard qui avait marqué le but du break face à cette même Croatie, à dix minutes de la fin d’un match couperet… Ils redoublent leurs efforts: six minutes plus tard, Peter Crouch volleye dans le but un centre de David Beckham. 2-2. L’Angleterre est qualifiée, à condition de tenir le score. Les Croates pourraient s’en contenter… Sous la direction de leur capitaine Darijo Srna, ils continuent d’attaquer.

 

 

 

 

Première croate

À la 69e minute, Mladen Petric rentre en jeu. Petric n’a pas participé à la Coupe du monde 2006, barré par une abondance de talent dans le secteur offensif. Mais lorsque Sven Bilic a pris ses fonctions de sélectionneur, il a choisi de rappeler l’attaquant pour le début de cette campagne de qualification, et Petric a marqué un quadruplé contre Andorre en octobre. Bilic décide de lui offrir, en même temps qu’à Danijel Pranjic, les vingt dernières minutes de jeu. Il n’en faut que huit aux remplaçants pour récompenser l’entraîneur de son intuition: Pranjic accélère sur le côté gauche et glisse la balle dans l’axe à Petric, qui voit l’angle ouvert entre deux défenseurs. Il n’hésite pas. À vingt mètres, il déclenche une frappe soudaine du pied gauche. Le ballon traverse la surface, rebondit devant la ligne et finit sa course dans le petit filet du gardien anglais, qui ne peut que l’effleurer.

 

Petric laisse éclater sa joie dans un grand silence : son but offre à la Croatie sa toute première victoire sur l'Angleterre en compétition. Il élimine aussi les joueurs britanniques de la course au Championnat d’Europe. Ils n’en avaient plus manqué une seule édition depuis 1984… À la fin du temps réglementaire, les Anglais, beaux joueurs, proposent à leur vainqueur du soir d’échanger son maillot. Petric décline l’offre: "C’est le but le plus important de ma carrière, le meilleur que j’aie jamais marqué. Ce maillot, je veux le garder pour moi".

 

Des buts, Petric en marqua d’autres pour ses différents clubs, le Hambourg SV ou le FC Bâle. C’est même sous le maillot du club suisse que Petric réussit, en 2006, son plus beau coup d’éclat. Le 23 novembre de cette année, l’AS Nancy Lorraine se déplace à Bâle pour un match de Coupe d’Europe.

 

 

Balle de match pour Nancy

Les Suisses ont un besoin urgent de points : ils n’en ont pris qu’un seul en deux matches de poule. Les Français ouvrent le score à la demi-heure de jeu, par Kim. 0-1. Leurs adversaires égalisent sur le coup d’envoi, seulement pour concéder un nouveau but aux visiteurs une minute plus tard ! 1-2. En deuxième période, Sterjovski permet aux Suisses de recoller au score. 2-2. Insuffisant pour Bâle, qui continue de presser et se découvre.

 

Dans les arrêts de jeu, les Lorrains récupèrent le ballon et lancent un contre à trois joueurs. Issar Dia se présente seul devant Franco Costanzo, le gardien de Bâle, s'ouvre le but d'un crochet. Dans un geste de désespoir, Costanzo se jette dans les pieds de l'attaquant, qui s’écroule. Penalty. Nancy a une balle de match. L’arbitre n’a d’autre choix que de donner un carton rouge au portier de Bâle, qui doit quitter le terrain. Mais le match est dans le temps additionnel, et les Helvètes ont épuisé leur quota de remplacements! Il faut pourtant que quelqu’un aille dans les buts. Petric s’avance. Costanzo lui tend ses gants.

