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Les 5 matches qui ont fait le football iranien

Le football iranien a souvent croisé le chemin de l\'histoire mondiale, et certaines rencontres de son équipe nationale ont eu une portée bien au-delà du terrain...

Auteur : Thomas Fourquet le 7 Août 2012

 

 

1. Afghanistan-Iran (0-0), 25 août 1941

25 août 1941: l'Europe est à feu et à sang. La quatrième division de Panzers fonce sur Leningrad. Après avoir victorieusement résisté aux attaques de la Luftwaffe, le Royaume-Uni a dû évacuer la Crète et se trouve seul face à un Reich qui domine désormais toute l'Europe. Pendant ce temps, l'équipe d'Iran (Team Melli) joue son premier match international, une aimable partie de pousse-ballon contre l'Afghanistan disputée à Kaboul. Il ne reste pas grand-chose de cette partie un peu irréelle, perdue au milieu des combats qui font rage en Europe et en Asie.

 

L'Iran est resté officiellement neutre, mais la proximité ancienne du régime de Rezâ Châh et l'importance des liens économiques avec l'Allemagne font craindre aux Alliés un basculement aux côtés de l'Axe, qui livrerait les raffineries pétrolières d'Abadan aux Allemands. Britanniques et Soviétiques décident donc une invasion conjointe (les premiers par le Sud, les seconds par le Caucase), lancée... le 25 août 1941. Prise en kébab, l'armée iranienne capitule en trois semaines. En rentrant chez eux, les joueurs – des militaires pour la plupart – découvrent un pays sous occupation, dont le souverain a été envoyé en exil.

 

 

 

2. Iran-Écosse (1-1), 6 juillet 1978

Les années 70 sont une première décennie faste pour le football iranien, qui remporte trois Coupes d'Asie de suite en 1968, 1972 et 1976. La scène continentale devient trop étroite pour une équipe qui compte désormais de bons joueurs, grâce à la création en 1973 d'un véritable championnat national, rapidement dominé par deux clubs de Téhéran: Tadj (rebaptisé Esteghlal après la Révolution), proche du régime, et Shahin (devenu Persépolis), plus populaire. L'Iran s'urbanise massivement, ce qui favorise la constitution de groupes de supporters: le foot est en train de supplanter la lutte (varzech-e bâstâni), le véritable sport traditionnel pratiqué depuis des temps immémoriaux.

 

 

À ce Mundial argentin, la Team Melli est emmenée par son gardien Nasser Hedjazi, surnommé "Ostoureh" (la légende), qui joue à Tadj, et son petit milieu de terrain Ali Parvin ("Soltan"), qui évolue à Shahin. Avec le Pérou, l'Écosse et les Pays-Bas dans le groupe, les espoirs de qualification sont à peu près nuls. Après une défaite nette et sans bavure contre les Oranje (3-0), l'Iran affronte les Écossais de Gemmill et Dalglish. Ceux-ci se sont fait surprendre par le Pérou et doivent absolument gagner pour espérer une qualification. Le match est haché, les Iraniens jouant assez repliés contre un adversaire qui semble à court d'idées, et qui ne devra d'ailleurs l'ouverture du score qu'à la légendaire politesse persane: le défenseur Eskandarian, pressé par Joe Jordan, dégage le ballon dans son propre but. Pourtant, au lieu de se déliter, la Team Melli prend le jeu à son compte et bénéficie de longues plages de possession. À la 60e, Iradj Danaeifard récupère un mauvais renvoi sur le côté gauche, résiste à Gemmill et envoie un tir rasant dans un angle fermé. L'Iran tient son résultat.

 

Suivra une défaite 4-1 contre le Pérou (triplé de Cubillas). Le football iranien semble avoir gagné sa place sur la scène internationale. Cinq mois plus tard, c’est la Révolution: l’Iran devient un paria et s’enfonce dans une nuit de dix années, tandis que le football, ce sport occidental, produit des sociétés modernes, est relégué par les nouvelles autorités au rang de passe-temps tout juste toléré.

