La Ligue 1 a repris et si certains avaient peur de ne pas la reconnaître, ils peuvent se rassurer: elle a tout fait pour éviter les quiproquos, et si les clubs français ont du mal avec la continuité, leur championnat a multiplié les signes allant dans ce sens: des défaites inaugurales pour les grands losers parisiens et rennais, des promus qui n'ont même pas peur, la locution "À partir de là" résolument prononcée à huit reprises lors des retransmissions du week-end... Et surtout, un OL déterminé à étrangler le suspens de plus en plus tôt dans la saison – cette fois-ci avec une victoire de son équipe dite «B» face à des Nantais pourtant déterminés.

On est donc en terrain connu, d'autant que l'avant-saison avaient placé la barre assez haut, entre un feuilleton Ribéry plutôt épique et un scandale aulassien (avec recours) contre un complot anti-lyonnais qui se matérialise dans un calendrier inique.
Rendons toutefois justice à la Ligue d'avoir innové, sinon dans les concepts, du moins dans les efforts pour emballer le championnat avec de jolis rubans: le challenge de l'offensive et le championnat des tribunes sont deux bidules dont on aura l'occasion de reparler, mais que le nouvel animateur de Jour de foot, Alexandre Ruiz, a d'ores et déjà pris soin de bien présenter comme deux excellentes idées. Ça va mieux entre la Ligue et Canal+, c'est déjà ça.



"C’est donc cela, ce sport qui m’a permis de passer un été tranquille!"


>> Du fait qu'il ne ressemble encore à rien, le Classement en relief ne fera son retour qu'à la troisième journée environ.


Les résultats de la 1ère journée
Bordeaux-Toulouse : 2-0
Le Mans-Nice : 1-0
Lens-Troyes : 1-0
Nancy-Monaco : 1-0
Auxerre-Valenciennes : 1-1
Sedan-Marseille : 0-0
Nantes-Lyon : 1-3
Paris SG-Lorient : 2-3
Saint-Étienne-Sochaux : 1-2
Rennes-Lille : 1-2



Scandale: pas une ligne dans la presse spécialisée sur l'affaire Grégorini!


Tournoi de sixte

Le problème avec Gérard Houllier, c'est que quand il a une idée dans la tête, il ne l'a pas ailleurs. Son habitude est donc de seriner inlassablement les mots d'ordre de la saison. On se souvient, tout au long de l'exercice précédent, de son emploi immodéré de la métaphore armstronguienne des "cols à franchir". L'objectif lyonnais avait pour sa part était répété à satiété au fil des mois: obtenir un cinquième titre consécutif, "exploit jamais réalisé en France". Cette fois, nous sommes prévenus: le but, c'est le sixième titre, "exploit jamais réalisé dans les grands championnats européens". Qu'on se le tienne pour dit.


Départ catastrophique pour l'OL : les survêtements sont très moches.


La banette

Le point de règlement qu'auraient dû évoquer les Girondins
Toute agression sur Poulsen est automatiquement amnistiée (FIFA, art.275 alinéa 12).

La preuve éclatante de la prétention lyonnaise
Le bus de l'OL était trop gros pour entrer dans l'enceinte de la Beaujoire.

Le fan de Johnny
Serge Le Dizet (C+) : "J'ai envie d'avoir envie".

Le ballonnement
Jean Fernandez (L'Équipe) : "On a senti comme une pression qui nous a paralysés".

La défaite par forfait au Challenge de l'offensive
Geoffrey Dernis (L'Équipe) : "On s'est laissé endormir par Sochaux. Ils ont vraiment bien joué le coup".

Le club de patronage
Lionel Mathis (L'Équipe) : "C'est toute l'équipe qui a péché".

La motivation première
Pablo Correa (L'Équipe) : "Il y a toujours, dans le vestiaire, cette envie de faire quelque chose". Un match de foot?

Le coup de pompe
Alain Perrin (L'Équipe) : "J'ai eu peur. J'ai vu mes joueurs regarder leurs chaussures".

Le triplé à la bordelaise
Ricardo (L'Équipe) : "Aujourd'hui, il y a un nouveau sponsor, une nouvelle pelouse et en plus la victoire".

Le pathos un peu précoce
Laszlo Bölöni (L'Équipe) : "Laissez-moi vivre encore!"



Le championnat des tribunes à l'envers


Les Lensois marquent 150 points d'entrée avec ce bel effort pour la promotion des amitiés intrarégionales.



Le PSG fait le travail

Désormais propriété d'un fond de pension américain, le PSG a peut-être tenu, en cette première journée, à marquer une continuité avec l'histoire du club. Surtout, ayant fait de ses déboires un fonds de commerce, le club parisien n'a-t-il pas hésité à commencer la saison avec une sorte de feu d'artifice très estival, histoire de staisfaire très vite la clientèle.
Personne n'a jamais cherché à vérifier si statistiquement le Paris Saint-Germain est, plus qu'un autre club, victime d'anciens joueurs qui reviennent en buteurs (1), mais le doublé de Fabrice Fiorèse a de quoi susciter moultes esclaffades. Il y a quasiment du panache là-dedans. C'est à ce genre de cagades collectives et en public que l'on reconnaît un grand club français.

