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Les benêts du culte

Les réactions à l'élimination des Tricolores trahissent une conception du football qui a basculé dans un goût immodéré et irréaliste de la victoire, au mépris de l'adversaire et de la logique sportive.
Auteur : Eugène Santa le 11 Juin 2002

 

S’il est une chose insupportable dans les commentaires et les analyses a posteriori des compétitions internationales, c’est bien le culte de la victoire qu'elles révèlent. Malgré les métaphores plus que douteuses dont usent et abusent les fins analystes, le sport n’est pas la guerre: la défaite n’a rien de tragique et la victoire n’a rien d’écrasant. Plutôt que de perdre son temps en vaines recherches de responsabilités, pourquoi ne pas admettre la première des vérités: lors de ce Mondial 2002, l’Equipe de France est tombée sur plus fort qu’elle.


Perdre fait encore partie du jeu
Quand on entend ou qu’on lit les multiples réactions après l’élimination de l’Equipe de France, on est tenté de se dire que, finalement, les deux titres de 1998 et 2000 ont un revers de médaille bien encombrant. Car en gagnant les deux dernières grandes compétitions auxquelles ils ont participé, les Bleus ont semble-t-il créé une addiction à la victoire un peu malsaine chez les amateurs (plus ou moins fervents) de ballon rond.
Si la France a perdu il faut se rappeler que d’autres n’ont même pas eu le plaisir de voir leurs favoris fouler les pelouses du Japon et de Corée. Bien sûr, la frustration est belle et bien présente de ne pas avoir assisté à des matches de grande qualité, mais le football a cela de plaisant qu’on ne sait jamais de quoi il sera fait. Il faut se dire surtout que l’élimination est un risque inhérent à une telle compétition et que le fait d’avoir gagné l’édition précédente ne donne pas automatiquement droit à un billet pour la finale de la suivante. C’est d’ailleurs le sens des déclarations de David Trezeguet hier, qui soulignait avec fatalisme mais sincérité qu’il fallait aussi savoir accepter ce genre de verdict.

Mais tout cela, les divers esprits critiques du petit monde footbalistique préfèrent le laisser de côté le temps d’exorciser leur ressentiment, plus ou moins directement, plus ou moins finement.


Le règne des nombrilistes
Partout, dans les rédactions, chez les supporters et même dans les émissions humoristiques, on entend parler de honte ou de déshonneur, après la contre-performance française en Corée.
Comme si les Bleus nous devaient quelque chose, alors qu’ils se devaient d’abord quelque chose à eux-mêmes. Mais surtout, ou est l’humiliation dans deux (courtes) défaites face au Danemark et au Sénégal, dans un match nul obtenu à dix contre onze, et en dominant tout le match face à l’Uruguay? Par ailleurs, on entend systématiquement parler de débâcle de nos héros, mais jamais ou presque de la belle performance de nos deux tombeurs. Curieuse façon d’aborder les choses. Et quel mépris ouvertement affiché pour nos adversaires! Comme si les Nordiques étaient de simples faire-valoir et les Africains de sympathiques sparring-partners! C’est oublier que le collectif danois est apparu particulièrement bien huilé, au moins lors de son premier et de son dernier match, et que quelques-uns de ses joueurs sont de remarquables buteurs (Sand, Tomason) ou manieurs de ballon (Gronkjaer par exemple). C’est oublier l’enthousiasme et la force de percussion des vice-champions d’Afrique. Mais que le Danemark et le Sénégal fassent deux beaux qualifiés pour le second tour semble n’intéresser qu’une part infime des suiveurs et des suivistes de la compétition.
Finalement, comment reprocher aux joueurs de manquer de respect au football quand on manque soi-même du plus élémentaire des égards qui est dû à notre sport favori, en voulant gommer ce qu’il a finalement de plus beau: l’incertitude du résultat?