 

 

 

 

3. Iran-Australie, Melbourne (2-2), 28 novembre 1997

Une campagne de qualification heurtée envoie l'Iran en barrages contre l'Australie pour obtenir un billet à la Coupe du monde 1998. Lors du premier match, la Team Melli n'a pu faire mieux qu'un match nul 1-1 à domicile (Khodadad Azizi pour l'Iran, Kewell pour l'Australie). L'Iran est alors représenté par une deuxième génération dorée: les attaquants Khodadad Azizi et Ali Daei, le milieu Karim Bagheri jouent en Bundesliga (Cologne pour le premier, Arminia Bielefeld pour les autres). Mehdi Mahdavikia, un arrière/ailier droit rapide et adroit techniquement, rejoindra plus tard Bochum. En revanche, l'équipe manque d'expérience internationale, et dans un pays très porté vers un football technique et offensif, la défense n'est pas tout à fait à la hauteur. De fait, les Australiens se procurent occasion après occasion face à une défense mi-plots d’entraînement, mi-poulets sans tête et à la 32e, Kewell marque dans un angle fermé avant que Vidmar ne double la marque, profitant de l'incroyable passivité de la défense.

 

Les carottes sont cuites, d'autant que les Socceroos sont proches, à plusieurs reprises, d'ajouter un troisième but. Mais, inexplicablement, les Australiens laissent en fin de match le milieu iranien prendre le dessus et récupérer de plus en plus haut. L'intenable Azizi, sur le côté droit, profite de la lenteur des deux défenseurs australiens pour se relever et glisser le ballon en retrait, où attendent Bagheri et Daei. 2-1. Quelques minutes plus tard, c'est Daei qui envoie une passe merveilleusement calibrée à Azizi, parti dans le dos d'une défense alignée beaucoup trop haut. En quelques secondes qui semblent défiler au ralenti, Khodadad Azizi ralentit sa foulée, ouvre son pied droit et envoie soixante millions de personnes au paradis.

 

 

Le pays est secoué par une véritable explosion de joie. Les gens sortent de leur voiture, dansent dans les rues, fraternisent. Même le candidat à l'élection présidentielle Nategh-Nouri, un traditionaliste hostile au football, doit se résoudre à féliciter les vainqueurs. Pour comprendre ce que signifie cette victoire, il faut se rappeler que l'espace public, en Iran, est étroitement contrôlé. Les seules manifestations de masse autorisées depuis la Révolution sont les fêtes religieuses et les funérailles de dignitaires du régime. Bref, la qualification en Coupe du monde rend tout à coup licites des manifestations d'une joie spontanée qui prend la forme d'une petite revanche sur vingt années de répression et de frustration. C'est aussi un retour à la normalité, alors que le candidat réformateur à l'élection présidentielle, Mohammad Khatami, laisse espérer un assouplissement du régime. Symboliquement, en se qualifiant pour la Coupe du monde, l'Iran redevient une nation comme les autres. [vidéo: le résumé du match]

 

 

 

4. Iran-États-Unis, Lyon, 21 juin 1998

L'équipe nationale arrive en France avec la ferme intention de représenter le pays sous son meilleur jour: les joueurs font assaut de politesse et de disponibilité, et présentent à leurs adversaires… des bouquets de fleurs. Après une honorable défaite (1-0) contre la Yougoslavie, le choc contre le Grand Satan se profile. Mais l'heure est à la détente: Bill Clinton enregistre une courte déclaration pour vanter les mérites du sport comme moyen de rapprochement entre les peuples, tandis que Khatami débite des propos sur l’amitié entre les nations sans doute fort lénifiants, mais bienvenus dans ce contexte.

 

Le match, disputé dans un très bon esprit, ne restera pas dans les annales du jeu. À l'époque, l'équipe des Etats-Unis, emmenée par Claudio Reyna et le gardien Kasey Keller, est assez faible. C'est l'Iran qui ouvre le score, sur une belle tête d'Hamid Estili. Dès lors, la Team Melli se replie et attend tranquillement les occasions de contre-attaque. 84ème: AliDaei, à la hauteur de la ligne médiane et dos au but, résiste au défenseur et décale pour Mehdi Mahdavikia, qui déboule sur l'aile gauche et tire dans le petit filet opposé. Si le gardien Abedzadeh se troue sur un centre américain en toute fin de match, c'est Daei qui a manqué le break à deux reprises.

