Chaque équipe a donc disputé son deuxième match. Sans forcément convaincre, le Cameroun et le Sénégal ont confirmé leur rang de mondialistes en assurant leur qualification pour les quarts de finale de la CAN 2002 dès la deuxième rencontre de poule. Ce n’est pas le cas de la Tunisie qui a subi le réveil égyptien, défaite 1-0, tandis que le Nigeria et surtout l’Afrique du Sud sont toujours à la peine (0-0 pour leur seconde sortie). Il est vrai que les coéquipiers d’Okocha ont eu fort à faire face à des Maliens désireux de montrer leur ambition et qui se sont procurés les meilleures occasions, dominant la seconde période notamment. De leur côté, les Bafana Bafana ne parvenaient toujours pas à marquer le moindre but face à des Ghanéens pourtant en crise depuis le départ de Kuffour.
Grâce au nul 2-2 entre le Liberia et l’Algérie, cette seconde série de matchs relève le niveau de buts de la compétition, mais on n’a toujours pas assisté au moindre carton. Preuve du niveau des défenses (voir la précédente Gazette de la CAN), mais aussi des gardiens de but dont certains ont réalisé des arrêts de grande classe. On distinguera notamment les Togolais Kossi Agassa et Tunisien Chokri el Ouaer.

Liberia : du jeu malgré des enjeux extra-sportifs.
Le Liberia sait prendre l’avantage, mais le cède en fin de mi-temps. Ce nouvel adage s’est encore avéré lors du dernier match des coéquipiers de Mister George. Mais il est vrai que ce deuxième match nul concédé in extremis reflète plus justement une partie animée par des Algériens qui gardent l’espoir de se qualifier. Les Libériens joueront ainsi leur qualification contre le Nigeria, dans une sorte de revanche des qualifications pour le prochaine Coupe du Monde, alors que les Maliens tenteront de confirmer face à une Algérie assez convaincante.
La performance des Lone Stars est d’autant plus remarquable qu’elle s’effectue dans des conditions délicates, évoquées dans l’article Chaos libérien?, et qui ne s’arrangent pas au fil de la compétition. Tout d’abord, le conflit sur les primes de match a repris. La Fédération libérienne est revenue sur les engagements pris pour éviter un boycott de la CAN 2002 par les joueurs, en ne proposant plus qu’une prime de 6.500$ par rencontre au lieu des 15.000$ promis. Comptait-elle une nouvelle fois sur la générosité de Weah pour combler le manque? Ou bien est-ce une nouvelle manœuvre pour nuire à la popularité des Lone Stars et de leur joueur emblématique? Un peu des deux vraisemblablement, et il a fallu une intervention aussi discrète qu’efficace de la Confédération africaine de football pour mettre fin au différend.
Plus grave, George Weah a réaffirmé craindre pour sa vie s’il retourne vivre dans son pays. Les événements graves qui s’étaient produits l’an passé à la suite d’une défaite contre le Ghana (maison incendiée notamment) l’ont fait réfléchir à une expatriation aux Etats-Unis. Mister George est persuadé que sa popularité et ses anciennes amitiés avec Samuel Doe font de lui une cible pour la mouvance du Président Charles Taylor. "Ils ont déjà brûlé ma maison, a-t-il déclaré à l’AFP. Ils ont pris possession de mes deux boutiques. Le pays n’est pas sûr, je ne veux pas qu’il m’arrive quelque chose avant que mes enfants n’aient grandi. J’ai peur, je ne me sens pas en sécurité". Le gouvernement libérien a réfuté ces accusations par l’intermédiaire du Ministre de l’information, Reginald Goodridge. Charles Taylor s’est ainsi déclaré choqué plus qu’en colère, et offrirait une protection spéciale à Weah, qu’il considère comme un ambassadeur du pays. Déclarant que le pays est une démocratie, Goodridge rajoute que Weah serait libre de s’investir dans le champ politique. La lecture des rapports d’Amnesty International sur la réalité de cette démocratie incite à comprendre la position de George Weah.

Ikpeba veut revenir à son meilleur niveau
Au début de la compétition, l’ancien attaquant monégasque Victor Ikpeba espérait relancer sa carrière grâce à la CAN, pour ainsi conjurer un mauvais sort qui vit son tir au but valable refusé lors de la finale précédente contre le Cameroun. Il compte également effacer ses récents échecs au Borussia Dortmund et au Betis de Séville en retournant peut-être à Liège, mais cette fois au Standard, qui joue le titre du championnat belge cette année (Ikpeba débuta sa carrière européenne au FC Liège). Ses prétentions salariales bloquent le transfert pour l’instant.
Le Joueur Africain de l’année 1997 n’a en effet jamais réussi à trouver sa place au sein de l’équipe allemande, marquant seulement deux buts en vingt-et-un matches lors de sa première saison, et n’apparaissant plus que rarement ensuite. Le championnat espagnol ne lui a guère mieux réussi, mais il l’a abordé amoindri physiquement, ne jouant que quelques quinze petites minutes.
A ses détracteurs qui doutent de son retour au plus au haut niveau, l’attaquant âgé de vingt-huit ans répond : "Je suis un survivant. Je suis toujours sorti meilleur et plus fort de toute situation, et je ferai de même cette fois-ci". Malheureusement pour Ikpeba, qui n’a pas été sélectionné depuis le 13 janvier 2001, l’entraîneur des Super Eagles, Shuaibu Amodu, ne lui a pas redonné une chance lors des deux premières rencontres.

Conseil du jour
Si vous n’avez pas Eurosport, ou que les commentaires de cette chaîne vous ennuient, sortez dans un restaurant africain suivre le match. Cameroun-Côte d’Ivoire valait le déplacement, par exemple. Quelques Ivoiriens chambreurs mettaient la pression sur les habitués Camerounais qui s’inquiétaient pour la suprématie des Lions Indomptables à mesure que les Eléphants chargeaient vaillamment, mais stérilement. L’inévitable M’Boma soulageait in extremis la majorité de l’assistance, tandis que les quelques Ivoiriens qui avaient cru à la fin du mauvais sort, fondaient en larmes.

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