Les Lyonnais creusent tous les écarts, même à la différence de buts: leur +23 est à comparer au –24 des Caennais, spécialistes du carton renforcé. Ils ont beau se mettre en file indienne pour profiter de l'aspiration, les poursuivants se font distancer par le futur sextuple champion de France. Marseille passera quand même la quinzaine sur la troisième marche du podium, à rêver de jours encore meilleurs. Sochaux et Toulouse, qui ont également cédé de la distance, sont perchés sur la ligne médiane du classement, à trois encablures du ventre mou, qui se ramollit encore (au point que l'émollient PSG s'y enfonce un peu plus). Les Nantais s'intercalent devant un quatuor de galériens désormais "renforcé" par le SM Caen. À Istres, l'effet Bakayoko se fait attendre. Lacombe et le refus de jeu Guy Lacombe a bonne réputation chez les amateurs de foot, et bonne presse auprès des médias. Ses résultats probants à la tête de Guingamp et Sochaux plaident pour lui, ainsi qu'une personnalité haute en couleur, et on lui prête les capacités et l'ambition d'entraîner un "grand" club. Pourtant, en termes d'ambition justement, on ne peut pas vraiment dire que le coach sochalien fasse briller son équipe avec un jeu flamboyant porté sur les grandes offensives, alors même qu'elle a déjà été l'auteur de quelques brillantes démonstrations (en dominant largement Marseille, Rennes ou Bordeaux à Bonal, ou encore Monaco et Marseille à l'extérieur), et que supposément affaiblie à l'intersaison avec les départ de Pedretti et Frau, elle avait cependant conservé la plupart de ses meilleurs joueurs (Santos, Isabey, Mathieu, Oruma) et reçu des renforts de choix (Ilan, Pitau). Alors, Sochaux, symbole du manque d'ambition sportive des équipes françaises? Bon exemple, en tout cas, à entendre Lionel Potillon au soir du nul obtenu contre Lille: "Nous avons respecté les consignes : on savait ce qu'il fallait faire pour ne pas prendre de but. C'est-à-dire éviter de jouer dans les intervalles, de trop contrôler la balle, mais plutôt de l'envoyer en première intention vers l'avant". On pourrait résumer ces "consignes" au seul "éviter de jouer"... Ce qui s'apparente à un remarquable gâchis compte tenu des qualités intrinsèques de l'effectif, à l'image d'un joueur aussi exceptionnel que Ilan, qui aura un nombre famélique de ballons à exploiter au cours des rencontres. En Coupe de l'UEFA l'an passé, l'échec contre l'Inter Milan avait essentiellement procédé de complexes injustifiables tant la supériorité du FCSM était manifeste... Espérons que Lacombe, s'il rejoint une grosse écurie, mettra un peu d'audace dans ses conceptions tactiques.

Parfaitement renseigné, Philippe Troussier sait que 100% des entraîneurs champions de France ces trois dernières saisons portaient des cols roulés.

Plus vrai que nature Jean-Michel Aulas s'étant blessé dans une chute accidentelle, il n'a pu assister au match de samedi soir. Nous nous substituons à lui pour vous livrer sa déclaration virtuelle au terme de Lyon-Toulouse : "4-0, c'est bien, et ça remet à leur place tout ceux qui nous ont attaqués dans la presse après le match nul à Bastia, et qui se réjouissaient déjà de voir Monaco champion. D'ailleurs, si on avait les mêmes avantages que les Monégasques, ce soir, ça aurait fait 8-0 avec un triplé de Morientes. Je félicite Paul Le Guen qui sait parfaitement optimiser les moyens exceptionnels que nous mettons à sa disposition". Crise de buteurs Avec son triplé contre Caen, Mickaël Pagis s'est installé seul (n'en déplaise à L'Équipe) en tête du classement des buteurs de Ligue 1 avec un total de... 11 buts inscrits depuis le début du championnat. Qu'un attaquant d'une équipe qui se traîne dans les bas-fonds du classement soit l'actuel "pichichi" du championnat est assez symptomatique de la crise des buteurs que vit ce dernier, cette saison. Avec un tel total, le Strasbourgeois se serait classé cinquième meilleur buteur seulement du dernier exercice (à la même époque de l'année). Pour tout dire, ils étaient même neuf à avoir dépassé la barre des dix buts après 25 journées l'an passé, Djibril Cissé trônant alors en tête du classement avec 17 réalisations. Le départ de l'Arlésien vers d'autres cieux constitue d'ailleurs l'une des explications de cette pénurie de scoreurs, tout comme celui de Didier Drogba (2e avec 15 buts), Vladimir Manchev (4e avec 12 buts) et Ludovic Giuly (5e avec 11 buts). Parmi les autres explications, citons également des choix parfois déroutants de coaches laissant sur le banc des goleadors pourtant en verve l'an dernier: on pense à Luyindula (16 buts l'an passé) auquel José Anigo préférait Koke, ou encore à Ljuboja, qui ne joue quasiment pas à Paris depuis le mois d'août. Le cas du Lyonnais Pierre-Alain Frau, meilleur buteur sochalien l'an passé (14 buts tout de même après 25 journées) est plus singulier, puisqu'il fait les frais d'une concurrence accrue et d'un turn-over constant de Paul Le Guen. Quant à Pedro Pauleta, il traîne sa misère (10 buts tout de même, mais six seulement dans le jeu) dans un PSG à la dérive... En fait, dans ce marasme offensif, seuls quelques rares attaquants tirent leur épingle du jeu : l'Auxerrois Benjani, avec ses neuf réalisations, qui pourrait finir la saison en boulet de canon, ou encore le Sochalien Ilan, qui a marqué ses huit "pions" en dix-neuf rencontres...

