Premier match de l’équipe de France et première victoire. Une bonne chose de faite. Si le score final est très satisfaisant, la manière mérite peut être quelques commentaires. Si nous ne tiendrons pas compte des 10-15 premières minutes de jeu - où la France s’est retrouvée dans certaines situations fâcheuses que nous mettrons sur le compte d’une fébrilité toute naturelle et de quelques nécessaires ajustements inhérents au début d’une compétition internationale - le reste de la partie ne nous a pas complètement rassuré.
Certes le réalisme est là et l’attaque Anelka-Henry a tenu beaucoup de ses promesses. De même, le secteur défensif est redevenu celui qu’on a connu pendant la Coupe du Monde. Il a tenu le match sur ses épaules.
L’inquiétude vient paradoxalement de la conjonction de ces deux facteurs. En effet, l’équipe a semblé jouer encore plus sur ses qualités défensives qu’à l’accoutumée afin de faire profiter ses deux flèches offensives du maximum d’espace possible. Cette tactique (consciente ou non, préméditée ou non) a conduit, par moments, à un manque flagrant d’emprise sur le jeu. Les tricolores ont ainsi joué le contre comme jamais ils ne l’avaient fait auparavant. Face à ce nouveau schéma, ils ont, de plus, fréquemment confondu vitesse et précipitation en perdant trop vite le ballon vers l’avant.
Nous vous accorderons que c’est peut être faire la fine bouche face à une victoire qui ne souffre d’aucune contestation. Gare tout de même à ce que cette tactique du contre ne se systématise pas. Très efficace quand on mène au score, elle l’est beaucoup moins dans le cas inverse.
Reste à savoir quel schéma le sélectionneur appliquera contre une équipe Tchèque obligée de vaincre et qui devrait jouer de la même façon que lors de sa seconde mi-temps face aux Pays-Bas. Changer de système de jeu après la béatification médiatique annoncée de la paire Anelka-Henry risque cependant de ne pas être évident. Dommage peut être pour les bleus qui avec Trézeguet pourrait disposer d’un point d’appui plus ancré dans la surface adverse. Ce type de joueur obligeant l’équipe à mettre un peu le pied sur le ballon pour le servir et construire autour de lui. Elle passerait ainsi moins de temps à défendre.
Devant la multitude de possibilités offensives, le sélectionneur a la redoutable tache de choisir les meilleures. A lui de jouer sans tenir compte de la pression médiatique. Mais sur ce point, Roger Lemerre nous a montré que nous n’avions rien à craindre.

Match étrange. Des maillots oranges, des vrais jumeaux (De Boer), des faux (Stam, Koller), des poteaux, des blessés, des arbitres chauves et chauds (altercation avec Repka), des titulaires remplacés mais expulsés, des points de suture en direct et finalement un favori qui ne s’en tire pas mal.
Une première mi-temps hollandaise, pleine de puissance et d’impuissance. Une domination à sens unique mais une pauvreté devant les buts qui sied mal au standing des Kluivert et autre Bergkamp. A peine le temps d’écouter les pronostics de l’ineffable Biétry nous prédisant une seconde mi-temps du même tonneau de bière Batave que c’était reparti. Et là, changement de décor. Les Hollandais décident de laisser Davids se battre seul contre les 11 Goliath Tchèques qui, retrouvant soudainement la mémoire, se souviennent qu’ils sont vice-champions d’Europe. Du coup, occasions en cascade, têtes sur les poteaux et sur la gueule. Tout ça pour rien puisque les poteaux n’étaient pas rentrants et que Stam sortit. Pour finir un penalty digne d’un Inzaghi des dimanches et une victoire plutôt heureuse. Victoire qui pourrait bien être le coup de pouce du destin nécessaire aux hommes de Rijkaard pour entrer de plain-pied dans la compétition.
En attendant gare aux commentaires de Cruyff dans la presse de demain!