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Les Bleus au risque de l'arrogance

La double victoire en Coupe du monde et au championnat d'Europe place l'équipe de France dans une situation totalement inédite au cours de son histoire. Elle a ses bons côtés, mais comporte aussi quelques dangers...
Auteur : Julie Grémillon le 22 Août 2000

 

Dans l'ère moderne, l'équipe nationale avait surtout entretenu l'image d'une nation brillante et sympathique qui avait l'élégance de s'effacer devant les grandes consécrations (CM 82 et 86). Pour les ogres comme l'Italie, l'Angleterre ou l'Allemagne, cette incapacité à finir le travail était la marque d'une infériorité congénitale et l'assurance de victoires tranquilles. Aujourd'hui, tout s'inverse, et les Bleus doivent assumer un nouveau statut.

C'est sûr, ils vont nous détester
Le spectaculaire retournement du destin des Bleus implique une image totalement différente auprès de ses voisins et rivaux sportifs. Avant l'Euro 2000, on avait encore pu sentir le relatif mépris envers les Tricolores, victorieux "par hasard" du Mondial 98 et de toute façon incapables de remporter un titre majeur loin de chez eux (discours tenu en France aussi, par des gens comme Bruno Gaccio, Rolland Courbis ou certains experts déchus de L'Equipe). Les bookmakers anglais indiquaient une cote très quelconque, qui s'inversa rapidement dès les premiers matches de la compétition mais qui montrait que malgré le 12 juillet, la sélection n'était pas encore tout à fait prise au sérieux.

Les réactions italiennes immédiatement après la finale de Rotterdam comptèrent parmi les premiers signes d'un changement significatif.. Ainsi des joueurs eux-mêmes, dont certains reprochèrent le manque de sportivité de leurs adversaires, coupables de ne pas être venu saluer les vaincus, ou des commentateurs qui cherchent encore les 4 minutes d'arrêts de jeu, comme si cela excusait la squadra d'avoir pris un but aussi invraisemblable, 10 secondes après les "olé, olé" soulevés par les passes italiennes! Ce lamento est d'une immense ironie, et nous seuls pouvons la savourer totalement: après des années de condescendance transalpine (via les clubs), de victoires "à l'italienne", de coups de chance ou de Trafalgar. Nous avons donc accueilli ces pleurnicheries en souriant, non sans reconnaître le ton geignard qui avait accompagné de ce côté des Alpes nos propres parcours de losers.

Avant d'être consacrés de la façon que l'on sait, bon nombre des internationaux français avaient pu essuyer le chambrage très rude des Italiens au sein des clubs qu'ils avaient intégrés (voire pour certains le racisme des supporters): nos voisins romains, turinois ou milanais devraient s'en souvenir et ne pas s'étonner que la roue tourne pour tout le monde (nous avons eu notre lot de Séville 82 ou Bulgarie 93). D'ailleurs, c'est bien ce que nous devons désormais craindre d'une squadra azzurra qui ne nous a plus battus depuis deux décennies de matches officiels.
Les victoires françaises ont un effet souvent positif, comme le respect réel désormais suscité par les Bleus, ou le plaisir d'entendre à Nuremberg un public d'enfants ovationner le maillot bleu de la sélection junior, elle aussi championne d'Europe... Mais elles provoquent aussi un ressentiment proportionnel chez les supporters de tous les pays, qui n'ont pas fini de stigmatiser notre arrogance (notons que tout pays considère son voisin comme arrogant, c'est la loi du genre). La chance insolente en laquelle ils voient la seule raison de nos succès, l'assurance tranquille des joueurs, notre joie parfois revancharde ont peu de chances de s'attirer la sympathie. La voracité de la sélection est d'ailleurs étonnante, comme à Marseille contre une sélection mondiale dévorée sans scrupules... Les antipathies seront vives, mais après tout c'est un prix raisonnable à payer et personne ne se plaindra.

Comment survivre à la gloire?
L'équipe de France est donc dorénavant observée, attendue et jalousée, plus encore que lors des exercices 98/2000 durant lesquels elle avait dû suivre son parcours qualificatif pour l'Euro. Aussi devra-t-elle prendre garde à quelques écueils dont elle n'a pas forcément l'expérience.
Les deux saisons de matches amicaux avant le Mondial asiatique n'ont pas grand-chose à voir avec la période qui avait précédé l'édition 2002. Sur les bases de son Euro anglais, l'équipe d'Aimé Jacquet était en construction, connaissait plus de doutes et que de certitudes, subissait plus de critiques que de louanges, au contraire d'aujourd'hui. On se rappelle que le Brésil tenant du titre précédent s'était considérablement dispersé avec une tournée mondiale orchestrée par Nike, et avait finalement souffert de son statut d'ultra-favori. Le déplacement prévu en Afrique du Sud (octobre), les tournées en Amérique du Sud (mars) et en Corée et au Japon (juin) soulignent les risques de dispersion. Les esprits inquiets font remarquer d'autre part que la transition sera retardée jusqu'au 2 septembre, le groupe des 22 étant invité à effectuer un second tour d'honneur au Stade de France. Espérons que la saison 2001/02 soit plus nettement centrée sur le sport que sur les relations publiques.