Michael Essien prend un peu trop à cœur sa formation de visagiste chez OL Beauté.

Les observations en vrac > Non exposée au soleil, une petite moitié de la pelouse de la Meineau était gelée : ça devait être la moitié qui vote à gauche. > Persuadé d'avoir marqué un retourné acrobatique, Steve Marlet n'aurait pas compris les réactions de joie de ses coéquipiers à l'attention de Laurent Batlles. > Encore deux coups-francs de Juninho. C'est fatigant les joueurs qui ne savent pas marquer de vrais buts. > Les supporters strasbourgeois ont fait la ola à 3-0. Si ça se trouve, maintenant c'est plus sympa d'être supporter du Racing que de l'équipe de France. > Retour de Christian Karembeu dans le championnat de France. Il prendra le relais de Fabrice Fiorèse dans le coeur des siffleurs hexagonaux. > Symbolisme : Lens en noir contre Paris en blanc, contre le racisme. Letizi a choisi le jaune en solidarité avec l'Asie? > Florent Malouda a marqué. Le cri du vautour "Le sort de Carrière n'est qu'un détail dans la soirée d'hier, notamment en regard de ce qui attend Vahid Halilhodzic, plus affaibli que jamais" (L'Équipe). L'éloge de la pogne Serge Le Dizet (L'Équipe) : "On ressent une petite frustration mais il faut parfois savoir se contenter". En d'autres termes, mieux vaut s'accorder une petite branlette que se prendre une grosse branlée. La rééducation à la niçoise Gernot Rohr (L'Équipe) : "Nous allons nous attacher à retaper nos blessés de la soirée".

Les discours guerriers de José Cobos commencent à gonfler certains membres de l'effectif niçois dont nous tairons le nom.

Le malentendu Cyril Linette (C+) : "Christophe Revault, ultra sollicité". Jean-Pierre Larue lui a demandé sa carte d'identité? La grosse frayeur de la soirée Thierry David (C+) : "Bakayoko tout surpris de voir ce ballon lui arriver sur le pied". Le seul point commun avec Monaco Francis Graille (Est républicain) : "Inutile de vous dire qu'il y avait de l'abattement dans le vestiaire". La banderole pas agressive, pas raciste, pas vulgaire, pas conne "Bordeaux, tes supporters sont las". La CIAuxerre Guy Roux (AFP) : "On vient de prendre cinq buts en deux matches, je sais pourquoi mais je ne dirai rien".

À la Beaujoire, après les banderoles, ce sont les panneaux publicitaires qui essaient de rappeler comment devrait être un vrai joueur nantais.

Les limites de la charité Francis Gillot (AFP) : "Je ne veux pas parler du PSG. J'ai déjà assez de problèmes comme ça". La piscine adossée à la colline Patrick Remy (L'Équipe) : "Quand nous plongeons, nous remontons aussitôt la pente". La fine analyse Benoît Pedretti (om.net) : "Cette équipe de Rennes jouait beaucoup mieux à 0-0". Le périphérique caennais Frédéric Danjou (Ouest-France) : "On ne sait pas vraiment d'où ça vient". Contre Strasbourg, deux fois de la droite, une fois de la gauche et trois fois dans l'axe.

Les automatismes marseillais s'affinent : Laurent Batlles avait parfaitement compris que Steve Marlet allait foirer son retourné.

Le Lyonnais qui désapprouve courageusement les méthodes de Juninho Bryan Bergougnoux (Le Progrès) : "Je me suis écarté, et j'ai vu un missile partir. C'est terrible de faire ça". L'autorité de régulation Christian Karembeu (L'Équipe) : "Mes coéquipiers ont été obéissants". Le président qui en rajoute inutilement Francis Graille (Est républicain) : "On a des occasions, mais il y a de la malchance noire". La métaphore temporelle Philippe Bruet (C+) : "Une belle frappe de Balmont en milieu de première partie de match"

Martin Djetou, encore un expatrié qui revient en France en croyant qu'il va se promener.

L'amnésie non-sélective Christophe Revault (AFP) : "[Juninho] en aurait eu dix, il en aurait mis dix". C'est parce que ta tête a tapé le poteau que tu as oublié en avoir repoussé un? L'entraîneur qui en apprend tous les jours Philippe Troussier, au sujet de Laurent Batlles (C+) : "Je suis surpris d'avoir un joueur de cette qualité dans mon effectif". L'entraîneur qui se positionne pour 2005/2006 Serge Le Dizet (Ouest-France) : "Il faudra du temps pour arriver à ce que je souhaite. La fin de saison n'y suffira d'ailleurs sans doute pas". La moyenne anglaise nouvelle formule Patrick Remy (Ouest-France) : "En moyenne, nous prenons une raclée tous les six matches".

Il faudrait expliquer à Moussilou qu'une "Higuita", c'est le gardien qui la tente, pas l'attaquant.

L'euthanasie Alexander Frei (Ouest-France) : "Nous sommes une équipe jeune qui ne demande qu'à mûrir". C'est mieux qu'une vieille équipe qui ne demande qu'à mourir. L'équipe qui rend malade Laszlo Bölöni (Ouest France) : "Nous avons même poussé Barthez à deux arrêts déterminants". Dont son arrêt de travail pour esquiver France-Suède. La descente d'organes Jérémie Janot (C+) : "On a joué avec nos tripes, voire plus bas". Le commentaire du classement en relief Jérôme Leroy (psg.fr) : " Maintenant, Paris se retrouve dans la situation où nous étions avant eux".

Projet de monument en l'honneur de l'OGC Nice: les premières maquettes ne sont pas très convaincantes.