Le PSG sait faire plaisir à ceux qui comptent sur lui, à tout moment de l'année. Et ce n'est évidemment pas dans que l'on va minimiser l'événement. "Un pied de nez monumental à son ancien club", sous-titre L'Équipe  La veille, un jubilatoire "Le PSG est éternel..." saluait la défaite. Jérôme Touboul est déjà très affûté: "Pour Paris, l'urgence n'est pas loin de rôder". L'espoir aussi: "Et si ce PSG qui assure avoir réunifié son vestiaire (…) n'était au fond qu'un ensemble toujours aussi fragile, capable de se fissurer aisément dès que les discours laissent la place à compétition?"
Le Parisien a entamé sa propre série de comptes-rendus des rencontres estivales du PSG dans son plus pur style: un ton exagérément catastrophiste mâtiné de rumeurs insistantes sur la vie du groupe. "L'inquiétude gagne déjà Paris", paraît-il... Mieux, lundi matin, un gros titre de Une osait: "Le cauchemar". Un choix journalistique parfaitement opportun au lendemain des nouveaux affrontements au Liban...

(1) Un concours qui favorise les équipes dont beaucoup d'anciens joueurs sont partis fâchés (et rarement à l'étranger, faute d'avoir vu leur standing progresser au cours de leur séjour).


Le secret de Guy Lacombe pour tenir à la tête du PSG: l'ecstasy


Encore une bonne promotion ?

L'année passée avait vu les trois promus finir la saison sur des performances plus qu'honorables (Le Mans 11e, Nancy 12e, Troyes 17e). La saison actuelle pourrait partir sur les mêmes bases : avec une victoire et deux nuls, tous obtenus contre des pointures – qui taillent certes petit ces dernières années –, Sedan, Valenciennes et Lorient ont d'ores et déjà réussi leur entame et engrangé une confiance bien utile en début d'exercice.
Il faut dire que les nouveaux venus dans l'élite ont abandonné, ces dernières saisons, leur vilaine habitude de chambouler leurs effectifs pour "franchir un palier". Désormais, la tendance est à la continuité, entraîneurs et dirigeants des petites écuries misant résolument sur des valeurs collectives non dépourvues d'audace. "Nous avons gardé nos vertus de L2, c'est-à-dire une grosse solidarité et un jeu tourné vers l'avant", résumait Kombouaré samedi soir à Auxerre. Si les trois "bleus" de cette saison nous proposent autant de football que l'an passé, on ne s'en plaindra évidemment pas.



Le Comité de lutte contre les activités anti-lyonnaises (CLAAL) communique



« Nos ennemis jouent l'intimidation et se rendent coupables des pires vilenies! Comme le prouvent ces images, Claudio Caçapa a été victime d'une odieuse tentative d'attentat, vendredi soir en plein stade de la Beaujoire, à laquelle il a échappé de justesse. Muni d'une fausse accréditation et d'une lampe transformée en torche à plasma, le terroriste a cherché à défigurer notre défenseur central qui pénétrait alors sur le terrain. Seul les réflexes exceptionnels du Brésilien lui ont permis d'échapper au pire. L'incident n'est pas sans rappeler le mystérieux incendie qui avait brûlé Michael Jackson lors du tournage d'une publicité pour Pepsi...
Comité de lutte contre les activités anti-lyonnaises, 10 août 2006 »



Low Battery

On ne nous aura finalement laissé que trois petites semaines pour atterrir du sixième ciel auquel nous a porté le Mondial, là où le premier psychologue trouvé dans les pages jaunes recommande au moins trois mois d’arrêt de travail pour récupérer d’une dépression de cette ampleur. Qui ne s’est pas écrié "Déjà?" lorsqu’il a constaté qu’une journée de L1 avait lieu ce samedi?
C’est donc avec le souffle toujours court qu’il a fallu se replonger dans le championnat, un ingrédient manquant aux sensations habituelles du supporter à l’orée d’une nouvelle saison : l’impatience. Si tout ce qui est cher doit être rare, on a le sentiment que le football a subi une soudaine dévaluation au milieu d’un été qui devait servir à recharger les accus. C’est même dans une relative indifférence médiatique que la L1 a repris : certaines émissions incontournables ont préféré rester en vacances, pendant que les autres – pas de bol - ont eu un mal fou à surnager dans un week-end squatté par la tornade Manaudou, laquelle avait l’avantage de rafraîchir nos neurones saturés de ballon. Pourquoi reprendre si tôt? La réponse est encore plus déprimante que la question: il fallait bien dégager des dates pour la Coupe de la Ligue…



Championnat du monde de parades freestyle : Jérémie Janot frappe très fort d'entrée.


Rennes en manques

Le Stade rennais pouvait rêver meilleur départ qu'une défaite à domicile... D'autant que ses débuts étaient guettés, en raison d'une intersaison troublée avec l'exil de ses deux vedettes internationales (Frei et Källström) et son meilleur Espoir (Gourcuff), et des mouvements internes qui, après le départ de Bölöni, ont vu Pierre Dréossi s'introniser dans un rôle de "manager général" un peu inattendu.

Après ce premier match officiel de la saison, les avis peuvent encore diverger. Les plus confiants ne retiendront donc que la seconde période, encourageante, et n’oublieront pas de mentionner la liste interminable de blessés: Edman, Mensah, Utaka, pour ne citer qu’eux. "On va continuer à progresser. Nous avions beaucoup de joueurs absents, cela fait beaucoup pour une équipe comme nous, il y a peut être que Lyon que cela ne gênerait pas!" déclarait ainsi Pierre Dréossi, entre fatalisme et optimisme.
Les sceptiques estimeront, eux, que le nombre de blessés n’explique pas tout et que la Ligue 1 n’attend pas que les clubs soient au complet. À Marseille, dimanche prochain, Pierre Dréossi sera à nouveau obligé de se passer des services de plusieurs éléments importants, notamment en défense (Edman ne sera pas rétabli, Melchiot est en phase de reprise, Mensah est encore incertain). Mais il s'agira de trouver autre chose que des excuses...