Le retour des vieilles habitudes
Cette suffisance des observateurs vis-à-vis des adversaires vainqueurs de notre équipe nationale ne date cependant pas d’hier. En 1994, déjà, un sélectionneur avait fait les frais de la "honte" consécutive au piètre final des qualifications pour la World Cup. Gérard Houllier avait à l’époque été mis au pilori pour son coaching prétendument défectueux d’une équipe de star (Papin et Cantona entre autres…). Déjà, l’élimination par la Suède et la Bulgarie avait été considérée comme une "humiliation" (comme le rappelait hier encore Vincent Hardy dans "Tous ensemble"). Il est évident que se faire sortir par l’Allemagne ou l’Italie aurait eu plus de cachet, hier comme aujourd’hui. Et pourtant, dans les deux cas, c’est faire preuve d’une méconnaissance totale du football: en 94, les deux équipes tombeuses des Bleus avaient finalement atteint le stade des demi-finales de la compétition américaine en proposant, comme lors des éliminatoires, un jeu particulièrement brillant. Nous ne présagerons pas des résultats futurs du Danemark et du Sénégal. Mais il y a fort à parier que ceux-ci offriront une opposition des plus ardues aux deux qualifiés du très relevé groupe F. En tout cas, on ne peut que leur souhaiter de faire aussi bien que leurs prédécesseurs suédois et bulgares.

Réactions

  • Eldayar le 11/06/2002 à 23h25
    Les danois sont toujours sympas à suivre, lors de la CM 98 ils nous avaient bien régalé contre le Nigéria et le Brésil. Je m'étais un peu inquiété par leur niveau redevenu moyen en 2000, mais ils ont manifestement bien géré la transition. Franchement, ils feraient de beaux quarts de finalistes, en regard de ce qui se passe dans cette coupe du monde, par contre le Sénégal n'est pas si fort que cela, même s'il a de la puissance physique et de la discipline, ça manque un peu d'animation devant (surtout qu'ils seront privés de Fadiga).

    Cela dit, quand un sélectionneur se "plante" même si la responsabilité ne retombe évidemment pas sur lui seul, comme pour Houllier en 94 ou Lemerre cette année, il est logique qu'il démissionne, comme l'avait fait Platini en 92, pour laisser un homme nouveau venir préparer la construction d'une nouvelle équipe. ça fait partie du renouvellement des cadres... et disons que cette fois-ci, comme en 94 et contrairement à 92, ma sensibilité footballistique s'accomoderait bien du respect de cette logique :-)

  • Buxroro le 12/06/2002 à 01h00
    En ce qui concerne le renouvellement des entraîneurs, il existe une référence intéressante, c'est le grand Ajax d'Amsterdam des années 70.
    Après avoir gagné une coupe des Champions, ils se sont payé le luxe de changer d'entraîneur et d'enchaîner l'année suivante par une nouvelle victoire.

    Il est bien plus courageux de changer d'entraîneur quand tout va bien. C'est ce qui s'est passé avec Jacquet en 98. C'est ce qui ne s'est pas passé avec Lemerre après l'Euro 2000.

    Les vertus d'un entraîneur résident bien entendu dans une compétence avérée et reconnue par des diplômes mais également par des qualités humaines autrement plus complexes à quantifier.
    Jacquet et Hidalgo étaient semble-t-il porteurs de ces compétences particulières. Lemerre, ancien militaire, en semblait assez éloigné.
    On ne peut fédérer un groupe humain uniquement sur la base de l'obéissance et de la discipline à fortiori dans un sport où la réaction rapide et l'originalité doivent trouver leur place dans un schéma organisé (même si cela a plutôt fonctionné en 2000).

    Enfin, last but not least, ces mêmes vertus doivent exister aussi chez les joueurs pour s'exprimer en adéquation avec ce que développe l'entraîneur.

    Que les donneurs de leçons qui critiquent au choix la paresse des joueurs (la vieille critique anti 68), leur âge (sont-ils eux-aussi vieux et usés ?), leur côté star (s'ils font vendre c'est que certains achètent), fassent amende honorable.

    Le futurs vainqueurs de la CM seront de grands sportifs mais surtout de êtres porteurs de vertus humaines remarquables. Par ces temps de retour à l'individualisme forcené, que subsitent quelques îlots où sont mises en avant les valeurs collectives, c'est plutôt une bonne nouvelle.

