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La Ligue nationale de foot a rénové son site web, avec six bons mois de retard. C'est peut-être la seule réalisation concrète des nouveaux dirigeants depuis leur arrivée. Mais notre déception est terrible, puisque la rubrique "présentation de la Ligue" est toujours aussi désespérément indisponible. Rien sur le président, les vice-présidents, les Commissions de discipline, d'appel ou juridique, rien sur le "bureau"… On vous en reparle tous les deux mois, et il semble bien que cela doive continuer.

En rouge et noir, j'afficherai mon cœur
Restons sur le réseau, avec une visite pédagogique du site du Stade Rennais (www.staderennais.fr). Elle commence mal, avec le bandeau de titre du site, qui accole le blason du club avec le logo "PINAULT" sur le maillot d'un joueur qui passe là par hasard. Une sorte de publicité subli-minable. Il y a aussi un concours pour écrire le nouvel hymne du club, sur une musique d'Alan Stivell, parrainé par la Fnac (décidément on sait faire jouer les synergies dans le groupe Pinault).
Mais notre regard se porte d'instinct sur la rubrique "Entreprises", belle comme une brochure sur papier glacé, qui propose des prestations en tous points remarquables:

Des Prestations VIP sont réservées aux entreprises pour inviter clients, collaborateurs ou prospects et effectuer des Relations Publiques efficaces (parking privé, accès direct, hôtesses d'accueil, cocktail dans les salons du Stade, places centrales, personnalisation...).
La Loge Prestige : (12 places)
La Loge Prestige, constituée d'un salon fermé et d'une terrasse privée, est le plus luxueux des Espaces VIP du Stade Rennais. C'est un lieu privatif prestigieux pour des Relations Publiques de haut niveau.
La Loge Open : (9, 12 ou 15 places)
La Loge Open, constituée d'un salon semi-fermé et d'une terrasse privée, représente le haut de gamme des Espaces VIP du Stade. C'est un lieu privatif pour des Relations Publiques conviviales. Les Balcons Présidentiels : (490 places)
Véritable " carré VIP " attenant à la Tribune des Officiels, les Balcons Présidentiels ont un accès direct au Grand Salon Panoramique et à toutes ses prestations.
Le Cercle des Hermines (256 places)
Cercle composé d'ambassades de la région, réservé aux Chefs et Dirigeants d'entreprises, aux Professions Libérales et aux Commerçants. "Rouge et Noir, ensemble pour la Victoire! "
L'Espace Entreprises : (300 places)
Le meilleur de la Tribune Carrefour-Lorient, l'Espace Entreprises est un lieu de rencontres conviviales entre sociétés. Il permet de partager de bons moments de football en toute décontraction.
Le Club Privilège : (228 places)
Le Club Privilège est un lieu sympathique où vous pourrez profiter avec vos invités de l'ambiance des matchs.

Vous, on sait pas, mais nous, on irait bien au Cercle des Hermines, ça a l'air d'être chaud. Notons que chacun a sa loge, selon la caste à laquelle il appartient et le degré de gratification auquel il a droit, mais que tout est placé sous le signe de la convivialité. Les tarifs ne sont pas communiqués. Quelques photos montrent des intérieurs moches avec mobilier d'entreprise, néons et plafonds en placo.
Mais il ne faut pas s'y tromper, les dirigeants comptent beaucoup sur ce type d'infrastructures, qui figurent au premier rang des rénovations qu'ils entreprennent dans les stades. Leur rentabilité est garantie, et elles constituent un merveilleux outil de relations publiques et de lobbying pour nos actionnaires majoritaires. S'ils pouvaient mettre des loges dans toutes les tribunes, voire à la place des tribunes, ils n'hésiteraient pas longtemps. Au moins, le public ne serait pas du genre à jeter des projectiles sur les arbitres (de toute façon, avec la vitre, ils ne pourraient pas) ou à faire le tour du stade pour se faire un ou deux Turcs.
Tiens en passant, vous savez comment s'appellent les tribunes du Stade de la route de Lorient? Carrefour, Pinault-Printemps-Redoute, Ouest-France et Ville de Rennes. C'est beau, c'est poétique, ça honore les grands noms du passé…

