Ne perdez pas de temps à lire ce texte, connectez-vous vite pour commenter les articles des CDF. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Le chant du Racing

La relégation du RC Lens apparaît comme le résultat d'une politique sportive qui n'a pas suivi les ambitions économiques de son président. Le club est au pied d'un mur qu'il a lui-même construit...
Auteur : Étienne Melvec le 19 Mai 2008

 

Les anniversaires sont parfois douloureux: il y a dix ans, le RC Lens remportait le titre de champion de France. Quatre années plus tard, il s'inclinait, à l'ultime journée lors d'une "finale" à Gerland restée mémorable, face à un OL qui entamait alors une série encore en cours à ce jour. Surtout, c'est avec la saison prochaine que s'achèvera, en Ligue 2 donc, le fameux "plan quinquennal 2004-2009" du président Martel, qui prévoyait des participations régulières à la Ligue des champions, l'obtention d'une coupe et une croissance solide.


martel_mine2222.jpgMartel à son propre piège

Les Nordistes ne sont toutefois pas passés si loin de ces objectifs puisqu'au cours des deux saisons précédentes, ils ont échoué au pied du podium (4e et 5e places), et qu'en mars dernier, ils se sont inclinés en finale de la Coupe de la Ligue face au Paris-SG. Mais évidemment, même si elle ne s'est jouée qu'à la dernière journée, la relégation résulte d'une certaine logique: avec une première victoire obtenue seulement lors de la 8e journée et une saison presque entièrement passée entre le dernier bourrelet du ventre mou et la zone de relégation, elle avait pris le caractère de la fatalité. Surtout, quelle que soit la fameuse "responsabilité des joueurs", elle sonne comme un sévère désaveu pour les politiques sportives du club.

Pourtant, à chaque fois que, sur ces pages au cours des dernières années, nous nous sommes aventurés à émettre des doutes sur la viabilité de la politique du RC Lens (lire par exemple "Terril en la demeure"), nous avons écopé d'une volée de bois vert de la part de certains lecteurs qui ne voyaient dans notre critique qu'un effet de nos réserves envers les gestionnaires en général et Gervais Martel en particulier – président de l'UCPF, le syndicat patronal, presque toujours aligné sur les positions de son "ami" Jean-Michel Aulas.

Le fait est que Martel a encore été, cette saison, le co-artisan de la création de l'association Football avenir promotion (FAP), sorte de G14 à la français qui prône une politique élitiste visant non seulement à séparer – au sein de la Ligue – les clubs de Ligue 1 des clubs de Ligue 2, mais aussi à distinguer un cercle fermé de clubs "qui investissent" auxquels devrait revenir l'essentiel des ressources (1). C'est encore l'UCPF qu'il préside depuis 1995 et jusqu'à la fin de l'année, qui s'est fait remarquer ces dernières semaines en réclamant une nouvelle "gouvernance" de la LFP: il s'agit de donner l'essentiel du pouvoir aux dirigeants et écartant les autres "familles" du football (2). Autant dire que, depuis la L2, Gervais Martel risque de faire les frais de l'idéologie qu'il a lui-même défendue.


lens_chant.jpg


Racines club

Alors, le Racing s'est-il trompé de modèle? Bien sûr, il y avait une certaine logique managériale à briguer – derrière les trois clubs qui ont a priori plus d'atouts économiques (3) – un rang permettant de monter dans le bon wagon. Pour cela, pas d'autre alternative que d'obtenir des qualifications régulières en Ligue des champions afin de bénéficier du double effet de levier des droits télé, au plan national comme au plan européen. De quoi consolider des fondations garanties par des infrastructures rares en France: un stade modernisé dont le club est propriétaire via un bail emphytéotique et un centre d'entraînement vanté dans tout l'Hexagone.

Mais c'est surtout sur le terrain que le bât a blessé, ces ambitions ne s'y étant pas concrétisées. Le Racing s'est même fait une spécialité des erreurs de casting, concernant aussi bien les joueurs que l'encadrement (avec pour point d'orgue le passage de Rolland Courbis). Faute d'avoir pu ou su conserver un Francis Gillot qui n'avait pas du tout apprécié le contexte de la fin de saison dernière, Martel s'est dramatiquement fourvoyé dans la venue d'un Guy Roux bêta-bloqué qui a laissé sur les bras de son successeur un effectif discuté (4). L'improvisation a ensuite été de mise pour l'arrivée de Jean-Pierre Papin puis son chaperonnage par un Daniel Leclercq qui n'a pas fait illusion très longtemps.

