La Gazette, numéro 53
Gazon béni
Parmi les informations tirées de la Coupe des confédérations, figure celle que l'an prochain en Asie, les pelouses seront belles, ce qui constituera un atout inestimable pour la qualité de jeu. Il faudra aussi qu'elles résistent à de fortes précipitations, puisque la saison des pluies amènera quelques déluges, sous lesquels des matches se dérouleront forcément (ce qui promet des scénarios épiques).
Assimil
Il paraît que les Coréens ne parlent pas l'Anglais, et que le comité d'organisation essaie de recruter des bénévoles multilingues. C'est en tout cas amusant d'entendre des Français se plaindre que des gens maîtrisent la langue de Mickey encore moins bien qu'eux. On a ainsi vu les journalistes d'Infosport demander autour des stades "Dou you spique innegliche?", tout heureux de s'entendre répondre par la négative, ce qui leur épargne d'admettre qu'eux non plus…
Le décalage en horreur
Dans le cadre des négociations avec Kirch, les chaînes françaises pourront se prévaloir des audiences assez faibles de TF1 lors de la Coupe des confédérations. L'évidence saute aux yeux de tous: les rencontres, y compris celles de l'équipe de France, seront regardées par une portion des audiences bien moindre qu'il y a quatre ans, et l'engouement se recentrera probablement sur le (vaste) noyau des contaminés. Ces derniers vont devoir s'astreindre à des négociations avec le magnétoscope ainsi qu'à l'épreuve consistant à passer les après-midi au boulot sans apprendre incidemment le résultat. Une solution: convaincre le patron de travailler en horaires décalés, 14h-23h ou mieux encore 23h-8h pour vivre directement dans le fuseau coréen.
Front social
Alain Giresse poursuit le Toulouse FC devant les Prud'Hommes, pour "rupture abusive de contrat" (AFP 11/06). Le TFC de Me Decker va donc se trouver à son tour en position d'accusé, après avoir déclenché le chaos judiciaire actuel, même s'il ne s'agit là que d'une juridiction spéciale. Les procédures contre les employeurs du football sont été nombreuses cette saison, Casoni et Bergeroo y ont eu notamment recours, Pires a eu gain de cause contre l'OM devant la commission juridique de la Ligue (versement d'une indemnité de 12,5 millions de francs), Luyindula est en conflit avec le Racing et ne parlons pas des guerres ouvertes du type Wiltord-Girondins... Le climat social se tend dans le milieu? Les renégociations de contrat ou les discussions sur les salaires deviennent très fréquemment explosives, et les incidents n'attendent plus l'intersaison pour éclater. Les dirigeants voient leurs masses salariales continuer à déraper alors que les joueurs réclament des standings de plus en plus élevés, de plus en plus tôt (voir les récentes déclarations de Berson).
La réforme des transferts est justement supposée mettre un peu d'ordre dans la gestion très particulière des ressources humaines au sein des clubs de football. L'UEFA a d'ailleurs évoqué pour la première fois le principe d'un "salary cap", qu'elle dit avoir déjà étudié. Pour s'imposer, cet éventuel système de plafonnement des salaires devra faire l'unanimité des membres de la confédération européenne. À première vue, cela semble très improbable, mais les dérives actuelles —que la réforme des transferts est susceptible d'aggraver si l'argent des transactions se déplace vers les rémunérations— risquent bien de réunir un tel consensus plus vite que prévu.
Sponsor de l'ombre
Le fameux sponsor maillot d'envergure internationale de l'OM a donc été révélé hier. Il ne s'agit pas de Microsoft, ni d'Orange ou de Sony, comme la rumeur le laissait entendre, mais de Khalifa Airways. Avec tout le respect que l'on doit à cette compagnie aérienne algérienne et au groupe Khalifa (8000 employés), on s'attendait à autre chose. La société réalise un gros coup en termes de notoriété, notamment sur l'espace méditerranéen dont Marseille est un pôle majeur. De son côté, le club bénéficiera d'un avion à ses couleurs pour ses déplacements, ce qui va faire du bien à son ego, et devrait éviter aux journalistes d'employer le terme de "crash" à son propos.
Il faut voir le bon côté: le logo est relativement discret et s'intègre assez bien au maillot. L'OM a échappé aux "Pathé" et aux "Ola" barbouilleurs, aussi bien qu'au placard de type "Pinault". C'est déjà ça. Notons que le package a été présenté à Levallois-Perret, riante ville de la petite ceinture parisienne (peuplée de nouveaux bourgeois et traversée de cadres efficaces sous l'œil des caméras vidéo de Patrick Balkany), siège de la société de Robert Louis-Dreyfus. Ce n'est pas la première fois que qu'un tel lieu sert à des annonces officielles, et que l'OM se trouve ainsi délocalisé. Tapie n'a pas encore convaincu RLD que ce choix n'est pas très diplomatique?
Maillot génétiquement modifié
Restons dans les maillots. Celui du PSG a été dévoilé à Roland Garros par Cédric Pioline, qui partage avec le club de la capitale le même équipementier (et la même capacité à se faire éliminer au premier tour?). Le crime de lèse-parigo de l'an dernier —escamotage des bandes blanches— n'était donc qu'un avant-goût. Voilà la bande rouge qui s'amincit et se barre sur le flanc gauche (un symbole de l'alternance municipale?). Une interprétation un peu foireuse de la tunique 82/89 —bande rouge-bleu décalée sur fond blanc— que l'on pourra trouver jolie. Mais pour une fois qu'une équipe a un maillot à forte identité visuelle, il faut que le marketing impose des relookages fantaisistes. On reconnaîtra bientôt une équipe à son sponsor, plus à son maillot. Et c'est bien le but recherché. Rien ne change à cet égard, chaque intersaison nous apportant son lot de criminalité textile (voir Maillot décor, 17 juillet 2000).