  • Peaudevache le 12/06/2002 à 01h56
    Je suis bien de votre avis, rien de grave, y'a pas mort d'homme. Un petit coup dans les dorures, ça ne fait pas de mal à ceux qui ont oublié à quel point il est difficile d'acquérir la constance. Et puis en accord avec la réaction précédente, bravo aux danois, petite nation qui joue à merveille son rôle de grain de sable (ou de folie) dans la mécanique sportive mondiale. Après tout ces braves danois accompagné de supporters modèles montrent de l'allant, de la tonicité, et dans chacune de leurs équipes, on trouve un ou deux bons tripoteurs de balle, depuis l'ami Simonsen. Surtout ils prennent les matchs comme ils viennent, sans calcul. Les sénégalais, s'ils sont potencielement au dessus par le feeling vont peut-être manquer de rigueur. Se faire remonter trois pions par un Uruguay hérisson est mauvais signe. Le relâchement, la facilité, ça gâche souvent le talent. Mais j'espère bien les voir loin encore, pourquoi pas aussi fous que le Cameroun de 90.
    L'EDF, c'est une génération en or qui s'est un peu ternie. Les lames sont émoussées, l'apétit n'est plus là sans doutes. Les journalistes tous média confondus vont se comporter comme la caste qu'ils sont finalement: chorus de critiques basées sur des "je l'avais écrit" (mais que n'as tu pas écrit ! tout et son contraire !).
    Là où j'aurais mes plus vives remarques c'est dans la fameuse gestion du groupe France... Le groupe, pour en connaître la vrai solidité (et donc la valeur) il faut l'éprouver dans la défaite, dans la contrariété et dans la crise. Et depuis disons 1996 et les prémices de ce qui serait le groupe champion du monde, pas vraiment de grosse tempête, pas de fessée, pas de déroute. Quelques ratages, France - Russie, Andore-France, mais à ces occasions peu ou pas de réelle agitation.
    Je crois qu'on va voir des egos surchauffés s'affronter sans fard dans les semaines qui viennent.
    Et pour la place de Roger le placide, on va voir grossir une liste délirante de candidats farfelus. J'attends ça presqu'autant que les vrais débuts de Malbranque, Ecker, Sagnol, Carrière (et d'autres) dans un 442 ou 352 enfin adapté aux serials buteurs sevrés de ballon depuis trois matchs.
    Allez, aujourd'hui je vais au bureau comme j'y suis allé le 15 juillet 98, et ce n'est ni plus facile ni plus pénible... Prochaine coupe du monde: Rugby, avec un beau 15 de France qui peut prétendre (modestement) à sa première étoile !
    Allez les Sénefs, allez le Costa Rica !!!

  • girondin le 12/06/2002 à 03h07
    Certes, la défaite des uns est toujours la victoire des autres et là ou il y a un perdant, il y a aussi un gagnant. Mais, s'il n'y a pas d'obligation de résultat, il y a quand même une obligation de moyens. C'est le gros reproche que l'on peut faire à cette équipe qui n'est pas tombé les armes à la main. On n'a senti une envie débordante défendre le titre.
    Après on peut toujours évoquer le nombre de matches, les calendrier ou comme Desailly le manque de matches de compétition...
    Trop de joueurs de cette équipe sont allés en Asie en ayant annoncé leur retraite internationale à l'issue de la coupe du monde, ça ressemblait à un voyage d'adieu, à une quille.

  • 2000 le 12/06/2002 à 03h09
    desole pour ceux qui doivent deja supporter mes sempiternelles analyses a la con sur le forum mais je vais me repeter : je vous trouve bien sympa avec Lemerre.

    Soyons serieux une seconde avec l'effectif de l'opposition et reconsiderons le notre je vous prie : le resultat obtenu avec celui-ci par l'entraineur de l'edf le met indiscutablement en cause. La preparation a ete mediocre et les erreurs de management innombrables (la plupart ayant par ailleurs ete evoquées dans ces colonnes).

    - toujours le meme 11 de depart et la meme tactique lors des matchs amicaux. Les experimentations auront lieu lors de la coupe du monde.
    - pas de plan b en cas d'absence de zidane
    - pas d'alternative tactique a un systeme de jeu lu et contré de la MEME maniere par tous nos adversaires depuis la russie (voir las roumani qui avait posé bien des tracas) : 5 milieux pour isoler notre 3-1 hors de portée de notre 4-2 (le 2 etant etouffé au mileu de terrain).
    - remplacer poste pour poste un zidane qui perd peu de ballons par un djorkaeff qui en perd trois fois plus ? Ca n'a pas de sens.
    - fidelité autiste a des champions du monde qui ne sont plus dans le coup (djorkaeff, leboeuf, dugarry) ou a cours de competition (boghossian, micoud). Pour les deux premiers, la carriere internationale s'acheve donc en eau de boudin ce qui leur apprendra a ne pas avoir eu la dignité de s'arreter a temps.
    - fidelité au detriment de joueurs valeureux et regulierement excellents lors des dernieres saisons (Lamouchi et carriere pour les absences les plus scandaleuses mais aussi, Sommeil, Marlet voir Cygan). Joueurs n'ayant rien gagné qui auraient certainement instillé une saine competition avec les notables de l'equipe assuré de leur titularisation

