La gazette de la CAN
Mais où sont les buts ?
Il ne fallait peut-être pas interdire les marabouts d’entrée de stade. Résultat, ils se seraient ligués pour jeter un sort effroyable sur la compétition, en la privant presque de buts: cinq réalisations en huit matches, alors qu’il y a deux ans, lors de la précédente édition, on en comptait déjà vingt-et-un.
Plus sérieusement, l’état des terrains ne se prête pas à un football offensif de qualité. Les pelouses sont trop sèches, et les faux rebonds donc nombreux... Lundi, par exemple, trois attaquants nigérian, ghanéen et zambien en position idéale, ont été déstabilisés par une motte capricieuce. La chaleur n’aide pas non plus à réussir les gestes techniques. D’autant plus que certains attaquants, comme Bakayoko ou Nonda ne sont pas arrivés au Mali en pleine confiance. En outre, peu d’équipes ont pu travailler leur jeu en raison de préparations perturbées (CAN 2002 : une nouvelle étape pour le football africain?).
Cependant, il faut aussi porter une partie de cette pénurie de but au crédit des défenses africaines qui ont accompli des progrès certains. Le Ghanéen Kuffour (Bayern Münich), le Marocain Naybet (Deportivo La Corogne) et le Tunisien Trabelsi (Ajax Amsterdam), par exemple, font référence en Europe. Plus généralement, les défenses ont beaucoup amélioré leur collectif, notamment au niveau du placement et du soutien. Roald Poulsen, entraîneur du Ghana, confirme: "le temps du football africain ‘naïf’ est révolu". Comme la plupart de ses collègues, il avoue avoir choisi le résultat avant le spectacle. N’oublions pas non plus que dans ce genre de compétition continentale, les meilleures équipes montent en puissance au fur et à mesure pour être au top au moment des tours à élimination directe.
Les disparus du premier tour
Les sélections n’ont joué qu’un match, et pourtant plus d’une demi-douzaine de joueurs sont déjà forfait, pour cause de blessure ou pour des problèmes de comportement. Dès avant la compétition, deux joueurs de l’équipe de Zambie ont été atteints par la malaria. L’un deux a tout de même pu rentrer en cours de match contre la Tunisie. L’Egyptien Hossam Hassan a été sélectionné blessé à la jambe, mais devrait bientôt pourvoir être aligné. L’Algérien Omar Belbei, évacué en ambulance à la suite d’un choc à la tête lors du match contre le Nigeria, a eu plus de peur que de mal, et devrait pouvoir reprendre la compétition, mais peut-être pas au prochain match. Pas de chance pour le capitaine sud-africain, Shaun Barlett (Charlton), qui s’est blessé lors du match nul contre le Ghana. Tout ça pour rien, doit penser le joueur de Premier League qui a mis tant de mauvaise volonté à faire le voyage au Mali. Au contraire de son "compatriote" marocain Ouaddou (Fulham) qui ne fit pas de difficulté pour accepter sa sélection, mais se fait déjà exclure après une bagarre avec des coéquipiers. L’Egyptien Saïd s’est également fait évincer pour des raisons de comportement qui n’ont pas été divulguées.
Plus violent et médiatique est le brusque départ de Kuffour (Bayern). Déjà, la préparation avait été pour le moins tendue entre la star ghanéenne et un entraîneur africain, Osam-Duodu, réclamant les mêmes égards qu’un coach européen. Après avoir critiqué violemment le sélectionneur vétéran au micro de la BBC, le Munichois n’a dû sa sélection pour la CAN qu’à ses excuses publiques. L’origine du conflit se trouve dans un autre clash entre Duodu et l’ancien capitaine CP Akonnor, ami de Kuffour qui prit sa défense, refusant de reprendre le brassard. Malgré une tentative d’union sacrée pour la CAN, il n’y a pas eu de réconciliation. Ainsi, le match nul sans saveur contre le Maroc, s’il n’a pas hypothéqué les chances de qualification pour le tour suivant, a surtout montré une équipe sans beaucoup de cohésion. Osam-Duodu attribue donc cette mauvaise ambiance à l’influence "néfaste" de Kuffour, et n’a pas hésité à exclure sa vedette de l’équipe. Une fois le défenseur du Bayern parti du camp ghanéen, les autres joueurs ont été réunis et mis le pied au mur : rester ou partir avec Kuffour. Contre toute attente, aucun ne choisit de suivre leur partenaire. Dans l’adversité, le Ghana se ressoudera-t-il ou implosera-t-il complètement?
Plus soudain encore est le départ subit du Congolais Shabani Nonda. Soupçonnant avoir contracté un virus, le joueur est rentré immédiatement à Monaco pour continuer, semant la confusion dans une délégation de RDC qu’il n’a pas pris la peine de prévenir de sa décision. Les uns, comme le coach Louis Watunda, affirment qu’il sera de retour après ses examens médicaux, tandis que d’autres officiels congolais ne se font pas d’illusions, sous-entendant qu’un conflit avec l’entraîneur serait la véritable cause de ce départ précipité. Toujours est-il que tant que la RDC n’est pas éliminée de la CAN, Monaco prendrait un risque important en alignant Nonda en championnat: perdre les matches concernés sur tapis vert. Le joueur s’exposerait également à une sanction qui peut aller jusqu’à la suspension.
Okocha n’y croit plus
Le déroutant dribbleur nigérian a le blues, et parle de mettre un terme à sa carrière international à l’issue de la prochaine Coupe du Monde. Lui qui est un élément clé des Brésiliens du continent africain est quelque peu découragé de voir son équipe stagner. "Ce sera peut-être ma dernière Coupe du Monde. Je suis en équipe nationale depuis neuf ans maintenant, et tant de choses n’ont pas bougé depuis. C’est démotivant de voir les choses n’ont pas bougé depuis, donc cette année, ça sera peut-être ma dernière Coupe du Monde". 2002 sera l’année des changements pour Jay-Jay, car il avoue penser de plus en plus à un départ du PSG pour la Premier League anglaise.
Bréviaire de poche
Bagayoko, attaquant du Mali et de Strasbourg, a manqué pas mal d’occasions. Baka ou Baga, ce doit être leur yoko qui est maladroit.
Aide au développement : L’Etat français a participé au financement des stades de la CAN. Et Metz a fourni la pelouse?