Le syndrome de la demi-finale
le 5 Juil 2006
Les plus belles demi-finales de l'équipe de France sont celles qu'elle a perdues, alors j'avais donné des consignes pour qu'on ne flambe pas trop. On n'a donc pas été fantastique en note artistique, mais on a quand même remporté le concours de plongeon avec une seule tentative contre 47 aux Portugais. À leur façon, ils perpétuent leur tradition des attaquants qui mettent un point d'honneur à marquer sans tirer au but. Trezeguet, qui n'est pourtant pas blasé vu le nombre de penalties obtenus par la Juve ces six dernières années, a été admiratif de la performance.
Moi, je n'ai pas vraiment suivi le match, j'étais trop occupé à pratiquer le langage des sourds avec Scolari. Ça m'a rappelé les exercices à l'école de théâtre, quand il fallait incarner un arbre agité par le vent. Là, il y a eu tempête. De toute façon, il n'y avait pas grand-chose à voir, et j'ai eu un peu honte de m'être moqué de Suisse-Ukraine. On est une sorte de super-Suisse, en fait, et pour faire ce que Thierry a à faire, Frei aurait bien suffi.
Il faut dire que toutes ces menaces de suspension qui planaient, ça n'a pas aidé à gagner les duels. Ribéry a dit "Excusez-moi monsieur" après chaque faute, Vieira a eu encore plus l'air de marcher sur des œufs et Sagnol a renoncé à tout dialogue avec l'arbitre. Tout allait bien jusqu'à ce que Saha prenne ce un carton débile (je dis "carton débile" par comparaison avec "carton stupide"). Je m'en suis arraché le sourcil, parce que la perspective de voir Govou jouer une finale de Coupe du monde se rapproche dangereusement. Un truc pareil, aucun astrologue n'aurait osé l'annoncer. Alors qu'une élimination du Portugal en demies, si.