Le journal du jeu #9 : Atalanta et Séville, défenses à trois et attaquants adroits
Une édition aussi longue que la visite médicale de Paredes. • Atalanta-Roma: un nul, deux approches • Séville: vive la polyvalence!
Dans un football de plus en plus inégalitaire mais loin d'être linéaire, chaque semaine offre son lot d'enseignements plus ou moins anecdotiques. Tour d'horizon de téléspectateur.
* * *
Bergame, haut de gamme
L'organisation d'un côté, l'improvisation de l'autre. Si le spectaculaire match nul entre l'Atalanta et la Roma (3-3) est propice à la caricature, il s'inscrit surtout dans la dynamique de deux équipes dont l'écart au classement – deux points d'avance pour les Romains – reflète mal celui dans les idées.
Septième, à trois points de la Ligue des champions, l'Atalanta possède la meilleure attaque du pays sans avoir les meilleurs attaquants. La clé? Un dispositif en 3-4-2-1 très travaillé, où chaque phase offensive offre la même disposition: les latéraux le long de la ligne de touche, les milieux offensifs dans le demi-espace et les relayeurs dans l'axe.
Jusque-là, même si on peut reconnaître le travail de l'entraîneur dans la capacité à occuper toute la largeur du terrain, le principe semble assez basique. Et pourrait même, à être répété de manière trop scolaire, devenir très prévisible, peu importe la capacité à se placer entre les lignes. Si Bergame évite l'écueil, c'est en intervertissant les postes au gré de la circulation du ballon, sans autre logique qu'une optimale occupation de l'espace.
Rapide et costaud, le buteur Duvan Zapata peut ainsi se retrouver côté gauche et libérer l'axe au meneur Papu Gomez. Lequel se balade un peu partout, dans une danse fluide où tout le monde permute. Au point que, dimanche, c'est l'autre milieu offensif, Josip Ilicic, qui a eu le plus d'occasions de finir les actions. Ce qu'il n'a pas fait, contrairement au central Rafael Toloi, venu de l'arrière pour marquer de la tête… sur une phase d'attaque placée.
Si la Roma a mené 3-0, c'est d'abord parce que l'Atalanta s'est livrée mais n'a pas toujours bien coulissé derrière. Et que le réalisme du jour a permis de rendre décisives deux jolies passes de Nicolo Zaniolo et une de Steven Nzonzi.
Revenue à deux buts juste avant le repos grâce au latéral Timoty Castagne, dont le nom et le bandage à la main droite font penser à un personnage d'Antoine de Caunes, l'équipe de Gian Piero Gasperini a écrasé la seconde période. Et Zapata, qui a inscrit son quinzième but sur les neuf derniers matches, a même raté un penalty juste avant d'égaliser.
"Nous jouions bien, même si nous avons fait beaucoup d'erreurs évitables. Vous ne pouvez pas avoir une telle seconde période si vous ne construisez pas un peu de confiance en vous en première", a ensuite jugé le technicien, qui rivalise avec des équipes bien mieux équipées sans surperformer (troisième de Serie A aux expected points). À commencer, donc, par celle d'en face.
Car, une nouvelle fois, il est difficile de savoir ce qu'ont voulu faire les Romains. Hormis un pressing agressif assez efficace, aucun schéma ne se répète d'une semaine sur l'autre. Ce qui est embêtant pour une formation amenée à avoir régulièrement la balle et qui, faute de créativité au milieu – malgré de très bons passeurs –, saute souvent les lignes pour profiter de la taille d'Edin Dzeko.
Alors oui, le score en atteste, l'organisation n'a cette fois pas pris le dessus sur l'improvisation. Et le respect de la structure, puisque celle-ci est pensée pour aller de l'avant (même sans le ballon, via le pressing), peut être battu par la créativité adverse – la Roma l'a montré en battant facilement Sassuolo 3-1 pendant les fêtes. Mais, puisqu'elle n'a pas de Jimi Hendrix dans ses rangs, l'équipe de la capitale a besoin d'un cadre.
