Lampard voit Red
Matchbox : Liverpool-Chelsea, 2-0 – Bien aidés par l'expulsion de Lampard, les Reds ont pris la mesure de Blues inoffensifs, et peuvent encore rêver du titre.
Auteur : Steven Rousseau
le 2 Fev 2009
Les quelques flocons qui tombaient mollement sur Anfield ce dimanche soir ont peut-être rappelé aux deux équipes le temps pas si lointain où elles semblaient lancées dans un palpitant mano à mano en tête du classement. Qu'il semble loin, pourtant, ce mois de décembre! Niveaux de jeu en déliquescence, résultats balbutiants, Manchester United sur un nuage, entraîneurs chahutés: de quoi rendre les protagonistes nerveux au moment de risquer de perdre encore du terrain sur les Red Devils.
L'infériorité n'était pas seulement numérique
De nervosité, il fut effectivement question. L'expulsion directe de Franck Lampard, pour un vilain tacle les pieds décollés sur Xabi Alonso, aura été le tournant d'un match qui semblait prendre poussivement le chemin d'un pénible 0-0. Un match nul qui faisait sans doute plus les affaires de Blues timorés que celles de Reds entreprenants mais maladroits. À l'heure de jeu, quand l'arbitre M. Riley envoya le skipper des Londoniens prendre une douche avant tout le monde, Liverpool avait déjà tiré seize fois au but, Chelsea seulement trois.
Anelka traînait sa peine, seul en pointe et à des années-lumière de ses milieux, tandis qu'à l'autre extrémité du terrain, un Torres visiblement pas encore au point physiquement était tranquillement maîtrisé par Terry. Alonso, Gerrard, Kuyt butaient sur Cech ou la barre transversale dès que le fébrile Cole ou Alex, décidément pas au niveau de Carvalho, leur laissaient une opportunité d'apporter le danger.
Mais à dix contre onze, Chelsea allait craquer juste avant les arrêts de jeu, quand un centre de l'arrière gauche Aurelio trouvait Torres qui devançait Alex et plaçait une tête croisée – pour son premier but de la saison à Anfield et son premier depuis octobre en championnat. Le doublé d'El Niño en toute fin de match est anecdotique, mais fait plaisir, tellement la toile d'Ashley Cole devant Benayoun est rigolote.
Les nerfs en vrac
• Enfin un coaching audacieux et payant de Benitez. En sortant Mascherano pour Babel et Riera pour Benayoun, la pression de Liverpool sur la défense augmenta significativement. Après les foudres que lui ont attiré les changements désastreux face à Everton et Wigan, l'Espagnol se donne un peu d'air.
• Scolari s'interroge : où est donc passée l'équipe qui marchait sur l'eau en début de saison? Où est passé Michael Ballack? En revanche, on sait très bien où est Ashley Cole.
• Encore de glorieux anciens dans les tribunes : ''King'' Kenny Dalglish et Ian Rush se sont longtemps rongé les ongles, tellement la perspective de voir MU égaliser leur record de dix-huit titres nationaux les rendait nerveux.
• En début de seconde période, Gerrard – déjà suspecté d'avoir volontairement expédié le ballon dans le ventre de Bosingwa – alla virilement tacler Mikel, qui l'évita, ou lévita. Pas d'avertissement pour Stevie G.. Sur un tacle comparable, Lampard a pris un rouge direct. Encore une preuve que malgré ses efforts, Franck Lampard n'est pas Steven Gerrard.
L'antigeste du jour (de la saison?)
Le coup de pied volontaire de Bosingwa dans le dos de Yossi Benayoun qui protégeait un ballon au poteau de corner.
La question
De Robbie Keane encore une fois dans les tribunes, de Drogba remplaçant et d'Anelka titulaire, lequel a été le plus invisible?
Le championnat à 5
Liverpool s'affirme comme le dernier obstacle pour les Mancuniens sur la route de leur troisième titre d'affilée, malgré les points laissés en chemin face aux équipes moins bien classées. Si d'ici la mi-mars, les Red Devils n'ont pas tué le suspens, l'affrontement entre les deux meilleurs ennemis du foot européen promet de belles crises de nerfs.