La crise d'identité était déjà patente en janvier 2005, au moment du limogeage de Joël Muller: en avançant à marche forcée vers le modèle économique dominant (loges et merchandising, pour faire court), le club semblait tourner le dos à ses propres racines. Gervais Martel promettait un retour aux valeurs locales. Pourtant, on doit constater aujourd'hui, entre autres, le faiblement rendement de la Gaillette en tant que centre de formation: classé 29e sur 32 en juin 2007 par la Direction technique nationale, il n'a donné cette saison à l'effectif pro que Kevin Monnet-Paquet et Jonathan Lacourt pour respectivement 18 et 17 apparitions en championnat (5).


Aujourd'hui, faute d'avoir concrétisé sur le plan sportif ses ambitions économiques, le Racing risque de souffrir d'un sérieux retour de bâton, en se retrouvant avec des infrastructures surdimensionnées, dont le coût pourrait même compromettre l'équilibre nécessaire à un retour dans l'élite. La cure d'amaigrissement auquel il est d'ores et déjà promis permettra-t-elle de reconstruire un modèle placé aujourd'hui sur la sellette? Gervais Martel, dont la crédibilité est forcément entamée, reste à ce jour légitime en tant que maître à bord, son capital sympathie et son engagement personnel ne paraissant pas altérés. Mais le défi qui se présente désormais à lui pourra difficilement être relevé sans une sérieuse remise en question.



(1) FAP réunit Lyon, Bordeaux, Lille, Lens, Monaco, Toulouse et le Paris Saint-Germain – Pape Diouf ayant mis un terme à une participation de l'OM qui s'était initialement faite dans son dos (lire "Comment l'élite veut rétrécir le foot", CdF #39).
(2) Le conseil d'administration de la Ligue passerait de 25 à 19 membres, dont 10 présidents de L1. Les entraîneurs, les joueurs, les entraîneurs et la Fédération ne compteraient plus qu'un seul représentant chacun tandis que les administratifs, les médecins et les arbitres en seraient exclus.
(3) Lyon, Paris et Marseille disposent de bassins de population plus grands, d'une "popularité" acquise qui leur vaut des retransmissions plus nombreuses (ainsi que des droits de télévision proportionnels), de passés et de palmarès plus prestigieux...
(4) En début de saison, Gervais Martel se voulait optimiste: "On veut d’abord donner beaucoup de plaisir aux gens autour de nous. (...) On n’a pas fixé d’objectifs chiffrés, mais des objectifs précis comme retrouver un mental de gagnant. Et vu les matches amicaux et l’Intertoto, la saison se présente bien. Ce n’est pas une saison de transition, le groupe a de la qualité" (La Voix du Nord, 2 août)
(5) Notons que Jonathan Martins Pereira (Ajaccio), Seïd Khiter (Châteauroux), Simon Feindouno (Istres) ont été prêtés cette saison à des clubs de division inférieure. Le Racing fournit un contingent non négligeable de joueurs aux sélections nationales de jeunes, mais leur confirmation est lointaine et hypothétique.

Réactions

  • charbo le 19/05/2008 à 07h43
    Prem's et pas encore lu l'article.
    Mais juste pour dire que ça me fait de la peine, Lens en D2.
    Voilà, c'est tout, rien de plus mais eux... merde quoi.

