La "cause" de l’arbitrage progresse-t-elle?
Une Balle dans le pied – Le réarbitrage obsessionnel et le dénigrement des arbitres reste un fonds de commerce trop rentable pour être abandonné. Il ne faut pour autant pas ignorer qulques évolutions positives…
Les fins d'année se prêtent aux bilans de toutes sortes, même si l'objet abordé ici ne relève pas d'une telle saisonnalité. Bien sûr, la toute récente désignation de Clément Turpin parmi les arbitres retenus pour la phase finale de l'Euro 2016 peut être interprétée comme le signe d'une inflexion positive, après l'absence de tout représentant français lors de la Coupe du monde 2014. Mais en réalité, ces deux faits relèvent d'épiphénomènes, le premier en date ayant été surinterprété, sans considération pour ses circonstances [1], afin d'accabler le corps arbitral national.
La question serait plutôt : est-ce que la cause de l'arbitrage progresse ? Pas tant celle de l'arbitrage français en particulier, que de l'arbitrage en général. Le problème est qu'ici, les deux sont intimement liés et que la nullité présumée des arbitres français alimente une incompréhension globale de leur métier.
C'est un procès qui vit sa propre vie, faute de pouvoir (ou de vouloir) reposer sur une observation objective : les a priori semblent éternels.Par exemple, même démentie par les chiffres, l'idée reçue des arbitres français qui sifflent plus que les autres se perpétue. Tel chroniqueur télévisuel très populaire s'offre régulièrement l'allumage d'une de ses têtes de Turc habituelles, s'assurant les rires du public et l'approbation des téléspectateurs. Peu importe, autre exemple, que Tony Chapron figure depuis plusieurs saisons parmi les arbitres les mieux notés et qu'il ne fasse plus parler de lui : une blague sur sa nullité reste rentable. Summum d'imbécillité, un site publie un classement corrigé des erreurs d'arbitrage… On reste bloqué au stade absurde d'une starification négative des arbitres, coupables que l'on peut éternellement faire repasser devant les tribunaux pour les condamner avec une inépuisable jubilation. (…)