Blayau attaque la Ligue
On ne va pas quitter Rennes aussi vite… La majorité actuelle à la Ligue a vu tout récemment apparaître une opposition qui pourrait bien s'affirmer lors de la prochaine assemblée générale du 14 juin à Sochaux. c'est Pierre Blayau, vice-président de Rennes et ancien patron de Moulinex qui semble décidé à organiser la résistance, sinon à se porter tout de suite candidat à la succession de Bourgoin (entretien, Le Monde du 14 mars). Déçu de la première heure, Blayau s'était estimé floué par les conditions troubles de l'élection de juillet, alors qu'André Soulier était le candidat du "clan Aulas". Il attaque aujourd'hui le programme irréaliste et irréalisé de la nouvelle équipe dirigeante, dénonce le chaos actuel du championnat et accuse Aulas de mener la Ligue à sa perte : "Jean-Michel Aulas se bat depuis quinze ans à la tête de l'OL. La réussite de ce club lui appartient. Je lui tire mon chapeau. Cela n'interdit pas de dire que je ne comprends pas son rôle de vice-président délégué à la Ligue. Il prend des risques à s'exprimer dans cette fonction et fait prendre des risques au football professionnel. Il est à l'origine de la crispation actuelle. Son action vouée à la modernisation des instances, ce qui était légitime, a abouti à une catastrophe et au discrédit de la Ligue. ".
La précédente assemblée générale (le 23 février), marquée par la démission d'Alain Bompard du Conseil d'administration, avait donné lieu à un repli en rase campagne des opposants présumés (lesquels comme Jean-Pierre Hureau s'étaient pourtant exprimés avec virulence auparavant). Celle de juin prochain pourrait avoir quatre sièges à pourvoir au CA, trois par le biais des relégations et une du fait du départ de Guy Roux de l'UNECATEF (qui envoie deux représentants à la Ligue). Blayau annonce clairement qu'il va "préparer" l'assemblée et tâcher de constituer un "mouvement d'opposition".
Il ne faut cependant pas prendre Pierre Blayau pour le chevalier blanc. Proche de Pinault, spécialiste du plan social, ce n'est pas exactement un collectiviste, même s'il se déclare aujourd'hui contre la remise en cause du système de répartition solidaire des droits de télévision. Il profite de l'extrême faiblesse de la LNF et des critiques qui s'abattent aujourd'hui sur elle, et d'une situation où elle ne semble plus gérée, ni gérable. Mais parviendra-t-il à fédérer suffisamment de dirigeants? Et Noël Le Graët, maintenant qu'il est réélu à Guingamp, sortira-t-il de la forêt de Brocéliande lui aussi?

Roux bouté hors de l'UNECATEF Guy Roux est sur le mode du coïtus interruptus depuis quelques mois. Après avoir abandonné ses responsabilités sportives à Auxerre, il se retire cette fois de l'UNECATEF (Union nationale des entraîneurs et cadres techniques français), acculé par la fronde menée par Raymond Domenech. L'entraîneur des espoirs était monté au créneau pour jeter une volée de bois vert sur le dirigeant, qualifié d'autocrate —notamment pour n'avoir plus convoqué d'assemblée générale depuis quatre ans— et accusé de gérer l'instance par téléphone pour sa "gloire personnelle" (L'Equipe, 13 mars). Domenech avait, lui aussi, préparé sa campagne, en incitant les entraîneurs à adhérer massivement et à lui signer des pouvoirs ("J'ai récupéré des tas d'entraîneurs" confiait-il dans un style pas très délicat). Le comité directeur n'a pas procédé à l'élection du nouveau président, mais Joël Muller est fortement pressenti.
On se demande comment ce désaveu est vécu par le Bourguignon volant, qui s'était assuré de belles rentes politiques et médiatiques au cours de sa carrière active, et dont la popularité semble aujourd'hui en forte baisse.

(every kind of) people
Dans son incessante recherche de la définition de la vulgarité, TF1 a joué le contraste maximum en mettant côte à côte Jean Djorkaeff (la dignité), et Jean-Luc Reichmann (la lourdeur), à l'occasion du tirage de la Coupe de France dimanche. On en était gênés pour eux.