Le Héron
Auteur : Just de la Fontaine
le 15 Jan 1998
Un jour, sur ses longs pieds, à la porte de St Cloud, Le héron au long bec emmanché d'un gros chou annonça son proche transfert. Le Perdrix-Sarcelle-Grive m'est trop petit à ce jour Les plus grands club pour moi se tirent la bourre, en voilà trois déjà signataires. Le héron en eût fait aisément son profit : Tous approchaient de lui, l'oiseau n'avait qu'à prendre. Mais il crut mieux faire d'attendre, pour mieux satisfaire son appétit. Il vivait de régime, mais exigeait la splendeur. Se démenant en comptant, son agent lui présenta bientôt de biens beaux seconds couteaux Dont salaire et enjeu feraient bien son bonheur. Le mets ne lui plut pas ; il s'attendait à mieux, et montrait un visage dédaigneux, Les prétendants rebutés, il ne trouva que de moindres propositions. "En milieu de division, c'est bien là la place d'un héron! un si pauvre cadre, mais pour qui me prend-on?" Plus personne ne voulut le prendre, lorsque la saison reprit, et au nouvel an, il finit remplaçant chez un obscur Briton peu soucieux de lui. Ne soyons pas si difficiles ; Les plus accomodants, ce sont les plus habiles. On hasarde de perdre sa place en sélection en voulant trop gagner Gardez-vous bien de rien dédaigner.