    - pas d'ecoute des considerations de joueurs sur les points suivants :
    - thuram qui prefere jouer dans l'axe : ce ne sera jamais essaye en amical mais en coupe du monde
    - trezeguet et henry qui demandent a jouer ensemble dans l'axe. quel selectionneur ne reverait d'une telle paire d'avant centre ?
    - quitte a prendre le risque de faire jouer djorkaeff, pourquoi ne pas le faire jouer comme il le prefere derriere les deux attaquants ?
    - Vieira court physiquement qui demande un troisieme milieu de terrain constantant le manque de compacité de l'equipe.

    On pretexte le manque de fraicheur de l'equipe mais cette excuse se retourne contre lui : cela aurait du etre pallier au niveau de la tactique. Et puis peut-etre que la preparation (pour etre au zenith lors des demi-finales) n'etait pas adaptée.

    Enfin si les francais ont manqué de combativité et d'orgueil c'est peut-etre aussi parec que l'entraineur leur a voué cette confiance aveugle (l'accord pour la venue des dames, les chroniques ed machion ou bidule pour SFR ou je ne sais qui) qui aujourd'hui se retourne contre tout le monde.

    Il a souvent dit qu'il etait la opur accompagner les champions du monde : il semble aujourd'hui qu'il aurait mieux fallu les encadrer.

  • Raul le 12/06/2002 à 03h47
    Non mais vous allez mettre qui à la place de Lemerre?
    Capello,fergusson ou Didier deschamps?ou bien rappeler mémé pour qu'il se lien avec Lemerre c'est un type intelligent qui assume ses choix jusqu'au bout et qui a quand meme fait gagner L'Euro à la meme équipe de France...avec Anelka et karembeu en plus!!!

  • CELTIC BHOY le 12/06/2002 à 04h22
    Moi, je n'en sais rien; ce que je sais, c'est que j'aime bien cet article en tout cas ! :-)))))

  • Buxroro le 12/06/2002 à 04h47
    Vous auriez pu titrer : "Les derniers du culte".

  • magnus le 12/06/2002 à 05h41
    Bravo à l'article des cahiers, chuis pas en france en ce moment mais j'imagine bien les médias extra-sportifs qui vont ressasser cette élimination pendant des mois comme si c'était une honte. par contre, il y avait vraiment de quoi avoir honte en 93: il restait 2 matchs au Parc à jouer, et un point à glaner pour se qualifier. Plutôt que de parler de la Bulgarie et de la Suède (qui effectivement m'avaient donné du plaisir en 94, non je me suis pas touché sur les joueurs non plus), il aurait fallu mentionner France-Israël.

    Moi je concorde en tous points avec 2000, d'autant que je pensais la même chose bien avant le début de la compét' (toi aussi 2000 je pense). Lemerre a tout simplement fait la même erreur que le sélectionneur italien Bearzot en 86, qui avait fait confiance au bloc champion du monde en 82. Résultat: élimination contre la France en 1/8eme de finale, 2-0. Il est dur de changer quand on a une équipe qui gagne, mais quand on refuse le changement, faut pas s'étonner de ce qui arrive ensuite.

    Maintenant, quand on voit ce qu'a accompli l'équipe de france en 4 ans, c'est tout de même beau, qui l'aurait dit en 97? On peut pas toujours gagner, ni avoir la chance avec soi (but en or, séances de tirs au but, égalisation à la 93eme...). Je pense que le nécéssaire changement passe par un renouvellement des cadres qu'ils soient joueurs ou sélectionneur.

  • Vicky le 12/06/2002 à 06h18
    Vous écrivez "Mais surtout, ou est l’humiliation dans deux (courtes) défaites face au Danemark et au Sénégal, dans un match nul obtenu à dix contre onze, et en dominant tout le match face à l’Uruguay?" Là, je ne suis pas d'accord. Ce sont de très bonnes équipes qui méritent le respect, mais si l'Equipe de France, avec ses individualités, Zidane , Vieira, et les 3 meilleurs buteurs de 3 grands championnats, avait joué à son niveau, elle les aurait battues sans problème. Terminer dernier d'un tel groupe est anormal.

La revue des Cahiers du football