Le Feuilleton, ce serait un coup de projecteur sur la L1... si les projecteurs tombaient de temps en temps sur les joueurs.
L'Olympique lyonnais poursuit une marche triomphale qui étire notre classement en relief comme un accordéon, d'autant que les Istréens ne font pas vraiment l'effort de maintenir l'écart. Les Lillois, qui les ont écrasés (8-0) — et dont, en grands visionnaires, nous annoncions précédemment le retour en grâce — reprennent leurs droits sur une seconde place abandonnée par l'OM après son quatrième match nul de la saison au Vélodrome. Les Monégasques font le deuil de leur qualité de jeu en laissant l'AC Ajaccio remporter une large victoire (3-0) qui sort les Corses de la zone de relégation...
Auxerre, Toulouse, Sochaux et Rennes, tous vainqueurs ce week-end, s'extraient du ventre mou pour humer le parfum de l'Europe. Derrière ce groupe s'étagent les équipes à moins de dix victoires (sauf le RCL) et qui, jusqu'au premier reléguable (Caen), comptent une majorité de matches nuls. À leur "tête", un quatuor de clubs aux riches palmarès: Saint-Étienne, Lens, Paris et Bordeaux...
Derrière Nice, qui s'intercale après s'être imposé face aux Verts, Strasbourg, Nantes, Metz et Ajaccio se tiennent en file indienne, en espérant ne plus connaître l'une des trois dernières places, actuellement dévolues à Caen, Bastia et Istres.
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Trêve éveillée
Certains d'entre nous ont pu remarquer que les "trêves internationales" avaient du bon, en ce qu'elles interrompent soudainement le rythme infernal du calendrier des clubs (et des retransmissions télévisées). Pendant presque deux semaines, nous n'avons eu que deux matches à attendre, et c'est justement les retrouvailles avec cette impatience — proportionnelle à l'enjeu — qui a le mérite de rappeler ce que le football a perdu en intensité émotionnelle à mesure qu'il adoptait des cadences de plus en plus intenses, saturant notre capacité à éprouver des émotions.
Ce repos relatif est cependant mis à profit par la presse spécialisée pour mener ses missions de prédilection, comme faire campagne contre un sélectionneur (voir
Messie, mais non), ou sortir un "Spécial transferts" début avril...
Encore une publicité subliminale pour le Zidaction... |
Plat "derby"
À force de se banaliser sur le terrain, le "clasico" (une appellation d'origine incontrôlée, et importée avant-hier) va finir par apparaître comme ce qu'il est: un match banal. Encore celui-ci avait-il un enjeu au classement, du moins pour un OM second avant cette 31e journée... Mais faute d'être capables de prendre leur destin en main, les Olympiens ont seulement profité de la maladresse offensive et défensive des Parisiens pour échapper à une neuvième défaite d'affilée. Pour le reste, l'intensité aura été toute relative, et la créativité des vingt-deux acteurs limitée au minimum syndical — à l'exception d'un Habib Beye qui a fait honneur au foot français.
En contemplant ce terne spectacle, vestige d'une rivalité qui ne fut finalement jamais très glorieuse, on se dit quand même que l'OL, au cours ce son "ère", n'aura même pas eu droit à un rival digne de ce nom, à même de donner aux Lyonnais un surcroît de glamour.
S'inspirer de "Shaolin soccer", ce n'est pas forcément le meilleur moyen pour améliorer le spectacle en L1. |
Prix de groupe
Comme en écho à l'article paru dans notre numéro 15, sur l'évaluation des joueurs par L'Équipe, le quotidien s'est à nouveau fait remarquer ce week-end avec une série de notations pour le moins folkloriques. Les Istréens, victimes d'une déroute comme n'en avait plus connu le championnat de France depuis plusieurs années, ont ainsi écopé de la même note de 3/10, du gardien aux joueurs de champ en passant par l'unique remplaçant ayant disputé quarante-cinq minutes de jeu. Les joueurs de la Principauté, qui ont également connu une soirée cauchemardesque face à un club plus que modeste, ont pour leur part bénéficié d'une plus crédible notation comprise entre 2,5/10 et 5/10. Mais il est vrai qu'eux, on connaît à peu près leurs têtes.
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Faites votre devoir : pour un football meilleur, signez la pétition pour la suppression de la Coupe de la Ligue!
Les consignes tactiques de Puel étant immuables, Brunel a pu se faire tatouer un aide-mémoire sur le bras. |
Les observations en vrac
> Nouveau scandale de l'arbitrage : Nakata était hors-jeu sur le but parisien.
> À Rennes, c'est l'entraîneur des gardiens qui se fait exclure du banc de touche par l'arbitre. C'est aussi à ce genre de détails qu'on reconnaît un club burlesque.
> À Rennes, le public a sifflé son équipe à la mi-temps de Rennes-Bastia (1-0). C'est aussi à ce genre de détails que l'on reconnaît le PSG de l'Ouest.