Incapable de calmer le tempo et d'impliquer ses éléments offensifs dans le jeu, elle a pourtant les lanceurs, les dynamiteurs et les finisseurs... Ou le finisseur, le jury étant encore en délibération sur le niveau réel de Patrick Schick en pointe. Pour finir dans le top 4, la Roma ne pourra en tout cas pas se contenter d'éclairs, surtout avec une défense aussi friable. Sauf à se trouver un homme providentiel chaque semaine et à espérer que ses concurrents continuent à avancer au ralenti…
Séville sort du bourbier
Des matches à l'heure du midi pour séduire le marché asiatique: en 2019, le concept est bien intégré par les suiveurs et joueurs, à défaut de les ravir. Encore plus que la Serie A et la Premier League, la Liga, qui en programme deux par week-end, est en pointe dans le domaine, mais sa force de frappe est limitée par le manque de prestige de ses équipes. Hormis le Real et Barcelone, qui peut intéresser à l'autre bout du monde?
Si la réalisation espagnole est moins immersive que son homologue britannique, et que l'orientation du soleil peut perturber l'expérience télévisuelle, chaque semaine offre pourtant un spectacle très séduisant. Car les habitués du créneau incarnent pour la plupart des idées de jeu très marquées, loin du "on attend de voir et on prend ce que l'adversaire nous donne" qui tire tant de rencontres vers le bas.
Samedi, Séville recevait Levante. Deux défenses à trois où les milieux jouent mieux qu'ils ne récupèrent. Deux équipes qui marquent des buts (respectivement deuxième et cinquième attaque) mais émargent sous les 50% de possession, la vitesse de la ligne offensive n'étant utile qu'en évitant de trop patienter à la construction.
Cette fois, ce sont logiquement les Sévillans qui ont mis le pied sur le ballon (54/46), sans trouver la faille en première période malgré quelques bonnes tentatives lointaines. Un enchaînement initié par Roque Mesa au retour des vestiaires a débloqué l'affaire, Wissam Ben Yedder lançant le festival. Une fois obligé de se livrer, Levante a ouvert les espaces, et Séville a terminé avec cinq buts au compteur et au moins autant de ratés (dont ce six contre un après… un corner adverse).
Toujours dans le top 4 malgré une baisse physique lors des dernières semaines, l'équipe de Pablo Machin est un cas d'école. Une ode à la délocalisation intelligente, où la structure tactique et l'animation permettent toutes les innovations.
Habitué à apporter sa vitesse en cours de match dans un rôle d'attaquant axial dézonant sur l'aile, le Néerlandais Quincy Promes a cette fois débuté latéral gauche avant de passer à droite. Pablo Sarabia, milieu offensif qui a reculé dans l'entrejeu cette saison, est lui entré à gauche. Et les deux se sont offert une passe décisive d'un centre au point de penalty avant de marquer.
Avec Ever Banega en seul joueur au profil approchant vaguement celui d'un récupérateur – même si Ibrahim Amadou entre parfois sécuriser le résultat –, le FC Séville va toujours courir le risque de perdre la bataille du milieu, surtout s'il est mené. Mais, avec Sarabia, Franco Vazquez ou Roque Mesa à ses côtés, il gagnera au moins celle de l'esthétisme. Et risque d'être encore dur à battre en Ligue Europa.
En vrac
Si le Barça avait attendu quelques jours, il aurait sans doute payé Frenkie de Jong quelques millions de moins vu la performance du milieu dans la défaite 6-2 à Feyenoord où, hormis le latéral Noussair Mazraoui, ils sont peu à avoir moins sprinté. Si Kevin Trapp a été très bon dans le but de Francfort, le nul 2-2 au Werder a surtout été marqué par les belles finitions de Max Eggestein et Martin Harnik côté adverse.
Onzième match de suite avec un but pour Fabio Quagliarella, auteur de deux jolis penalties et une passe décisive contre l'Udinese (4-0 pour la Sampdoria). L'énorme erreur de relance d'Alban Lafont au Chievo a été sans conséquence, le but qui suivit étant refusé pour un orteil adverse dans la surface sur le six mètres, le portier détournant également un penalty (4-3 pour la Fiorentina). Deuxième entrée de suite en Liga pour le tout juste majeur Victor Mollejo avec l'Atlético, dans un match où Antoine Griezmann a eu le soutien d'un excellent Thomas Partey (2-0 contre Getafe).
Il est sorti, faites-le entrer chez vous
Présentation.
Pour le commander ou savoir où le trouver, cliquez.