Est-ce parce que la tâche s’annonce ardue que TF1 et Canal+ ont commencé une campagne visant à redorer l’image du PSG, et celle de l’ASM? Difficile à dire, mais l’on peut tout de même se poser quelques questions après avoir visionné les différentes émissions dédiées au dieu foot par les deux chaînes lors de ce week-end. La télévision est une affaire de spécialistes, où rien n’est gratuit, mais où tout doit rapporter…
C’est à une étonnante promotion pour l’équipe de la chaîne crypteuse que nous avons assisté lors du multiplex puis du "jour de foot" de la dernière journée du championnat de France. Tout commence par l’annonce du jubilé Fournier visiblement sponsorisé par Canal, un joli documentaire traçant la carrière du joueur… ne montrant que des images du PSG, omettant du coup les passages bastiais, stéphanois ou encore marseillais du collaborateur de Canal+ (le PSG dans le rôle du club ultime). Cela continue par l’interview de Bernard Lama à la fin du match, où le journaliste oublie son devoir de réserve et propose dans l’euphorie ambiante de tutoyer le portier parisien (le PSG dans le rôle du club cool, sympa où l’on est simple, la preuve, on se tutoie).
Pour clore la soirée spéciale de Canal, Hervé Mathoux tient à préciser une première fois que le PSG est un club tellement ouvert qu’on y accepte même de faire la fête avec les Troyens dans les vestiaires. Le journaliste présent à Troyes précise tout de même qu’il n’y a pas de Troyens dans les vestiaires, mais des joueurs parisiens portant le maillot adverse, échangé à la fin du match. Qu’à cela ne tienne, Hervé Mathoux en rajoute encore après le reportage, faisant fi des dernières précisions et affirme que c’est "sympa" de voir les joueurs des deux équipes partager le même bonheur dans le même vestiaire (le PSG dans le rôle de l’équipe fraternelle, amicale, généreuse).
C’est ce même exemple que reprendra TF1 dans son TéléFoot du lendemain, en clamant eux aussi que le foot n’est pas aussi pourri qu’on le dit puisque deux équipes sautent de joie ensemble dans les vestiaires.
Dans ce même TéléFoot, comme chaque saison, les journalistes étaient présents dans la ville honorée par le titre de champion. Et comme d’habitude, ils se sont livrés à leur jeu favori, les caresses dans le sens du poil. Et finalement, ils ont presque réussi à faire passer Monaco pour une équipe populaire, en prenant pour héros du peuple le Prince Albert himself, parfaitement d’accord pour prêter son image à cette œuvre de bienfaisance. Le Prince a ainsi jonglé en direct (ouaho!!!), il joue au foot depuis tout petit (il est pas génial ce Prince?), et ce n’est pas parce qu’il est Prince qu’il ne se donne pas totalement sur un terrain, au contraire, il a le tacle rude, on ne la lui fait pas, et il marque des buts à Barthez que même Di Biaggio lui envie (définitivement sublime ce Prince de Monaco). Monaco, c’est donc l’équipe d’un Prince tellement relax et proche de nous finalement qu’on ne peut que se demander pourquoi il y a si peu de monde dans les tribunes de Louis II…
C’est vraiment cool le PSG, c’est super sympa Monaco, il s’agit surtout des deux équipes qu’il faudra vendre dès l’an prochain pour faire de l’audience en Ligue des Champions. Et mieux vaut tôt que jamais, comme chaque année, il ne faut donc rien laisser au hasard, les spécialistes de la communication vous le diront, rien n’est aussi efficace qu’un reportage mettant en avant l’union, la fraternité et le côté simple des héros pour créer un phénomène de sympathie (en plus, cette saison, on peut encore surfer sur la vague calaisienne)… C’est à coup sûr une réussite. Et puisqu’il s’agit de vendre, qui a peur de la démagogie?