Certains redoublent d'efforts, d'autres redoublent tout court… La rentrée n'est pas facile pour tout le monde, la preuve en mots et en images.
La continuité, camarade
Toulouse et Metz en tête, ce n'est pas seulement la morale éculée des petits qui jouent les trouble-fête, mais aussi la conséquence apparente d'une vertu fort mal partagée dans les clubs de l'élite: celle de la suite dans les idées — et dans les effectifs. Si le TFC a joué quelques cartes sur le marché des transferts (Dalmat et Moreira, pour ne citer qu'eux), le FC Metz y est allé avec Jean-Pierre Coffe comme conseiller et une enveloppe réduite au minimum… Les deux clubs ont également en commun de s'appuyer sur leurs si difficiles saisons de promus, et "l'humilité", cliché lui aussi ressassé à l'envie par les professionnels de la profession, y trouve une rare véracité. Pour le moment, ça marche…
Bastia revit
En mai dernier, on avait laissé les Corses premiers non-relégables, et soumis aux turbulences d'affres juridiques (voir CdF n°4) qui n'ont toujours pas trouvé leur dénouement. Quatre mois plus tard, le Sporting Club de Bastia fait partie de l'étonnant quatuor invaincu de ce début de championnat (avec Lyon, mais aussi Metz et Toulouse). En l'espace de quelques semaines, cette équipe à la dérive a redressé la barre, pour proposer à nouveau le profil d'une solide formation de L1. Les dirigeants bastiais avaient pourtant pris un double pari à haut risque à l’intersaison. D'abord en faisant le choix de placer un novice au poste d'entraîneur du club: François Ciccolini, originaire de l’île de Beauté et ancien joueur local dans les années 80 (il a interrompu sa carrière à vingt-quatre ans après une grave blessure) avait certes réussi à obtenir un titre de champion de France avec les - 15 ans bastiais, mais son palmarès chez les pros est totalement vierge. Le plus haut niveau auquel il a exercé est en effet le CFA, avec la réserve bastiaise. Le staff corse a ensuite opté pour le recyclage d'ex-futurs grands joueurs de Ligue 1 (Née, Vairelles, André), qui avaient tous trois, avec une certaine bonne fortune, foulé la pelouse de Furiani par le passé.
Un choix qui constitue pour l’heure une réussite : Vairelles a de nouveau le sourire et a inscrit deux buts. André a retrouvé le chemin des filets après plusieurs mois de galère à Nantes. Et Née joue, tout simplement. Les Corses bénéficient certes de l'avantage d'avoir déjà évolué trois fois sur leur pelouse, mais ils y ont tout de même réalisé un carton plein, là où ils perdaient des points précieux l'année passée. Ils sont donc, pour l’heure, redevenus invincibles à domicile. À l'ancienne.
À la différence de José Anigo, ce sont ses propres couilles que François Ciccolini cherche dans le vestiaire. |
Sochaux's not dead
Des départs en cascade, des arrivées avortées ou tardives, des échanges d'amabilités entre le président et l'entraîneur, des tensions récurrentes entre celui-ci et son directeur sportif (le grand muet Bernard Genghini)… C'est peu dire que les doutes assaillaient l'ex "citadelle de Bonal" en ce début de saison et promettaient une saison morose à ses spectateurs. Mais voilà, la venue de l'OM — avec le surcroît de motivation qu'il suscite et avec des innovations tactiques pas franchement pertinentes (une défense qui passe à quatre à l'extérieur avec le néophyte Leyti N'Diaye) — offraient une parfaite occasion pour le fameux déclic-match référence. Très bien saisie, puisque l'on a vu ressusciter la qualité de jeu de la saison passée, en même temps que Oruma, Mathieu ou Isabey retrouvaient leur forme des grands soirs, devant une défense très solide qui a privé d'inspiration de pâles attaquants phocéens. Et aux côtés d'un Santos toujours autant fauteur de trouble, on a découvert son compatriote Ilan... S'il faut éviter les emballements très en vogue en ce début de saison, l'ancien joueur de Paranaense a fait merveille dans un rôle hybride de meneur d'attaque, tout en louvoiements et en finesse technique. De quoi redonner le sourire et l'ambition au FCSM.
Benoît Pedretti n'a pas franchement progressé en côtoyant Eduardo Costa. |
Les observations en vrac
> "Le Sud uni contre l'ennemi" (banderole à Nïmes). Qui a dit que l'effet Anigo, ça ne marchait pas?
> C'est bien la peine de prendre une star comme Saviola si c'est pour qu'il marque des buts à la Reinaldo.
> Piquionne met un coup de semelle à un panneau "Obut": il progresse de jour en jour dans la compréhension de son métier d'avant-centre.