 

 

La défaite qui suit contre l'Allemagne (2-0) a peu d'importance: l'Iran a réalisé une énorme opération de prestige. Ses joueurs ont fait très bonne figure, sur le terrain et en dehors. Plusieurs d'entre eux rejoignent des clubs européens après la compétition, en particulier Mahdavikia, qui fera une carrière très honorable à Hambourg. [vidéo: les 15 dernières minutes du match]

 

 

 

5. Iran-Bahrein, Téhéran, 8 juin 2005

Au milieu des années 2000, l'Iran a peut-être l'équipe la plus forte de son histoire. Pas moins de six des titulaires jouent en Europe (il est vrai avec des fortunes diverses): Mahdavikia à Hambourg, Navidkia à Bochum, Hashemian à Hanovre96, Ali Karimi au Bayern, Fereydoun Zandi à Kaiserslautern, Rahman Rezaei à Messine. Ali Daei, bien que vieillissant et de plus en plus contesté, promène toujours son mètre 92 en attaque, et un milieu de terrain élégant, Javad Nekounam, est en pleine émergence. La campagne de qualification est une promenade de santé, et un nul suffit à l'Iran pour se qualifier alors que Bahrein se présente au stade Azadi de Téhéran, devant 80.000personnes. Un but de Nosrati à la 48e minute assure définitivement la qualification. Les scènes de joie de 1997 se reproduisent; comme en 1997 aussi, le contexte est pré-électoral puisque le premier tour de la présidentielle a lieu la semaine suivante.

 

Ce match présente surtout la particularité d'avoir été "non-filmé" par Jafar Panahi dans Hors-Jeu, l'histoire de jeunes filles qui tentent de pénétrer clandestinement dans le stade Azadi pour voir la partie. Repérées et ramassées par les soldats, elles sont parquées dans un espace clos de barrières et adossé à l'enceinte du stade. Succession de micro-dramaturgies parfois assez comiques (l’un des soldats finit par commenter le match pour les filles), ce film montre l’étrange rapport qu’ont noué les Iraniens avec le football: une passion nationale qui doit louvoyer avec les interdits et qui, en partie pour cette raison, présente des enjeux politiques sans équivalent ailleurs.

 

Réactions

  • le Bleu le 07/08/2012 à 10h31
    L'invasion de l'Iran en 1941 est dans le droit fil d'événements antérieurs: la révolte irakienne, à laquelle la Luftwaffe prêta son appui (imaginez les chasseurs allemands se battant contre la RAF au dessus de Mossoul !), écrasée par les Anglais, et la campagne anglo-gaulliste au Liban et en Syrie (qui avait, sur ordre de Pétain, laissé les Allemands y transiter).
    Les leaders arabes ont souvent cherché des amitiés du côté de l'Axe contre les puissances alliées.

    Le secteur, même avant d'y découvrir du pétrole, était puissamment stratégique pour l'Angleterre: si le Moyen-Orient tombe, le canal de Suez est coupé, la liaison avec les Indes rompue, la Turquie et sa puissante armée susceptible de rejoindre l'Allemagne et de tourner l'URSS par le Caucase...

  • Sue Oddo le 07/08/2012 à 13h07
    "Prise en Kebab".

    Olé les gars! Sourire du matin bonjour.

  • Pascal Amateur le 07/08/2012 à 13h31
    À la lumière de la plupart de ces réflexions, on peut donc raisonnablement penser que le foot iranien n’a aucun avenir.

  • Jean-Patrick Sacdefiel le 07/08/2012 à 13h59
    "Khodadad Azizi ralentit sa foulée et ouvre son pied droit et envoie soixante millions de personnes au paradis."
    ---
    Et tout ça sans ceinture d'explosifs ni arme nucléaire.
    Blague à part, article très intéressant, merci à l'auteur!

  • Pascal Amateur le 07/08/2012 à 16h45
    D'autant que 60 millions de personnes au paradis, si on estime qu'une personne sur deux est un homme, il faut bien un demi-milliards de vierges. Et ça, c'est pas fastoche à trouver.

  • A la gloire de Coco Michel le 08/08/2012 à 19h39
    Le 3ème match, si je lis bien, cela a fait 1-1 puis 2-2 au retour non ? (ce qui porte à confusion avec le titre "Iran-Australie, Melbourne (3-1), 28 novembre 1997")

La revue des Cahiers du football