La Gazette : 24e et 25e journées
La décantation amorcée en janvier semble se confirmer avec des Bordelais qui consolident leur deuxième place en dépit (ou grâce à) un jeu d'une tristesse morfondante. Auxerre et Lille s'accrochent aux places européennes provisoires malgré leurs défaites lors de la dernière journée. Le Paris-SG évite de les menacer en alignant deux nuls consécutifs (on ne parle pas là de son flanc droit), glanant tout juste de quoi devancer un OM qui présente exactement le même bilan que lui (à la différence de buts près, donc).
Derrière, on joue mollement des coudes pour voir le soleil à défaut de s'y faire une place. Mention spéciale à Toulouse qui a glané sept points en trois matches et se fond donc dans le confort relatif du ventricule émollient, tandis que Sochaux et Troyes font de leur mieux (c'est-à-dire peu) pour se convaincre que l'AC Ajaccio ne leur fond pas dessus tel un aigle vengeur.
Les résultats de la 25e journée
Nice-Lille : 2-0
Lens-Strasbourg : 2-1
Toulouse-Nantes : 1-0
Ajaccio-Auxerre : 1-0
Paris-SG-Saint-Étienne : 2-2
Lyon-Bordeaux : 0-0
Sochaux-Le Mans : 0-0
Rennes-Monaco : 1-3
Troyes-Marseille : 0-1
Metz-Nancy : reporté
Les résultats de la 24e journée
Lille-Metz : 3-1
Auxerre-Rennes : 2-0
Bordeaux-Lens : 1-0
Le Mans-Toulouse : 1-1
Marseille-Sochaux : 0-0
Nancy-Ajaccio : 0-0
Monaco-Lyon : reporté
Nantes-Troyes : reporté
Saint-Étienne-Nice : reporté
Strasbourg-PSG : reporté
Matches en retard
Saint-Étienne-Toulouse : 1-3
Strasbourg-Paris-SG : 1-1
Jamais une bâche n'abolira l'hiver
L'an passé, une météo clémente avait permis à la Ligue 1 de passer les semaines de janvier et de février sans trop d'encombre, en dépit de la traditionnelle surcharge du calendrier. Dans ce créneau de cinq semaines sans journées de coupes d'Europe, la LFP a en effet pris l'habitude de caser un maximum de dates de championnat et de coupes nationales...
Manque de pot, cette année, les frimas sont rudes et ont occasionné une série de reports. Réaction de la Ligue : sermonner les clubs en vertu de son nouveau règlement qui les oblige à disposer d'un "système de protection du terrain contre la pluie, la neige ou le gel", sous peine d'écoper d'amendes de 40.000 euros en cas d'annulation de rencontre (et de sanctions sportives en cas de récidive). Problème: insuffisante à Saint-Étienne, la bâche s'est envolée à Monaco sous l'effet des bourrasques. Et même quand elle s'avère efficace, elle ne fait rien pour le confort de spectateurs appelés à subir le spectacle de la L1 par plusieurs degrés au-dessous de zéro...
Alors qu'une vague polémique se crée sur le niveau d'équipement des clubs français, L'Équipe lance un grand débat de société: faut-il jouer l'après-midi? Le plus triste, c'est que personne n'envisage une seconde la seule solution viable, à savoir l'allègement des calendriers – qui commencerait fort bien avec l'abolition d'une Coupe de la Ligue qui va encore nous offrir une affiche de légende, dans l'indifférence générale de la France non-niçoise et non-nancéenne...
La L1 en eaux stagnantes
On pourra empiler les comparaisons entre le nombre de buts marqués en L1 et n’importe quel autre championnat européen, on manquerait une des raisons principales de l’ennui que provoque dans les chaumières le championnat de France: il ne s’y passe jamais rien.
Arrivée aux deux tiers de sa conclusion, la L1 présente un visage étrangement similaire à celui qu’elle proposait au terme de son premier tiers. Un rapide coup d’œil sur le tableau ci-dessous – même sujet à modification après le rattrapage des matches en retard – suffit à montrer que les rares mouvements importants dans le classement se limitent à trois équipes, plutôt situées dans le ventre mou, et que les zones les plus chaudes sont en fait d’un immobilisme désespérant.
