Le foot français a deux nouveaux trophées, la Coupe du monde risque de déborder, Blatter et Beckenbauer s'embrouillent, les Verts ont un nouveau patron, ceux de Monaco et Nantes mesurent leurs trous, celui de l'OM croit au tuning…
Lifting
Frédéric Thiriez avait marqué le début de son mandat par le rhabillage du championnat de France et de la Ligue, rebaptisés Ligue 1 et LFP. Il poursuit ses opérations de ravalement avec la création de deux nouveaux trophées. Le premier comble un réel vide puisqu'il sera remis au club champion de France. Dessiné par Andrée Putman, il ressemble un peu à un portemanteaux et peut accessoirement servir de marteau. Le second n'est rien moins que la nouvelle Coupe de la Ligue et permettra de constater par transparence que cette coupe est vide. Le précédent trophée n'était pourtant pas vilain, mais l'artiste (Pablo Reinoso) explique ainsi sa création sur le site de la LFP :
"J’ai voulu que la spirale prenne la forme d’une coupe, symbole de compétition, mais à y regarder de plus près, c’est moins simple qu’il n’y paraît. Une ligne en métal doré matérialise une coupe en s’enroulant en spirale autour d’elle-même. L’espace vide laissé par la spirale génère à son tour un récipient. Ainsi la métamorphose du parcours ascendant constitue l’élément même de construction de la Coupe de la Ligue". Ah d'accord.
36e dessous
Les mauvaises idées trouvent un sol fertile dans le foot contemporain, et celle d'une Coupe du monde à 36 équipes n'a pas été écartée par le Comité exécutif de la FIFA qui s'est laissé jusqu'à la fin juin pour l'adopter lors de sa prochaine réunion à Paris, sous réserve qu'un calendrier viable soit trouvé. Il est bien le seul à soutenir une idée dont il est à l'initiative, puisque Franz Beckenbauer aussi bien que Sepp Blatter l'ont jugée déplacée, et que la Commission technique et la commission du football de la confédération mondiale s'y sont opposées. Rappelons (voir
Des années de 600 jours) que cette solution a des motivations purement politiques, s'agissant d'offrir des places qualificatives supplémentaires (probablement deux l'Amérique du Sud, une à l'Europe et une à l'Asie). Le problème est que cette perspective pourrait amener leurs représentants au CE à dégager une majorité favorable à la décision…
À deux ans de Deutschland 2006, la réorganisation de la compétition serait problématique, d'autant que l'on voit mal comment définir un premier tour dont ne devraient toujours être issues que seize équipes pour composer les huitièmes de finale… Certains ont évoqué la formation de 9 groupes de 4 équipes, qualifiant les premiers et les 7 meilleurs seconds… Usine à gaz inévitable, rallongement probable de la durée du tournoi, problèmes d'équité pour des ultimes matches de groupe qui ne pourraient plus se dérouler simultanément, contrats de marketing et de diffusion ne pouvant plus être revalorisés…
La formule à 32 équipes est pourtant la plus naturelle, présentant le meilleur compromis entre une représentation suffisamment large du football mondial et la cohérence du tournoi final (au point que la Ligue des champions — hors tours préliminaires — va s'aligner sur elle dès la saison prochaine). Mais le football n'est pas à une absurdité près.
Sepp Blatter ne rigole pas trop en ce moment avec la Coupe du monde 2006 (Photo Comité d'organisation) |
Franz et Sepp dans un bateau
Bien qu'ils soient d'accord sur le point précédent, Sepp Blatter et Franz Beckenbauer ont engagé une passe d'armes à cette occasion. Le président du comité d'organisation du Mondial allemand a en effet accusé la FIFA d'être désorganisée et de rechercher à tout prix des profits — prenant pour exemple des "pass VIP" vendus à des prix exorbitants. Le Kaiser, jamais en reste d'une gesticulation lorsqu'il ne représente que le Bayern, menaçait de démissionner du Comité organisateur. En retour, le président de la FIFA a critiqué l'existence de deux bases pour l'organisation de la prochaine Coupe du monde, à Frankfort et Munich, arguant de la nécessité de s'adresser à un seul interlocuteur. De petites bisbilles sans grandes conséquences.
