Laurent et Didier prennent la clef des champs
Puisque tout a une fin, ils ont décidé de partir. Nous voulions juste leur dire bonne route.
le 31 Août 2000
L’émotion sera grande pour ce France-Angleterre de gala. Plus que le résultat, l’histoire retiendra de ce match qu’il fut le dernier sous le maillot bleu de deux monstres sacrés.
Faut-il en rire ou en pleurer? Un peu des deux sans doute. Il faut, cependant, nous incliner devant la sagesse de leur décision. Rares sont les joueurs qui savent partir au bon moment sans effectuer le match de trop. Et si leurs corps leur permettaient certainement de prolonger la route un peu plus loin jusqu’aux alentours de 2002, leurs envies n’étaient plus assez fortes pour supporter les contraintes qu’une telle démarche imposait. Dans une telle perspective, il ne sert donc à rien d’avoir des regrets.
Ce n’est d’ailleurs pas le genre de deux joueurs qui en dépit de styles de jeu très différents se ressemblent sur l’essentiel. Ainsi le cours de leur carrière est-il relativement similaire. Des débuts prometteurs qui les conduiront en équipe de France. Des doutes surgis pour l’un d’une faiblesse technique supposée, pour l’autre d’un positionnement tactique (milieu ou défenseur) incertain et de bourdes aussi spectaculaires qu’occasionnelles. Des chemins qui les mèneront ainsi jusqu’au funeste soir de France-Bulgarie où l’on ne sera pas loin du reniement. Heureusement, ces deux-là ont du caractère et ils ont su s’accrocher. Tout d’abord en clubs où leur régularité a fait merveille puis au sein d’une sélection tricolore renaissante et bientôt invincible. La suite tenant du rêve éveillé.
Et si la France a gagné la Coupe du Monde et le Championnat d’Europe grâce au talent de tout ses joueurs et grâce à la compétence de son staff technique, rien ne nous enlèvera de l’esprit qu’elle le doit peut-être un peu plus à ces deux-là (pardon Zizou). Car si le football est un jeu qui se joue à onze, nous avions souvent l’impression qu’avec eux, les tricolores n’étaient pas forcément plus nombreux ou plus forts mais plus intelligents et plus volontaires. L’équipe de France se retrouve donc orpheline de ses deux personnalités les plus marquantes et Roger Lemerre n’a pas fini de compter ses nuits blanches pour préparer la succession. Pensez donc! Remplacer le Capitaine et le Président! Deux ans ne seront pas de trop pour les faire oublier. Le tout étant de savoir si la nouvelle configuration née de ces deux départs sera aussi performante. Et nous ne parlons pas ici seulement du jeu mais aussi de l’influence tactique et morale qu’avaient ces deux joueurs. L’avenir nous le dira et nous aurons largement le temps d’en reparler dans ces colonnes.
Ce qui est certain, c’est que rien ne nous enlèvera le bonheur immense que nous avons connu le soir du 12 Juillet 1998. Ce soir là, un de nos plus précieux rêves de gosses se réalisaient enfin. La malédiction était vaincue et une jolie fierté nous faisait tout à coup plus grands au regard du reste du monde. Alors même si ce souvenir enchanté ne fait que rajouter à notre peine, il ne nous reste qu’à saluer ces deux exemples et à surtout leur dire merci.