Le groupe avait survécu à sa consécration mondiale, certains joueurs connaissant une saison difficile avant de revenir au plus haut niveau. La "digestion" du titre européen sera au moins aussi problématique, les stars se retrouvant projetés encore plus sous les feux de la rampe, au sein des plus grands clubs. Les tentations égocentriques seront à leur comble, et le risque existe d'une dérive individualiste, renforcé par le départ de Laurent Blanc et celui (à confirmer) de Didier Deschamps. Car il faudra que la volonté, le collectif et les valeurs qui ont fait la force de cette équipe soient préservés pour lui éviter un déclin précoce dès 2002.
Les droits de télévision des matches de l'équipe de France ont été renégociés à hauteur d'un milliard de francs sur quatre ans; Jean-Claude Darmon, dont la société commercialise l'image de la sélection, a annoncé son objectif de multiplier les partenariats; les champions du monde et d'Europe répondent à nombre considérable de sollicitations... Espérons simplement qu'ils parviennent à gérer sans dommages sportifs leurs nouveaux métiers. En tout cas, Roger Lemerre aura à contrôler une situation sensiblement transformée.

Ces quelques soucis ne devraient cependant pas remettre en cause l'optimisme justifié que suscite l'équipe de France, qui semble pouvoir se remettre toujours sur les bons rails à l'approche des échéances. Et puis contre l'Angleterre (septembre), l'Allemagne (février) et le Portugal (avril), la concentration devrait revenir toute seule.

Réactions

  • gilliatt le 24/08/2000 à 00h00
    Que les autres pays (Italie, Portugal, Espagne et j'en oublie) fassent preuve d'une mauvaise foi constante vis-àvis de l'Equipe de France n'a rien d'etonnant: les Bleus remplacent tout simplement la séléction allemande dans le coeur de l'Europe footballistique comme "étant la sélection arrogante qui s'en sort toujours grâce à son mental et une énorme chance". Plus étonnant sont les commentaires de certains de nos compatriotes (cf. le courrier des lecteurs deL'Equipe-mag et France Football)fustigeant cette prétendue arrogance des Français (ils devraient faire un tour en Premier League voir si j'y suis , et si Vieira y est toujours par la même occasion)le pénalty "scandaleux" contre le Portugal (c'est vrai que les clubs portugais n'ont jamais eu cette chance, n'est-ce-pas Vata?)et autres arguments forts compréhensifs s'ils étaient venus d'é lien
    Il faut voir à cette permanente insatisfaction un syndrome bien français: à force de ne pas gagner, on se persuade que les meilleurs sont forcément meilleurs que nous, et que ce qui est fait en France est forcémént moins lien sûr! c'est pour ça que nos centres de formation sont régulièrement pillés par les autres clubs européens, que nos équipes de jeunes trustent les titres continentaux et que l'Equipe de France, quoi qu'on en dise, EST ACTUELLEMENT LA MEILLEURE DU MONDE, tout ça c'est parce qu'on est + mauvais que les autres. Entre Cantona persuadé que les Anglais sont les meilleurs (ce que même K. Keegan ne pense +) et tel chroniqueur de vos confrères de Football 365 persuadé qu'on devrait copier sur les centres de formation anglais qui réussissent à garder leurs jeunes (il ne lui est jamais venu à l'idée que c'était peut-être parce que leurs jeunes étaient simplement moins bien formés qu'ailleurs, comme en témoigna Lineker lui-même?)certains nourrissent ce complexe d'infériorité qui n'a plus lieu d'être.

    Et ouais, les gars (et les filles) , il vous faudra vous habituer à cette France qui gagne.



  • Le Radical le 25/08/2000 à 00h00
    Je suis tout à fait d'accord avec votre
    analyse quant au renouvellement du groupe
    et à la concentration sur le côté sportif
    Comment vont-ils gérer cet héritage, cette
    culture du haut niveau, fortifier les
    ingrédients qui ont permis de glaner ces
    deux titres consécutifs.
    Comment faire pour avoir la même qualité
    de jeu au niveau des lignes et pourquoi
    pas l'améliorer.
    Je pense que les Dalmat, Luccin, Djetou,
    Makélé et j'en passe peuvent encore
    augmenter la qualité de jeu de cette EDF
    Ma seul intérrogation est le poste de
    Libéro qui je pense devrait revenir à Marcel
    avec Lilian en stoppeur.
    Vu l'importance du poste, Christanval me
    parait pas encore prêt en terme d'expérience
    et d'assurance pour toute l'équipe.

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