> Le Pape est mort à 21h37. Ce qui doit réconforter son entourage, c'est de se dire qu'il aura pu voir l'intégralité des huit buts lillois.
> Finalement, ce Nakata-là a peut-être un gros potentiel marketing, lui aussi.
> Treize points d'avance pour l'OL. L'analyse de Raymond Domenech: "C'est vraiment mauvais signe pour la fin de saison".
> Visiblement, Rolland Courbis a définitivement renoncé à retrouver un jour le droit de fréquenter les casinos monégasques.
> Nouveau but d'André Luiz contre une grosse équipe. On sent que Marseille-Ajaccio se rapproche.
À Bordeaux, même les panneaux publicitaires insultent les joueurs quand ils prennent des buts. |
L'inversion tragique
Philippe Troussier (om.net) : "Nous sommes revenus au score ce qui n’était pas évident avec ce but pris contre le cours du jeu". L'expression exacte, c'est "contre son camp".
L'objet trouvé
Danijel Ljuboja (Le Parisien) : "On a retrouvé notre football". Vous l'aviez donc bien oublié à Marseille en octobre dernier.
La petite malveillance journalistique
Stephane Guy (C+) : "On a vécu à Bordeaux les mêmes scènes qu'on avait vu l'an passé avant le licenciement d'Elie Baup".
Le syndrome de la taupe
Sylvain Armand (psg.fr) : "Je pense que l’on nous avait enterrés plus tôt que prévu".
Samedi, 21h37. Jean-Paul II meurt à Rome, et David Jemmali pleure des larmes de sang à Bordeaux. Si ça se trouve, c'est lui le Messie. |
Le non-coupable qui fait le malin, pour une fois
Stéphane Pichot (Le Parisien) : "On prend un but sur notre seule erreur du match".
L'humiliation suprême
Michel Pavon (DNA) : "Strasbourg nous a donné une leçon de foot".
Le "nananananère"
Philippe Troussier (om.net) : "On ne prend pas de points, mais les autres n’en prennent pas non plus".
Le "youpi"
Laurent Fournier (om.net) : "On est sauvé de la relégation, c’est bien et maintenant on peut s’éclater pour la suite".
Après plusieurs mois de traque, un spécimen de Jérémie Janot a enfin été capturé. |
La petite vanne qui ne mange pas de pain
Laurent Batlles (om.net) : "C’est toujours difficile de jouer contre des équipes qui jouent le maintien".
L'euphorie lyonnaise
Paul Le Guen (olweb.net) : "On est très bien placé".
L’auto-arbitrage
Nicolas Marin (Le Progrès) : "Autant d'erreurs de la part d'un arbitre de Ligue 1, c'est inadmissible. C'est pourquoi j'ai pété un plomb et que j'ai pris un carton jaune".
Le tour de piste
Philippe Troussier (L'Équipe) : "Nous avons connu un cycle très favorable". C'est l'avantage de jouer au Vélodrome.
Les dents qui caressent la pelouse
Laszlo Bolöni (C+) : "On aimerait jouer en Coupe de l'UEFA". C'est quand même malsain, tous ces clubs rongés par l'ambition.
"Ooooh les gars, j'ai les doigts tous plats. Ah non, que je suis con, c'est mes gants". |
Le mensonge grossier
Philippe Troussier (L'Équipe) : "On a eu affaire à une belle équipe de Paris".
Le tir sur cible
Eric Carrière (olweb.fr) : "On a manqué le coche en première mi-temps". Au moins, vous n'aviez pas raté le coach durant la première partie de la saison.
La présomption d'innocence
Mario Yepes (L'Équipe) : "Je trouve nul qu'il n'y a rien eu ce soir en hommage au Pape". C'est mieux d'attendre la fin de l'enquête sur les transferts du PSG.
L'interrogation existentielle
Michel Pavon (L'Équipe) : "On se pose beaucoup trop de questions". Du genre: "Mais qu'est-ce qu'on va devenir?"
À l'arrière-plan, un coéquipier de Meriem manifeste une confiance déraisonnable dans ses qualités de buteur. |
L'impasse à dix
Matt Moussilou (L'Équipe) : "L'absence de Saveljic a posé un problème de communication dans la charnière centrale d'Istres". Il aurait effectivement fallu mettre au courant ses partenaires qu'il n'était pas là.
Le débriefing
Xavier Gravelaine (L'Équipe) : "Après le match, on a discuté pendant cinq minutes avec Claude Puel pour essayer de comprendre".
Le joueur qui essaie de calmer les supporters bastiais
Stéphane Ziani (L'Équipe) : "On ne va pas broyer du noir".
Le maraboutage auxerrois
Serge Le Dizet (L'Équipe) : "Sur la touche, ici, les arbitres doivent subir beaucoup d'influences". C'est l'endroit où Bourgoin égorge les poulets?
C'est malin, il est tout triste notre Xavier maintenant. |