> En fait, Lilian Laslandes n’a pas agressé un joueur messin d’un coup de pied, il répétait juste un pas de danse en prévision de la troisième mi-temps.
> Les Bastiais ont pillé les méthodes monégasques pour accéder au podium de la Ligue 1 : statut fiscal d’exception, stade vide et pelouse lamentable.
> Pauleta tire la langue au public nîmois. Attention Pedro, on commence comme ça, on devient tricard dans son club, et on finit transférable dans un club de seconde zone anglaise.
> Le défenseur caennais qui a contré la frappe cadrée de Bakari est quand même un salopard dépourvu de tout sens de la charité.
À peine arrivé, Sylvain Wiltord brille déjà. |
Le bégaiement révélateur
Yann Lachuer (C+) : "Bastia méritait sa victoire même si c'est - si c'est - si c'est - sur un coup de pied arrêté".
Le hérisson, seul contre des milliers de crotales
José Anigo (Est républicain) : "Nous allons devoir faire le dos rond car des tonnes de venin vont s'abattre sur nous".
L'analyse désobligeante pour Monaco, Paris et Lens
Élie Baup (Ouest-France) : "[Nantes] est la meilleure équipe que nous ayons rencontrée depuis le début de la saison".
L'entraîneur progressiste en progrès
Loïc Amisse (Ouest-France) : "Cela s'inscrit dans la continuité d'une certaine progression".
Pedro Pauleta est prêt à user de tous les artifices pour faire oublier qu’il porte le maillot du PSG. |
Le joueur de djembé
Cédric Hengbart (Ouest-France) : "Utaka m'a impressionné par sa puissance de percussion".
Le choc des cultures
Sylvain Wiltord (C+) : "Le coach a bien parlé à la mi-temps". T'as vu, hein, c'est fou le nombre de mots qu'il connaît Paul Le Guen.
Le porteur du TGV
Adel Chedli (L'Équipe) : "Paris aurait dû prendre une valise". Pourquoi, Fiorèse a laissé des affaires dans son casier?
La vision
Francis Graille (L'Équipe) : "On a vu une très forte équipe d'Istres". À Paris, on aura décidément tout vu.
Dominique Arribagé envoie un message à Halilhodzic: il est prêt à connaître la discipline militaire du Camp des loges. |
Le déplacement de symptôme
"Dalmat jouait pourtant avec un tibia qui avait doublé de volume" (L'Équipe). C'est un effet secondaire du dégonflement de ses chevilles?
Le truc qu'on aura toujours du mal à croire
Paul Le Guen (olweb.fr) : "Rennes est une équipe très difficile à battre".
Le risque de contagion
Stéphane Dalmat (L'Équipe) : "On ira à Marseille sans pression, en essayant de rapporter quelque chose de là-bas". Faites quand même gaffe à ne pas ramener Fiorèse.
La dispersion
Éric Carrière (TF1) : "Le stage de karting ne nous a pas spécialement réussi". Vu que le basket n'avait pas marché non plus la saison passée, il serait temps de vous remettre sérieusement au football.
Nilmar n'est pas le seul à avoir réussi un doublé lors de cette journée: c'est aussi le cas de Luis-Marcel Raimundo, agent de sécurité au stade des Costières. |
Le tribut
Franck Ribéry (L'Équipe) : "Je voudrais rendre hommage aux défenseurs sans qui les attaquants ne pourraient pas se distinguer". Surtout si ce sont des défenseurs strasbourgeois.
L'obsédé
Jean-Michel Aulas (L'Équipe) : "Je pense que la valeur de Nilmar ne va cesser de grimper". En fait, si le président lyonnais a renoncé à faire entrer son club en bourse, c'est parce qu'il y a fait entrer ses joueurs.
Le zéro plus zéro
Antoine Kombouaré (DNA) : "Moi, en tout cas, je peux vous dire que j'ai la tête à Monaco". Et tu en es revenu avec la tête à Toto.
Le référence
Gernot Rohr (FF) : "Le joueur lillois est tombé d'une manière que n'a même jamais osée Fiorèse!"
Qui a dit que Pedretti n'avait pas emballé à Sochaux? |
L'analyse extrêmement contestable
Jean-Michel Aulas (L'Équipe) : "Nous savions que c'était un match très difficile, puisque le PSG a perdu ici".
La pétarade parisienne
Michel Pavon (TF1) : "Une défense peut exploser en un match". Et même plusieurs fois par match, à tous les matches.
Le matelas pneumatique
François Ciccolini (L'Équipe) : "Nous disposons d'un petit matelas qui va nous permettre de souffler".
Le titre qui montre les derrières
"Les invaincus lensois sont tombés face à des caennais culottés" (L'Équipe).