Alain et Henri dans une galère
Après le RC Strasbourg (voir
Strasbourg libéré), c'est l'AS Saint-Étienne qui s'est trouvé des repreneurs, quoique là, la solution ne soit pas celle d'un rachat pur et simple — le projet de Bernard Caiazzo n'étant pas retenu (voir
Saint-Étienne, château creux). Le nouveau président s'appelle Henri Grange et cet industriel basé en Haute-Loire est un inconnu dans le monde du football. En même temps qu'il entre dans le capital de la SAOS Exodia détenant le club, les autres actionnaires augmentent leur propre participation. Cette solution permet à Alain Bompard de ne pas disparaître de la scène, puisqu'il devient président du Conseil de surveillance de l'entreprise… Une situation qui pose déjà la question de la répartition des responsabilités et du siège réel du pouvoir. En tout cas, en déclarant vouloir "travailler dans la continuité", Grange a déjà fait preuve d'humour involontaire.
Reste donc à savoir quel avenir sportif trouver à un club très affaibli après deux tristes saisons en L2. Et si les Verts sont assurés de leur maintien, Frédéric Antonetti aimerait être assuré du sien…
Bouchet en voiture
Il y a quelques mois, parmi les idées saugrenues imaginées par nos présidents pour exploiter leurs droits, et laissées sans suite, il avait été question d'engager des voitures aux couleurs des clubs français dans des courses automobiles dédiées. Le filon automobile n'est pas épuisé puisque Christophe Bouchet a suggéré que Peugeot ou Renault réalisent des séries spéciales à l'emblème du club… "Je suis sûr qu’une Mégane OM ou une 307 OM pourraient faire des milliers de ventes", a-t-il déclaré à La Provence. Il faudra d'abord que le club confirme son retour à la stabilité, pour ne pas associer à des automobiles les dérapages, les pannes et la consommation excessive dont il s'est rendu coutumier au cours des années précédentes…
Luc Besson a-t-il inspiré Christophe Bouchet? |
Alerte sur les comptes
La fin de saison n'est pas marquée seulement pas des enjeux sportifs pour les clubs français, et nombreux sont ceux qui serrent les fesses devant l'échéance de leur prochain passage devant la DNCG, dans les jours qui viennent. L'AS Monaco a d'ores et déjà obtenu un délai supplémentaire pour rendre sa copie. Reuters (07/05) évoque un déficit de 87M€ accumulé sur les trois dernières saisons et le nouveau tour de table annoncé prématurément par L'Équipe (décidément…) tarde à être officialisé, mais il devrait associer des investisseurs monégasques et italiens, dont la mystérieuse société milanaise Apis Invest. Là encore, le destin de l'entraîneur est en question, Didier Deschamps semblant faire l'unanimité contre lui — ce qui n'a rien de surprenant dans un club réputé pour son ingratitude à l'encontre de ses coaches.
Mais l'ASM n'est pas le seul club menacé, puisqu'une institution comme le FC Nantes, en crise prolongée sur le plan humain avec un Marcos de plus en plus contesté en interne, n'est pas en grande forme financière non plus. L'Équipe annonce un déficit de 10M€ qui plombe le bilan des deux années de Jean-Luc Gripond à la tête du club.
Au-delà de ces cas particuliers (mettons de côté ceux du PSG ou du RCS), la crise économique qui se généralise en Europe risque d'avoir quelques effets en France et mettre à rude épreuve l'intransigeance habituelle de la DNCG, face à des clubs qui ne peuvent plus compter sur un marché des transferts en pleine récession pour renflouer leurs finances. L'intersaison risque d'être agitée.