La Gazette : 28e journée
Alors que, pour seulement la deuxième fois de la saison, l'OL ne rajoute pas de marche au classement en relief, son dauphin bordelais n'en profite pas vraiment en n'avançant que d'une case, à la suite d'un nul contre la lanterne grenat... Preuve que le complot anti-lyonnais cafouille encore.
Du coup, Lille et Auxerre victorieux reprennent deux points aux Girondins et consolident leurs troisième et quatrième places. L'OM joue à saute-mouton et se repositionne tandis que Le Mans, défait à domicile par Saint-Étienne, fait du surplace. Lens et Paris recollent...
Derrière, Nice, Nancy et Monaco n'avancent pas d'un iota et Rennes en profite pour s'immiscer avec une victoire qui soigne son goal-average autant que son amour-propre.
Le gruppetto composé de Nantes, Toulouse et Sochaux semble avoir recollé au peloton, mais Troyes affole ses supporters et excite les Strasbourgeois qui se voient déjà leur refiler leur place de reléguable. Les Aubois constituent également le principal motif d'espoir pour Ajaccio et Metz...
Les résultats de la 28e journée
Strasbourg-Troyes : 2-0
Auxerre-Toulouse : 2-0
Marseille-Nice : 1-0
Lens-Ajaccio : 1-0
Bordeaux-Metz : 3-3
Nantes-Paris-SG : 0-0
Lyon-Rennes : 1-4
Nancy-Sochaux : 0-3
Monaco-Lille : 0-1
Le Mans-Saint-Étienne : 0-1
D'une pierre blanche
On a tendance à dire que notre Ligue 1 ronronne et s'avère, journée après journée, aussi prévisible qu'un rapport amoureux du samedi soir après quinze ans d'union (avec à peu près autant de spectacle). Et là, pour cette 28e journée, on assiste à trois matches à plus de trois buts, dont un 3-3 qui met le rouge aux joues de la meilleure défense du championnat et une volée infligée aux leaders par les éternels losers rennais. Strasbourg et Sochaux enchaînent deux victoires. Le Gym se fait candidat à l'Europe. Chamakh inscrit deux buts et Utaka deux triplés en deux matches. L'OM joue avec cinq joueurs offensifs (dont un attaquant présumé, voir ci-dessous)...
À la veille de la remise du "rapport Hidalgo" qui préconise différentes formules de bonus offensifs ou anti-0-0, ce brusque accès de fantaisie tombait à point nommé.
Joies du banc
Propulsé dans le groupe professionnel des Girondins lors de la prise de fonction de Michel Pavon, Rio Mavuba s’était très vite imposé comme un pilier de la formation bordelaise. Au point que le jeune milieu récupérateur avait enfilé les matches comme les perles, disputant soixante parties consécutives dans leur intégralité. Depuis le début de l’année 2006, le Bordelais a pourtant dû se réhabituer à tâter du banc: lors des sept dernières rencontres, il n’a ainsi été titularisé qu’à deux reprises, et remplacé à chaque fois à vingt-cinq minutes du coup de sifflet final. Il a même été totalement privé du choc contre l’OL à Gerland...
On aurait pourtant tort de conclure à la disgrâce du prodige aquitain. Comme l’ensemble des joueurs du milieu de terrain et de l’attaque girondine, Mavuba a tout simplement été intégré au turn-over mis en place par Ricardo depuis le début de saison. Le technicien brésilien fonctionne par phase, et chaque membre de l’effectif (hors défense) connaît ainsi des périodes "in" et "out". Un mode de fonctionnement qui permet de maintenir la pression sur les "titulaires" et de concerner les "remplaçants", tous sachant que leur heure de rejoindre ou de quitter la pelouse viendra à un moment ou un autre.
David Berger a suivi la formation "Scénographie télévisuelle appliquée à l'interview de footballeur", mais le résultat n'est pas très concluant.
Une "affaire Govou" après l'affaire Abidal !
Constatant la luxation de l'épaule de Sidney Govou, qui s'est produite chez des amis à cause d'une glissade, et déplorant les semaines d'indisponibilité qui en résultent, la direction de l'Olympique lyonnais a décidé de poursuivre lesdits amis devant le Tribunal de grande instance de Lyon, pour utilisation abusive de leur salarié, dommages causés à celui-ci ayant entraîné une incapacité de travail et préjudices infligés à son employeur.
"Il est hors de question que des joueurs sous contrat effectuent la moindre dépense physique à risque durant leurs périodes de loisir, au détriment de leur employeur", s'est exclamé Marino Faccioli, le directeur administratif du club. "Il ne s'agit d'ailleurs pas que de dépense physique, mais aussi d'influx nerveux, de concentration: un joueur professionnel doit tout réserver à son club", a-t-il ajouté, tandis que Bernard lacombe renchérissait: "Les joueurs doivent comprendre qu'ils nous appartiennent corps et âme. Nous envisageons d'ailleurs de construire une cité fermée, attenante au futur stade, dans laquelle l'effectif sera logé et confiné, mais aussi placé sous une surveillance totale, aussi bien physique que psychologique ou alimentaire".