Places gagnées/perdues depuis la 13e journée | ||
1 | Lyon | 0 |
2 | Bordeaux | 0 |
3 | Auxerre | +2 |
4 | Lille | +2 |
5 | Marseille | +7 |
6 | Paris-SG | -2 |
7 | Lens | +2 |
8 | Monaco | -1 |
9 | Le Mans | +1 |
10 | Saint-Étienne | -7 |
11 | Nice | +2 |
12 | Toulouse | +3 |
13 | Nancy | -1 |
14 | Rennes | -6 |
15 | Nantes | -1 |
16 | Sochaux | 0 |
17 | Troyes | +1 |
18 | Ajaccio | -1 |
19 | Strasbourg | 0 |
20 | Metz | 0 |
Le petit jeu des matches en retard pourrait même voir Saint Etienne, Monaco ou Paris reprendre toute ou partie des places perdues, remettant Auxerre, Lille, Le Mans et Marseille à une position encore plus proche de celle qui était la leur il y a douze journées.
Rien d’étonnant donc à ce que le supporter qui a vu son équipe croupir dans la même zone depuis des lustres finisse par se désintéresser de ce championnat où, à part la "folle" remontée de l’OM de la 20° à la 5° place – qui s’est en fait jouée principalement entre la 5° et la 11° journée – tout semble joué d’avance.
Francky sans famille
Attraction principale du début de saison, Franck Ribéry semble déjà plus passé de mode que le jean taille basse. On annonçait une inévitable baisse de forme, un dégonflement du phénomène, et si ses stats semblent donner raison aux augures, il faut cependant analyser l’événement d’un peu plus près pour s’apercevoir que les raisons de ce relatif retour à l’anonymat sont un peu plus complexes. L’intéressé l’admet lui-même: il a deux fois plus de joueurs à éliminer devant lui depuis le mois de novembre. La L1 n’aime pas les dribbleurs et le leur fait savoir. Ajouté à cela, l’ancien Messin est visiblement orphelin d’Oruma et Taiwo, partis à la CAN. Par la capacité de l’un à mobiliser défenseurs et milieux défensifs, et de l’autre à accélérer sur son côté, ils ouvraient de véritables boulevards à Ribéry qui pouvait faire valoir sa capacité à avaler l’espace.
Ce fut encore plus sensible ce week-end face à Troyes, où à l’absence des Africains s’est ajoutée celle de Nasri, seul autre olympien apte à faire bouger une défense par sa technique. Le meneur marseillais semble cependant capable de faire valoir d’autres qualités: on lui "découvre" ainsi une capacité à conserver et à faire circuler le ballon qui ont fait la différence lors des derniers matches de l’OM pendant lesquels l’équipe phocéenne a du protéger un maigre avantage obtenu en début de match.
Le scénario catastrophe de l’OL…enfin !
Si les dirigeants lyonnais semblent se satisfaire du nul obtenu à domicile, c’est qu’ils sont totalement inconscients que la malédiction voulant qu’aucun club français ne gagne un cinquième titre d’affilée est en train de s’abattre sur eux. Déjà fragilisés par une infirmerie qui ne désemplit pas, l’OL risque encore perdre deux joueurs suite aux blessures conjuguées de Tiago et Monsoreau. Obligés de titulariser un Pedretti déprimé et déprimant (une fois de plus laissé sur le banc dimanche au profit de Jérémy Clément), les Lyonnais vont peut-être de se retrouver confrontés à d’insurmontables problèmes d’effectif au moment où la Ligue des champions et la Coupe de France, objectifs annoncés du club, battront leur plein.
Gérard Houllier – avec ses problèmes de riche – est peut-être en train de payer un turnover insuffisant dans la première partie de la saison. Car son obstination à titulariser le meilleur onze possible depuis août n’est probablement pas étrangère à la cascade de blessures subie par les Rhodaniens. Et vu le nombre de matches joués par Cris (plus de trente), Wiltord, Govou, ou Diarra jusqu’à maintenant, on peut légitimement s’inquiéter pour eux. Quant au retour annoncé d’Abidal, il n’y fera rien : il se blessera à nouveau lors du prochain match des Bleus en mars.