  • tofsanne le 19/05/2008 à 08h17
    Je suis tout à fait d'accord avec cet article, mais il manque quand même 2 ou 3 réalités sportives.
    D'abord, on peut rappeler que le 11 mars dernier (ce n'est pas si vieux), Lens et Lille avaient le même nombre de points, avec un mois de janvier ébouriffant pour Lens (Nancy, Lyon, ...)
    Avec toute l'affection que je porte à Guy Roux en tant que supporter lensois, qui, comme le rappelle Runje, est parti en laissant Lens dans la merde, en ce 11 mars, après un mercato plus que satisfaisant, il n'a plus grand chose à voir dans l'histoire, et Lille finit 7°, à 1 point de l'Europe.
    Je reprocherais donc à Martel et son orchestre, en priorité le recrutement des entraineurs (Roux, Papin, et le ticket Leclercq en plus), ainsi que son amour pour les milieux défensifs (Sidi Keita, Kovacevic, Sablé, Lacourt, et ecrutement de Mangane fin août).
    Hormis cela (c'est quand même déjà pas mal!), c'est quand même du côté sportif que cela a péché, avec sur ces 2 derniers mois, pas 2 fois de suite la même équipe alignée.
    Mais bon, on aura un beau derby Lens Boulogne, et 2 déplacement qui n'ont pas été faits depuis longtemps, Bastia et Ajaccio !

  • Troglodyt le 19/05/2008 à 09h14
    Oui, d'accord aussi avec l'article.
    La L2 sera peut-être une "chance" pour le RCL de booster sa formation. Car comme l'article le dit, Lens est mal classé. Mais le classement ne veut pas dire que la formation est mauvaise, seulement que le club ne sort pas beaucoup de joueurs, et que peu des sortants deviennent internationaux (en gros les critères du classement). Cela ne doit toutefois pas masquer un pontentiel certains de nombreux jeunes (2 titulaires chez les Bleus -17, 3 chez les -16) (ce qu'évoque la dernière note de l'article), comme j'ai déjà pu en discuter avec je ne sais qui sur je ne sais quel fil. L'occasion de faire confiance à la formation, pour complèter les départs de ceux s'estimant trop bons pour jouer en L1.
    Ce que dit aussi l'article, sur les infastructures surdimensionnées pour la L2, est aussi, peut-être, inquiètant pour les salariés du club (plus de 200 je crois avoir lu). J'espère qu'ils ne payeront pas les erreurs des autres. Il y a déjà assez de chomeurs là-bas (...).

    D'ailleurs, et par contre, ce que n'évoque pas l'article, c'est que cette relégation est avant tout politique: conjecture économique difficile, réforme de la justice et rétention de sûreté, manque de moyens pour la recherche,...
    Résultat: les premiers touchés sont les chomeurs, pédophiles, consanguins...
    Et ça va pas aider les alcooliques.
    (je me copie-colle, je dois me trouver drôle sans doute)

  • Pedro me fit le show sans gain le 19/05/2008 à 09h54
    La lecture de cet article me laisse comme un sentiment de malaise.
    Je n'arrive pas à voir quelle réponse l'auteur donne à sa propre question "Le Racing s'est-il trompé de modèle?". L'article commence par souligner (très justement) les "erreurs de casting" de l'année passée, à l'origine de la descente aux enfers d'un club encore 4è de Ligue 1 il y a un an. En lisant cela, je comprends qu'il s'agit d'un problème conjoncturel de choix des hommes plus que d'un problème de "modèle". Mais le paragraphe suivant enchaîne sans transition sur ... la "crise d'identité patente", qui remonterait, pour des raisons qu'on ignore, au limogeage de Joël Muller (symbole du club nordiste?) il y a plus de 3 ans! Le lien entre le "merchandising" (i.e. la vente de maillots) et cette crise d'identité me semble aussi assez flou; je n'ai pas vraiment la sensation que Bollaert s'est détourné de son équipe cette saison pour cause de dérive commerciale ...
    J'ai l'impression que la descente en Ligue 1, avec toutes les incertitudes sportives qu'elle comporte, sert un peu facilement de justification à l'attaque d'un modèle que les CdF trouveraient très juste (renforcement des infrastructures de formation, modernisation du stade sans perdre son public ...) s'il n'était porté par un club membre du FAP. Finalement, un article sur un club du FAP qui descend en Ligue 2, c'est comme la nécrologie d'un ancien homme politique connu, on sent que c'était dans les cartons depuis un moment. Dommage que Toulouse ne soit pas l'"heureux élu", je pense que Sadran aurait eu droit à des piques un peu plus drôles.

