Basculons dans le football-fiction, il n'y a plus que ça qui nous reste. Un épisode hors-série.
À quelques jours de la clôture de l'appel d'offres pour l'attribution des droits télé de la L1, jamais peut-être le championnat de France n'avait offert un tel festival, célébrant son retour au plus haut niveau du spectacle et de l'intensité. Au moment d'écrire ces lignes, des frissons nous parcourent les mains, et des espoirs fous nous traversent l'esprit. Retour une folle journée.
"Je crois que c'est clair : il faut absolument recruter André Luiz au mercato". |
Marseille se surpasse
L'Olympique de Marseille n'a pas cédé un pouce dans la lutte qui l'oppose à ses concurrents pour le titre. Au terme d'une victoire haletante et éclatante contre Ajaccio, les Olympiens ont même frappé les esprits. À l'incertitude de la rencontre, conclue sur un 3-2 à la dernière minute, s'est ajouté l'extraordinaire triplé de Drogba, auteur de buts d'anthologie sur trois remises géniales d'un Camel Meriem en passe de faire oublier Zidane en équipe de France. Tout un symbole de l'explosion du foot français, décomplexé par les deux finales européennes de la saison passée.
À la fin de la rencontre, on a vu Christophe Bouchet tomber dans les bras d'un Alain Perrin submergé par les larmes. Auparavant, le milieu de terrain Hemdani-Johansen-N'Diaye avait confirmé son extraordinaire montée en puissance, ainsi que sa volonté d'incarner un jeu porté vers l'avant. Peu importe alors que la défense phocéenne eut craqué à deux reprises, malgré le combat dantesque livré par Meïté et Van Buyten face à des attaquants corses déchaînés — désireux de prouver que la nouvelle philosophie de jeu de Rolland Courbis ("tout pour l'attaque") n'étaient pas une accroche publicitaire.
Malgré cette réussite, les dirigeants marseillais ont annoncé leur intention de se renforcer encore au mercato.
"Nous croulons sous les offres des plus grandes stars européennes, prêtes à venir pour une bouchée de pain afin de vibrer au son du Vélodrome. Ce serait dommage de ne pas en profiter, même si nous tenons plus que tout à la stabilité qui nous a permis d'en arriver là", affirmait le président olympien. Celui-ci a vu son visage s'afficher sur la bâche déployée dans le virage nord, au-dessus de l'inscription
"Merci Christophe de nous avoir rendu notre fierté". Rappelons aussi que Hidetochi Nakata a déclaré vouloir rejoindre l'équipe de CFA de l'OM afin de "profiter des enseignements de José Anigo". L'ex-minot s'est en effet forgé une belle réputation à la tête d'une équipe B dont les talents affolent les chéquiers des plus grands clubs européens.
Le jeu du PSG : une créativité de tous les instants, des chorégraphies totalement inédites. |
Paris sur zen
Pendant ce temps, le Paris Saint-Germain et l'Olympique lyonnais livraient au Parc des Princes un combat dantesque, sans concession, mais dans un esprit chevaleresque remarquable. On se souviendra de Vahid Halilhodzic, impérial de sérénité, contemplant le spectacle debout les bras croisés devant son banc… Le coach parisien expliquera plus tard que s'il avait sorti Mario Yepes peu avant la mi-temps, c'était parce son attitude antisportive dans le marquage de Govou constituait une insulte à la beauté du jeu développé par les deux équipes. Le Bosniaque a aussi regretté que ses milieux défensifs n'aient pas plus souvent pénétré dans la surface adverse.
La nouvelle image de l'OL : du fun, du fun et encore du fun. |
Mais difficile de faire la fine bouche avec ce 4-4 qui s'acheva sur une standing ovation d'un quart d'heure, et le rappel des deux équipes sur le terrain, obligée d'effectuer un tour d'honneur. Alain Sars déclarait:
"Le match était tellement à couper le souffle, que j'ai eu de la peine à siffler la fin du match". "Il y a des soirs où le résultat est complètement secondaire, renchérissait Jean-Michel Aulas, la voix brisée par l'émotion.
Ce soir, je sais enfin pourquoi j'ai investi dans le football". Paul Le Guen lui-même abandonnait sa réserve habituelle pour clamer en salle de presse
"Et ben put… ça troue le c… des matches comme ça!"
Unique point noir de la soirée, Denis Balbir, qui commentait la rencontre pour Canal+, a dû être conduit aux urgences de l'Hôpital Pompidou en raison d'une
rupture des cordes vocales croisées. À ses côtés, Olivier Rouyer avait créé en direct pas moins de trois néologismes improbables ("ebroustifiant", "magnesque" et "zidanitude"), avant de céder à une irrépressible crise de fou rire.
Stéphane Bern est venu en personne congratuler l'audacieux coach parisien. |
Seule l'AS Monaco, victorieuse sur le fil de Sochaliens toujours aussi brillants (2-1, un retourné d'Adebayor et un rush de Nonda ponctué d'une frappe dans la lucarne, contre un tir de trente mètres signé Mathieu), semble en mesure de résister à la course folle de cadors complètement retrouvés.
"À ce rythme, nous avons plus de chances de gagner la Ligue des champions que le championnat", déclarait sans rire Didier Deschamps à la fin du match, avant d'ajouter
"à condition de ne pas tomber sur le PSG ou l'OL avant la finale, évidemment". Une nouvelle fois sur le banc, Saviola estimait pour sa part que le niveau de la L1 était
"beaucoup trop relevé quand on vient de la Liga", réclamant au moins une saison d'adaptation.
Cyril Rool, nommé parmi les postulants au Ballon d'Or de France Football, attribue à la sophrologie le mérite de sa métamorphose. |
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Le surnom de Lorik Cana, c'est Lionel Postillon. |
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