La Gazette, numéro 40 de fièvre
Alamo
Les affaires judiciaires du foot suivent leur cours, et BT n'y est pour rien. Le tribunal correctionnel de Paris prend les autres procédures de vitesse et cingle Mondragon, Contreras et Romay de lourdes amendes et de deux ans d'interdiction de territoire. Le jugement, même suspendu par les appels, met à bas le bricolage juridico-sportif des instances françaises. Il arme aussi le recours de Rennes devant le CNOSF—concernant les matches Metz-Rennes (13 janvier, 2-2) et Saint-Étienne-Toulouse (2 décembre, 1-0)— et de Toulouse devant la commission juridique de la Ligue, pour le match Metz-Toulouse (25 novembre, 1-1). Il relancera peut-être d'autres avocats des équipes qui ont rencontré Metz avec Mondragon... Un instant verrouillées par la Commission d'appel de la LNF, les sanctions dans l'affaire des faux passeports sont remises en cause et replongent le classement dans l'incertitude, même si Jean-Claude Camus (président de la Commission juridique) dément que les décisions de la justice pénale puissent remettre en cause celles des instances sportives, et donc le classement.
Le TFC et l'ASSE se présentaient justement devant la commission de conciliation du CNOSF (Comité national olympique et sportif français), concernant le mach cité ci-dessus. Les dirigeants toulousains en sont ressortis avec le sourire, contrairement à leurs adversaires. La commission rendra son avis cette semaine, et les clubs auront un mois pour l'accepter, faute de quoi ils se présenteraient devant un tribunal administratif. Le marathon juridique peut encore durer un certain temps.
En Espagne, la fédération sévit contre ses propres faussaires. Après Toledo (Paraguay, faux passeport espagnol, Espanol Barcelone), c'est Bartelt (Argentine, passeport italien obtenu avec des faux documents, Rayo Vallecano) et deux joueurs de D2 et D3 se voient retirer leurs licences. Tiens, eux aussi ont des profils de lampistes…
Le grand pardon
L'intérêt supérieur du football français, c'est d'abord celui de ses dirigeants, qui ont peut-être senti qu'à force de scier la branche ils allaient finir par tomber avec elle. Toutes les coalitions deviennent possibles dans une sorte d'union sacrée pour sauver le pouvoir sportif. Le CA de la Ligue, vendredi, a donné lieu à quelques scènes cocasses. D'anciens ennemis s'assoient quelques minutes à la même table devant les journalistes, qui prennent ainsi acte des dernières évolutions de la diplomatie interne de la Ligue. Aulas et Darmon semblent réconciliés avec Le Graët, et chacun multiplie les déclarations apaisantes, professe l'oubli des conflits du passé. L'alternance qui se prépare pour l'été devrait ressembler à une révolution de velours. La "folie" de Bourgoin, devenu un épouvantail et rendu responsable de la dérive, a permis de se retrouver entre hommes raisonnables, et même Tapie semble intégré au futur organigramme à en croire les plans du président lyonnais (confiés au Parisien la semaine dernière). L'agitation de l'année écoulée prélude-t-elle à une nouvelle ère de paix politique et de prospérité?
Avec ses haines solubles dans les arrangements à l'amiable, son goût pour les portes qui claquent et la minceur de ses personnages, le foot pro est plus proche du théâtre de boulevard que des drames de Shakespeare.
Roulez jeunesse
Le consensus règne donc à nouveau, avec des conséquences immédiates. Alors que l'on croyait que le projet d'une D1 à vingt clubs resterait une velléité sans suite, le voilà fort bien lancé, sur la foi du sondage lancé par Gervais Martel auprès des clubs professionnels. Une commission va plancher sur son éventuelle application pour la saison 2002/2003, en évitant d'aborder des sujets comme la surcharge des calendriers ou la pression physique sur les joueurs. La réduction du championnat à 18 clubs avait été décidée dans le but premier de préserver les internationaux français. Ceux-ci jouant désormais majoritairement à l'étranger, cette intention n'a plus guère de sens, mais les avantages d'un championnat resserré sont aussi évidents que les motivations d'un retour à vingt clubs : recettes de billetterie et droits télé en hausse, risques moindres de relégation… On préférera le système italien, à dix-huit clubs et quatre relégués, qui insuffle à l'élite une tout autre dynamique sportive.
Les bas morceaux du gâteau
Les droits de télévision du championnat de France n'ont pas été attribués pour l'émission dominicale qu'anime actuellement l'équipe de Téléfoot avec le brio qu'on lui connaît. Les offres de TF1 et M6 ayant été jugées très insuffisantes (60MF pour TF1, soient 10MF de moins qu'actuellement, très loin de l'objectif de 150MF), les négociations vont reprendre, et c'est Noël Le Graët, vraiment de retour, qui a été mandaté par la Ligue pour tenter de trouver une solution. Notre offre de service est donc plus que jamais d'actualité (Les Cahiers reprennent Téléfoot pour le franc symbolique).
Par contre, les droits pour l'émission du lundi soir échoient à France Télévision (c'est Charles Biétry qui doit être content) plutôt qu'à L'Equipe TV (c'est Didier Roustan qui doit être déçu), en l'échange de 40MF. France 3 diffusera ce nouveau programme entre 20h15 et 20h50. Est-ce que Patrick Montel en sera?
La commission marketing de la Ligue s'est également débarrassée d'un lourd fardeau en cédant à Sport+ (filiale de Canal+) l'exploitation des droits du championnat pour l'étranger, pour un montant de 50MF. Il y a du boulot pour vendre le produit chez nos voisins, mais après tout, il est beau, notre championnat.