Leçon 2 : recopier la dépêche AFP
Il est une dimension du journalisme de presse écrite que le grand public ignore souvent, car souvent le public est un grand enfant qui croit que l'information naît dans les (feuilles de) choux. Alors que les initiés savent qu'elle jaillit d'abord des dépêches d'agence dans les salles de rédaction. Une pratique traditionnelle consiste donc à recopier la dépêche d'agence sans faire de faute et en la modifiant un tout petit peu. Important : il n'est pas nécessaire de citer l'agence (votre journal paye l'agence, c'est bien assez). Cette leçon apparemment assez facile contient des enseignements essentiels.
Nous avons choisi un exemple anodin, qui vous permettra de jouer au jeu des 7 différences:
AFP, Paris, 3 déc. 1999 – La Fédération française de football (FFF) et son président Claude Simonet risquent de bouleverser les instances de l'arbitrage en envisageant de créer, en son sein, un département arbitrage consacré uniquement à ce sujet.
Ce projet a été présenté vendredi à Paris par M. Simonet à l'issue du Bureau du Conseil Fédéral. Ce département spécial a été proposé par le Conseil supérieur de l'arbitrage (CSA) composé de trois membres. Ils avaient été mis en place en juin dernier par le président de la FFF pour dresser un bilan de l'arbitrage et faire des perspectives pour l'an 2000.
Ce département, s'il est créé, viendrait bouleverser le monde de l'arbitrage dirigé par l'actuelle Commission centrale d'arbitrage (CCA) et présidée par l'inamovible Michel Vautrot. Il apparaît en effet qu'il diminuerait, comme le souhaitent la FFF et la Ligue nationale de football depuis longtemps, le pouvoir de Vautrot puisque ce dernier ne serait plus seul aux commandes.
Interrogé par l'AFP, Michel Vautrot a indiqué n'avoir "pas été informé" de ce projet, mais il a reconnu qu'il était "dans l'air du temps". "officiellement, je ne sais rien. Je ne connais pas le projet" dit le patron de l'arbitrage français.
Ce département serait divisé en trois secteurs. Le premier, le CSA, serait chargé de la politique de l'arbitrage, le deuxième serait formé avec la CCA et aurait en charge tous les aspects techniques, tandis que le troisième s'occuperait des problèmes administratifs.
Le projet prévoit également la division de la CCA en cinq sections. La première serait tournée vers l'arbitrage des championnats professionnels, la deuxième concernerait l'élite de l'arbitrage des championnats non pro et la troisième aurait en charge l'arbitrage du football de masse. Enfin, la quatrième section serait chargée, pour sa part, des lois du jeu et la cinquième sera utilisée pour le recrutement et la formation des hommes en noir. Cette dernière section paraît particulièrement importante en raison du déficit chronique de directeurs de jeu dont souffre le football français.
La professionnalisation de l'arbitrage entre déjà dans le cadre des suggestions du CSA. "Mais c'est très difficile. Plusieurs ministères sont concernés" a souligné Claude Simonet, indiquant que réaliser une semi-professionnalisation constituerait déjà "une belle réussite".
L'ensemble du projet, qui n'aborde pas l'amélioration de l'arbitrage sur les terrains, pourrait être avalisé fin janvier lors d'un Conseil fédéral.
L'Equipe, 4déc 1999 – Projet de création d'un département arbitrage.
La FFF envisage de créer en son sein un département consacré uniquement à l'arbitrage. Cette création a été proposée par le Conseil supérieur de l'arbitrage (CSA) composé de trois membres et mis en place en juin dernier par le président de la FFF pour dresser un bilan de l'arbitrage et faire des propositions pour l'an 2000.
Ce projet a été présenté vendredi à Paris par M. Simonet à l'issue du Bureau du Conseil Fédéral. Ce département viendrait bouleverser le monde de l'arbitrage dirigé par l'actuelle Commission centrale d'arbitrage (CCA) présidée par Michel Vautrot.
Il apparaît en effet qu'il diminuerait, comme le souhaitent la FFF et la LNF depuis longtemps, le pouvoir de Vautrot puisque ce dernier ne serait plus seul aux commandes.
La professionnalisation de l'arbitrage d'élite entre déjà dans le cadre des suggestions du CSA. "Mais c'est très difficile. Plusieurs ministères sont concernés" a souligné Claude Simonet, indiquant que réaliser une semi-professionnalisation constituerait déjà "une belle réussite".
L'ensemble du projet, qui n'aborde pas l'amélioration de l'arbitrage sur les terrains, pourrait être avalisé fin janvier lors d'un Conseil fédéral.
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Ne pensez pas que l'exercice ne consiste qu'à paraphraser : les différences sont marginales mais pas moins significatives. L'"inamovible Michel Vautrot" est diminué en "Michel Vautrot", afin d'éviter un incident diplomatique. Ce dernier n'est plus "interrogé par l'AFP". Enfin, le paragraphe le plus explicatif a disparu : il est important que le journaliste en garde sous le coude, afin d'en savoir toujours plus que le lecteur.
De fait, il n'y a pas de scandale, les journaux ont toujours eu une partie de leur contenu qui leur était fourni par les agences, comme aujourd'hui la plupart des sites web. Ce n'est pas trop grave, dans la mesure où les journalistes de l'AFP sont parmi les meilleurs de la profession.
Travaux pratiques : exercez-vous en prenant une dépêche d'agence, réduisez-la d'un tiers en suivant scrupuleusement (façon de parler) la méthode observée dans l'exemple.
Dans une prochaine leçon, nous aborderons une tâche beaucoup plus difficile : la retranscription de l'interview de footballeur.
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Le journalisme sportif en 12 leçons
Leçon 1 : les transferts
Leçon 2 : recopier la dépêche AFP
Leçon 3 : l'interview minée
Leçons 4&5 : l'autopromotion et l'éloge du patron.
Leçon 6 : titres et légendes.
Leçon 7 : pomper les articles des Cahiers
Leçon 8 : interviewer un footballeur
Leçon 9 : le consultant télé