La Gazette, numéro 48
La Cup est pleine Au terme d'un exercice qui a nourri la frustration de l'immense Patrick Vieira, Arsenal laisse filer une finale de Coupe d'Angleterre que sa maîtrise technique et collective auraient dû lui assurer dès le but de Ljundberg à la 72e minute. Mais le club de Wenger manque de cette flamme, de cette volonté qui assure les titres. L'entraîneur n'analyse pas autrement le match de Cardiff : "C'est un peu à l'image de notre saison. Nous avons toujours donné l'impression que nous allions gagner les matches importants, mais nous ne sommes pas arrivés à les finir, et nous avons perdu notre concentration" (AFP 10/05). Les regards accusateurs se tournent vers une défense certes mythique, mais qui est certainement passée "de l'autre côté de la montagne". Thierry Henry lui-même a temporairement perdu son efficacité de buteur, échouant à ouvrir la marque comme à l'aggraver. Arsène saura-t-il réinventer Arsenal? Il vaut mieux, connaissant l'importance du club londonien pour l'équipe de France...
En face, Houllier assure sa propre consécration de french coach, et sa joie juvénile lors des deux buts de Michael Owen fait plaisir à voir. C'est fou le nombre de résurrections que l'enterrement de France-Bulgarie 93 annonçait.
Conseils boursiers
Bernard Tapie, l'homme dont les mouvements en tribunes sont plus commentés que ceux de ses joueurs sur la pelouse, a donc la voie libre pour prendre en main la transition de son club vers un avenir qui ne sera pas tout de suite radieux. Pour le moment, il n'en finit pas de démentir les arrivées de stars diverses et variées et cite Pierre Dubiton pour révéler le premier chiffre du recrutement 2001, soient 140 MF de pertes d'exploitation (La Provence, 14/05). Le patron sportif de l'OM compte sur son flair pour faire un coup qui ne soit pas un coup de bambou pour les finances marseillaises, en essayant notamment d'obtenir des prêts de joueurs de la part des gros clubs victimes de leurs sureffectifs et en comptant sur ses relations en Italie (où la victoire de son "ami" Berlusconi a dû lui faire plaisir —comme quoi, les démagogues sont doués pour les résurrections).
Mais son audit du marché est pessimiste, et il a raison de faire remarquer que les vendeurs sont trop nombreux, notamment parmi les clubs français préalablement équipés pour la Ligue des champions (Monaco, Paris) ou relégués abruptement (Saint-Étienne) qui doivent eux-mêmes alléger leur masse salariale. Le Boss devra également résoudre la difficulté de vendre des joueurs dont au saura qu'il ne leur porte pas une grande estime. Et qui veut encore de N'Gotty?
Un marché dans l'incertitude
Transferts toujours... Faut-il s'attendre à une période d'observation, d'ici au 7 juillet, date à laquelle la FIFA est censée officialiser le nouveau système des transferts? Les clubs ont le choix entre une option de prudence, en attendant de connaître les conséquences réelles d'un dispositif qui reste encore très flou, et une stratégie plus téméraire, qui considérera que les meilleurs joueurs sont à acquérir, même au prix du marché actuel. Quitte à subir ensuite une dévaluation de la valeur marchande de leurs recrues, ces clubs-ci compteront avant tout sur leur valeur sportive. La FIFPRO a en tout cas invité les joueurs à ne pas signer de nouveau contrat avant le 7 juillet. Le syndicat des joueurs, qui va incessamment déposer des recours en justice contre le projet de réforme, considère tout de même ce dernier plus avantageux pour les joueurs que l'actuel système.
En France, on sera évidemment attentif à la balance des échanges avec l'étranger, particulièrement pour nos internationaux. En attendant de savoir si les bardes de "l'hémorragie" et du "déclin" français vont ressortir leurs chants geignards, on peut espérer que quelques-uns des champions d'Europe dont les retours sont évoqués ici ou là dans l'hexagone reviennent vraiment. Et l'on peut toujours se réjouir des prolongations de contrats de Roche, Ramé et Pauleta à Bordeaux. Les meilleures recrues, ce sont les bons joueurs qui restent, cela vaut bien mieux que des signatures ronflantes ou incertaines.
Seul l'OL a annoncé des arrivées de poids, et se garantit lui-même des convoitises en offrant à Govou un nouveau contrat. Le club d'Aulas est bien le seul qui réussit à franchir des paliers en augmentant progressivement ses moyens sportifs. On regardera donc avec curiosité les mouvements prévus du côté de Gerland.
Le football est-il un jeu de massacre ?
L'Afrique prépare de la pire façon sa candidature à l'organisation du Mondial 2010. Depuis que la rotation des Coupes du monde a été instituée par la FIFA, le continent voient se multiplier scènes d'horreur et les bilans tragiques. Le foot est universel, la violence qu'il génère aussi, même si les causes ont été diverses de Johannesburg à Accra, impliquant avant tout la vétusté des stades, l'irresponsabilité des organisateurs ou celle des forces de l'ordre. La riche Europe avec ses stades modernes ne doit pas se croire à l'abri: les incidents graves à Paris, Rome ou Milan montrent que la vigilance est toujours de mise. Et le procès Warnecke réveille des souvenirs trop récents pour négliger le lien entre un hooliganisme persistant et la sécurité dans les enceintes sportives, mais aussi à leurs abords.