 

Tandis que l’attaquant se prépare, Costanzo lui parle, d'abondance. On peut seulement deviner les conseils qu’il lui prodigue. Probablement les mêmes que ceux que Mark Crossley confiait, en 2002, aux lecteurs des pages sport du Guardian: "Je sais que ça a l’air évident, mais soyez sûr de toujours plonger. Dans le passé, j’ai été tenté de rester debout au centre en espérant que le joueur tirerait droit devant lui. J’ai essayé une fois, au cours d’un match contre Leicester City, à une période où Matt Elliott avait pris pour habitude de les tirer en force. Lorsqu’il a marqué en tirant sur un côté, j’ai regretté de ne pas avoir au moins plongé. De cette manière, même s’il le tire au centre, il y a encore une chance que le ballon soit détourné par votre jambe". [1]

 

 

Dernière chance

L’arbitre interrompt. Il faut aussi revêtir le maillot de gardien de but. Costanzo l’enlève, le tend à Petric. Il est un peu grand. Les gants aussi sans doute. Il faut les mettre tout de même. Costanzo parle toujours: "Faites confiance à votre instinct", suggérait Crossley. "Si je fais face à un droitier, je pars généralement sur ma gauche, et l’inverse si c’est un gaucher. Si mon instinct me disait de partir de l’autre côté malgré tout, je le suivrais." L’arbitre revient, demande au gardien de partir. Le tireur est prêt. Costanzo se tourne, fait quelques pas en direction de la touche... et revient vers Petric, lui glisse encore quelque chose à l’oreille. "Il faut se souvenir que c’est sur le tireur, plutôt que sur le gardien de but, que s’exerce la pression."

 

Petric hoche la tête, finit d’attacher le deuxième gant. Le jeu est arrêté depuis plus de trois minutes. Avant de quitter définitivement le terrain, Costanzo vient d’accomplir son dernier geste de gardien. En revenant une fois de plus vers son remplaçant de circonstance, il a appliqué l’ultime conseil de Crossley: "Vous pouvez essayer de faire en sorte d’augmenter cette pression, en retardant aussi longtemps que possible l'exécution du penalty". Cette fois-ci, il ne reste que deux hommes dans la surface : Michaël Chrétien, vainqueur de la Coupe de la Ligue avec Nancy, international marocain sous le nom de Michaël Basser, le nom de son père. En face, Petric, dans son maillot au nom d’un autre joueur.

 

La frappe de Chrétien aurait suffi si le Croate n’avait pas choisi le bon côté. Le ballon frappe sa main, rebondit. Chrétien poursuit sa course. Trop tard: d’un bond, Petric s’est couché sur le ballon et le serre précieusement contre lui. Il ne reste que quelques secondes à jouer. Chrétien porte les mains à son visage. La dernière chance de son équipe vient de passer. Lorsque Petric se relève pour dégager le ballon, le plus loin possible sur la pelouse du Parc Saint-Jacques, on serait tenté de croire que le maillot de Costanzo ne flotte plus autant sur ses épaules. Celui-ci également, Petric l’aura gardé.


[1] Crossley connaissait bien son sujet. Lorsque Matthew Le Tissier prit sa retraite, en 2002, Crossley devint officiellement le seul gardien de but à avoir arrêté un penalty du joueur de Southampton. Au cours de sa carrière, Le Tissier, le héros des Saints, aura transformé ses 54 autres tentatives. "J’étais dans les buts de Nottingham Forest et il menait l’attaque de Southampton. J’ai eu le sentiment, avant qu’il ne tire, qu’il fallait que je parte à droite et je me suis dit d’attendre le plus longtemps possible avant de plonger, pour me laisser le temps de faire un bon arrêt s’il la mettait de ce côté... Cela nous a permis de gagner 2-1, chez eux."
 

Réactions

  • Sens de la dérision le 24/07/2016 à 07h29
    Pour revoir le penalty, lien

  • Tonton Danijel le 24/07/2016 à 18h51
    Chrétien a quand même très mal tiré son péno... Dans les gardiens d'un jour, le roumain Cosmin Moti a fait encore plus fort avec le Ludogorets Razgrad en barrage de ligue des champions: amené à remplacer son gardien expulsé à la dernière minute des prolongations, le défenseur central va réussir à arrêter deux tirs au but et à qualifier son équipe contre le Steaua Bucarest...

  • Grosskeutz le 25/07/2016 à 11h36
    De mémoire, il me semble que Dia voulait tirer le péno. Mais Correa avait refusé en rappelant que Chrétien était le tireur attitré. Après le match le Pablo avait déclaré qu'il n’empêcherait plus jamais un joueur de tirer un péno...

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