  • Le_footix le 19/05/2008 à 10h02
    La formation, cela fait bien longtemps qu'elle est ignorée à Lens ! Il suffit de prendre l'exemple de Taarabt... Jeune n°10 qui, se plaignant de ne pas jouer à Lens (à 18 ans !), a pris le chemin de Tottenham ! Qui devrait d'ailleurs le prêter à un autre club, d'ailleurs... Nouveau gâchis ?

    Bref, la relégation du RC Lens, pour moi, illustre avant tout une nouvelle dérive du management historique à la française: la toute-puissance du Président du club, sa mainmise sur le secteur sportif, le fait qu'étant seul maître à bord, il ne peut pas être contesté en cas d'échec de ses choix. Une prime à la médiocratie.

  • funkoverload le 19/05/2008 à 10h09
    Au sujet du FAP, je crois avoir lu récemment que le mouvement venait de s'autodissoudre.

    Sinon Etienne, je ne comprends pas la phrase suivante :

    (3) Lyon, Paris et Marseille disposent de bassins de population plus grands, d'une "popularité" acquise qui leur vaut des retransmissions plus nombreuses (ainsi que des droits de télévision proportionnels), des passés et de palmarès plus prestigieux...


  • Tricky le 19/05/2008 à 10h13
    Précisément.

    Je maintiens ce que j'en disais en 2005. On n'est quand meme pas, en depit d'une conjonction d'interets montee d'ailleurs par Martel, pas du tout dans la meme configuration que l'OL par exemple. On est exactement dans ce modele capitalistique paternaliste qui cherche a concilier l'inconciliable - Jean Michel Aulas meets Carlo Molinari pour faire court.

    Du coup, c'est plus qu'un probleme conjoncturel d'hommes. Cette espece de bouillie ideologique que constitue le rappel en fanfare des 'valeurs traditionnelles' du club est généralement le dernier refuge de l'incompétence affolée. La difference entre Bernard Lacombe et Daniel Leclercq, c'est que le premier est utilisé pour sa compétence, le second, en fin de carriere, parce qu'il est la persistence retinienne d'un age d'or revolu.

    Tant qu'a faire, j'aime autant le modele grenoblois, depourvu d'ambiguite -ce qui, je le concede, est plus aise pour un club anhistorique.

  • Bennis Der Crampes le 19/05/2008 à 10h15
    Troglodyt > Je ne sais pas si ca va booster la formation de Lens.
    L'année dernière on disait a peu pres la meme chose de Nantes, c'est a dire retours aux valeurs, ecremage, re-nouveau de la formation.
    Beaucoup se disait : "c'est un mal pour un bien" (de toute facon c'est la seule chose qu'on se dit dans le cas d'une rélégation).

    Certes, Nantes est remonté directement , ce que je souhaite vivement à Lens ; mais elle a fourni un jeu bien terne, peu de jeunes ont intégrés l'effectif dans un but de préparer l'avenir, et parmi eux, peu ont réellement satisfaits. Et on a decouvert un president de club non passionné.

    La priorité a été donné à la remontée sans préparer l'avenir.
    Personnellement, j'ai un doute sur les capacités de Nantes l'année prochaine à re-devenir une équipe plaisante

    De toute evidence, cette descente en L2, c'est un joli pied de nez à Martel et à sa politique pour privilégier les "gros" disons les "historiques"


  • Troglodyt le 19/05/2008 à 10h22
    Oui, certes: à Lens de se servir du contre exemple de Nantes.
    Mais je crains que Martel ne sois pas prêt à prendre ce risque Et même pour les supporters, c'est peu être difficile à envisager.

  • Qui me crame ce troll? le 19/05/2008 à 11h03
    Ce qui est triste, c'est de se dire qu'une saison en L2 peut signifier presque la mort d'un club. En tout cas pour un avenir court. Parce que d'après les déclas de Martel, il va falloir passer d'un budget d'un cinquième de L1 à un budget de club de L2. Du coup le RCL va avoir plus de difficultés pour la suite, ce qui n'a pas semblé être le cas pour, au hasard, la Juve.
    Pourtant Lens sait pouvoir compter sur son formidable public pour venir toutes les semaines au stade même en L2.

La revue des Cahiers du football