Compteurs gelés
Au rythme où vont les choses, la Ligue 1 pourrait proposer, en fin de championnat, l'un des pires classements des buteurs jamais vus lors des dix dernières saisons. Avec quinze unités au compteur, seul le Parisien Pauleta semble en effet pouvoir tenir son rang de goleador, et même envisager de battre son propre record de buts inscrits sur une saison avec le club de la capitale. Derrière, c'est l'hécatombe. Deuxièmes ex-aequo de ce classement des meilleurs scoreurs, Luyindula et Cousin, avec neufs buts, ne pourront atteindre le total actuel du buteur portugais sans booster significativement leur efficacité d'ici à la fin de la compétition. Si tel n'était pas le cas, ce serait alors une première dans le football moderne français de voir un "vice-pichichi" incapable d'émarger à quinze réalisations en fin de championnat. À titre de comparaison, sept joueurs avaient inscrit plus de quinze buts en 2004, dont Frei, Frau, Bamogo et Luyindula, qui évoluent toujours dans notre championnat. Ils étaient même dix à l'avoir fait en 1997.
Ce phénomène n'est qu'un indicateur de plus de la frilosité des équipes de Ligue 1: le meilleur buteur du leader n'a que huit unités au compteur, tandis que l'attaquant le plus efficace de son dauphin bordelais n'a inscrit que... trois buts. Même si les fins de saison sont toujours plus propices aux envolées offensives, il faudra mettre un peu plus que les bouchées doubles pour permettre de présenter un bilan honorable au mois de mai prochain...
Duo d'experts sur canapé
Le décompte des buts et des buteurs, justement... Un exercice délicat qui touche aux ego des uns et des autres. On se souvient de la fureur rentrée d'Alexander Frei, la saison passée, quand L'Équipe lui retirait une unité que la Ligue lui accordait. Afin de limiter les dégâts, la Commission d'organisation des compétitions (COC) s'est adjointe deux "experts" qui, par exemple, vont étudier ce jeudi même les images de Paris-SG-Saint-Étienne afin de décider si le second but stéphanois doit être attribué à Helder Postiga ou à Jérôme Alonzo contre son camp.Ce duo, pour être complémentaire, devait logiquement associer un spécialiste du but et un scientifique du ralenti. Alors qui, selon vous, compose cette paire experte?
> Delio Onnis et Claude Lelouch.
> Christian Delachet et le mime Marceau.
> José-Luis Arconada et son professeur de Tai-Chi.
> Jean-Pierre Papin et Philippe Doucet.
> Ibrahima Bakayoko et Gilbert Montagné.
La note interne de Pierre Blayau à Guy Lacombe
Paris, le 8 février 2006
Guy, mon petit Guy,
C’est ton Pierrot qui t’écrit. Voilà maintenant quelques matches que tu officies en lieu et place de Lolo au Camp des Loges et il faut que je t’entretienne d’un truc qui me turlupine une chouille. Alors voilà, lors de mon forcing pour virer ton prédécesseur, j’ai du y aller un peu à la truelle à Téléfoot avec des stat à la mord moil’ (voir la Gazette n°19). Ce qui m’ennuie aujourd’hui, c’est moins notre petit déclassement depuis la trêve – t’arrives, on va pas s’énerver non plus – que le fait que ton score en championnat prend très franchement le contre-pied de mon argumentaire d’alors. Quand je me plaignais d’être passé des quatre premiers matches aux quinze matches suivants de 83% à 47% des points pris (je sais, je sais, c'était pas bien fin), voilà que tu me ramasses une moitié de points face aux mêmes quatre premiers adversaires (je te fais grâce des nuls face à Sainté et Strasbourg). Alors, ce qui serait chou de ta part, ce serait de renverser la tendance d’ici à fin du champ’. J’ai mis mes forces de ventes sur le calcul. 83% c’est pas dur, ça nous fait du 38 points (là, par contre, ça comprend Sainté et Strasbourg – sans rancune). Tu te débrouilles, mais je te rappelle que je me suis quand même un peu engagé devant Gilardi, hein…
Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le pour l'actionnaire.
La bise,
Pierrot.