La Gazette : 18e journée
Le peloton s'effiloche vers le bas et décroche l'ESTAC, qui conserve cependant ses distances avec le premier reléguable. Toujours en panne de points, l'AC Ajaccio voit le FC Metz et le RC Strasbourg lui coller au paletot. On a plus envie de parler de lutte pour la lanterne rouge que pour le maintien...

Les résultats de la journée
Paris SG-Rennes : 2-0
Toulouse-Troyes : 2-1
Marseille-Auxerre : 1-0
Nice-Ajaccio : 1-0
Le Mans-Bordeaux : 1-0
Sochaux-Metz : 1-1
Nantes-Monaco : 0-0
Saint-Étienne-Lyon : 0-0
Lille-Lens : 0-0
Nancy-Strasbourg : 1-2
Fournier la tête sur le Blayau

Expert en licenciements de masse chez Moulinex, Blayau a plus de mal pour faire dans le détail. Virer un entraîneur répond à un mécanisme assez peu subtil, mais qui obéit toutefois à des rituels bien établis qu'il convient de respecter en s'assurant la collaboration de tous. Sinon, l'opération souligne plus l'incompétence des dirigeants qui ont nommé l'entraîneur que celle de l'entraîneur lui-même. Heureusement, le président parisien peut compter sur le soutien des spécialistes. Dès lundi, L'Équipe dressait la liste des "successeurs possibles", non loin du gros titre "Fournier dans l'impasse". La nécrologie est prête.
Le coach parisien était en difficulté après les défaites contre Lens et Lyon, qui n'avaient pas permis de consolider le crédit retrouvé avec le "match référence" de Bordeaux. Replacé à la quatrième place à l'issue de la 18e journée, à deux point du second auxerrois, son club présente un bilan satisfaisant en dépit de l'irrégularité des résultats. Mais en réalité, Laurent Fournier est sur la sellette depuis sa nomination ou, si l'on préfère, depuis sa confirmation en fin de saison dernière – presque par défaut. Car à l'époque, les dirigeants justifièrent leur choix en se satisfaisant de la paix sociale retrouvée au sein du groupe après le traumatisme vahidien. Un argument aussi mince que les références professionnelles de Fournier, plus liées à son passé de joueur qu'à son statut d'ancien entraîneur de Pacy-sur-Eure puis de responsable de la CFA du PSG. En avril dernier, Étienne Melvec écrivait sur ces pages: "Les éloges sont appuyés dans la presse (surtout que cette dernière doit justifier tout le mal qu'elle a dit de son prédécesseur), les joueurs 'votent pour lui' et les supporters voient d'un bon œil cet ancien de la maison (quand celle-ci avait du lustre). Mais s'il reste la saison prochaine, à la première mauvaise passe sportive, le sympathique Lolo devra affronter les commentaires impitoyables sur ses limites de tacticien, son manque d'expérience et ses épaules insuffisamment larges pour la fonction..." ("À rebours"). Notre prophète maison avait juste surestimé la nécessité d'une "mauvaise passe sportive" pour justifier une prévisible éviction.
Demi-Lyon
Quel est le point commun entre Nantes, Nice et Toulouse? Simple, à presque mi-championnat, ces équipes comptent moitié moins de points que l’OL... Les espoirs de titre sont donc minces. En dehors de cette coïncidence statistique, sur ces cinq dernières années, ce trio a flirté avec le haut du tableau pour finalement s’installer de manière plus ou moins précaire dans le mou ventru du championnat. Avec dix points d’avance sur Ajaccio et dix de retard sur Auxerre, ils ne sont pas vraiment à l’abri de la relégation, mais paraissent bien loin de l’Europe.

D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si leur courbe de points est similaire et démontre qu’aucune de ces trois équipes n’a vraiment eu l’opportunité de se situer dans une position plus favorable. Dans leurs confrontations directes, on n’a pas plus vu la capacité des uns ou des autres à se démarquer – d’autant qu’aucune d’entre elles ne semble capable de s’accrocher à une vraie dynamique de résultats, à l’exception de Toulouse qui, un peu par hasard, a réussi à gagner trois matches d'affilée contre Marseille, Auxerre et Strasbourg. Comme Toulouse, Nice s’est aussi offert des "gros" à l’inverse de Nantes qui a plutôt dominé le milieu du tableau… Mais jamais ces équipes n'ont pu inscrire leur résultat dans cette simili régularité qui fait grimper au classement. Leurs supporters doivent ils se résoudre à l’ennui d’une fin de saison banale?
L'OM en apnée

Staff échaudé craignant l'eau froide, José Anigo et Pape Diouf avaient finement bordé les ambitions locales en ne fixant qu'un retour aux valeurs culturelles du club comme objectif de cet exercice. Une façon comme une autre de viser une place qualificative en Ligue des champions sans en avoir l'air. Les deux hommes n'auront pas cédé à la panique dans les premières semaines délicates de cet effectif totalement chamboulé (malgré les promesses préalables de stabilité), affichant une inédite sérénité, fut-elle de façade. Car ne nous y trompons pas: la catastrophe est évitée, mais Jean Fernandez n'a pas fini de trimballer un visage constipé de pelouse en pelouse avant d'entrevoir le soulagement libérateur d'une saison réussie.
Il faudra du souffle à ses hommes pour éviter la chute d'un OM funambule. La marge de sécurité de l'équipe est en effet réduite à néant: au cours de ses huit victoires, l'OM n'aura bénéficié d'un coussin de deux buts d'avance qu'une seule fois, contre le dernier de la classe messin. Chaque autre point glané aura été conquis en luttant jusqu'au bout, le couteau entre les dents, grâce à un ratio de points pris par but impressionnant: l'OM n'a jusqu'ici marqué que deux fois sans prendre de points au final (à Saint-Étienne et Rennes), les dix-sept autres buts marqués leur offrant vingt-huit points au classement. Comme un symbole, pour un recrutement surtout décevant en attaque...
Cette marge de sécurité infinitésimale semble bien fluette pour boucler dans de bonnes conditions une saison marathon qui promet d'ores et déjà entre cinquante-cinq et soixante-dix matches aux Phocéens en fonction de leurs parcours en Coupes.
L'OM s'est sorti indemne de cette course à handicap que constituait cette première partie de saison. La deuxième moitié de championnat, qui s'ouvrira après le déplacement à Strasbourg, ne semble pas plus aisée pour un groupe qui commencera l'année 2006 affaibli par la CAN: elle propose aux hommes de Jean Fernandez des déplacements épiques à Lyon, Paris, Lille, Monaco, Auxerre et Bordeaux… Ils devront faire montre d'une bien plus grande solidité défensive et, surtout, d'un minimum de réalisme leur permettant de tuer enfin quelques matches avant la 90e minute. Car lorsqu'on reste trop longtemps en apnée, on court le risque de finir par se noyer…