Élevé par l'audace
Il s’est passé ce dimanche un évènement assez original pour être souligné. Jean Fernandez étant hospitalisé à cause de complications suite à une gastro-entérite – c’est dire si les matches de l’OM sont habituellement chiants –, c’est Albert Emon (ou alors José Anigo avec son talkie-walkie) qui a pris les rênes de l’équipe. Alors qu’on aurait pu s’attendre à une certaine frilosité de la part de l’éternel intérimaire phocéen, gérant discrètement les acquis du titulaire, ce dernier s’est permis une petite révolution en titularisant d’entrée cinq joueurs à vocation offensive (Nasri, Ribéry, Pagis, Maoulida et Niang) devant un seul récupérateur et une défense à quatre.
Le résultat fut pour le moins impressionnant. On a assisté au Vélodrome à un des matches les plus plaisants de la saison, même si le léger déséquilibre de l’équipe fut corrigé à la mi-temps avec la sortie d’un Niang bakayokesque pour l’entrée d’Oruma. Et même si les rouge et noir ont réussi à placer quelques contres malheureusement mal négociés, la domination de l’attaque marseillaise fut bien plus importante que le score pourrait le laisser entendre. Principalement grâce à un Ribéry retrouvé, décidemment bien plus décisif quand il n’est pas isolé devant.
La théorie d’une L1 bloquée par la peur des entraîneurs de perdre leur place reprend du poil de la bête: Emon (ou le gars qui tenait l'autre talkie-walkie) avait probablement peu de chances de perdre la sienne le temps d’un intérim de deux matches...
Allez le Racing !
C'est le cri du cœur que nous aurions envie de pousser si la fréquentation du RC Strasbourg n'était si compromettante, ou porteuse de scoumoune transmissible sur plusieurs générations. À la surprise quasi-générale, il apparaît aujourd'hui que Strasbourg n'est pas encore en L2. Au point qu'il devient de moins en moins hilarant d'envisager le maintien des hommes de Duguépéroux, à l'entame d'un long sprint final déterminant.
Troyes cahotant est désormais à portée de fusil, et la forme, parfois même l'audace, affichées par le Racing en UEFA, semblent finalement indiquer le niveau réel d'une équipe tout de même décapitée – en six mois seulement excusez du peu –, de son duo d'attaque prolifique de la saison dernière. Si les ligaments croisés du jeune Gameiro (sensationnel depuis qu'il est utilisé en équipe première), n'avaient pas cédé ce week-end à Troyes, on en deviendrait même franchement optimistes.
Et cette fois, nul recours au joyeux Gilbert Gress ou à tout autre sauveur patenté ne fut envisagé, malgré la tourmente… Méthode suffisamment rare pour aviver la sympathie.
Spectacle mortellement ennuyeux, la L1 peut vous faire vieillir de trente ans en quatre-vingt dix minutes.
Sujet de la rédaction de la semaine
Le lundi 30 avril 2006 sur le coup d'une heure du mat', vous êtes coincé dans un embouteillage au péage de Saint-Arnoult, votre voiture se retrouve prise en sandwich entre, à gauche : un mini bus WV des Tigris Mystic et, deux voitures visiblement remplies d'indépendants Boulonnais à tribord. Ces joyeux équipages reviennent d'un déplacement du PSG au stade de la Route de Lorient.
Au gré de la progression des trois files et d'ici les quatre-cents mètres qui vous séparent du paiement du ticket libérateur, milles émotions, et deux trois réflexions relatives au sens de la vie, à l'arbitrage système audio / crash test dans le choix de votre véhicule, ou à l'opportunité des week-ends de ballades sur les chemins de douaniers bretons, vont assurément vous gagner.
Contez-nous tout cela en 1500 signes (espaces compris).
Vive le Roy
Enfin, terminons sur un double hommage : à Roy Contout, "espoir" du FC Metz, et au légendaire fil messin du forum des Cahiers ("Tu sais ce qu'il te dit Casimir ?!"), sur lequel on a justement pu lire cet épître :
Tricky - mardi 28 février 2006 - 10:39
« Roy Contout : trois syllabes qui font soupirer d'envie les recruteurs des plus grands clubs européens. C'est au FC Metz que celui qui allait révolutionner le jeu de football du vingt-et-unième siècle en réinventant le football total au travers du poste d'attaquant défensif s'est révélé au monde. International français, adulé par l'ensemble des amateurs de football champagne à travers le monde, la Légende – comme il a été rapidement surnommé par les médias alternatifs les plus puissants de la planète pour son incapacité maladive à scorer en match officiel –, a, entre autres faits d'armes notables, profité d'une faille spatio-temporelle sans précédent pour inscrire son premier but en Ligue 1 Orange-Renault Trucks, le 25 février 2006 »