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L’enfance de la balle

Le cinéaste iralien Abbas Kiarostami, disparu pendant l'Euro, a eu la Palme d'or. Il avait aussi, on le sait moins, filmé la pratique de rue du football. Cet amour universel du jeu.

Auteur : Yann Le Sauce le 13 Sept 2016

 

 

Depuis les hauteurs bourgeoises de Montmartre, le regard vers le nord, on aperçoit les cimes blanches du Stade de France. Le 4 juillet dernier, l’enceinte dionysienne respire encore la joie de la qualification, certes attendue, des Bleus face à l’Islande. L’humeur du pays est cependant à la fébrilité puisque le premier vrai choc du tournoi se dessine devant son équipe, la demi-finale face à l’Allemagne de Joachim Löw. Une triste nouvelle se glisse alors discrètement dans l’excitation inquiète qui caractérise les journées précédant les grands matches: deux jours après Michael Cimino, réalisateur des grands Voyage au bout de l’enfer et La Porte du paradis, c’est Abbas Kiarostami, le cinéaste iranien, qui meurt à Paris, à soixante-seize ans.

 

 

L’or et le jeu

Son lien avec le football est lointain, il faut retourner dans le passé, remonter à ses films sur l’enfance qui sont le socle de sa filmographie. Le premier travelling de son œuvre, en 1970, suit la conduite de balle maladroite d’un garçon haut comme trois pommes. Le héros du court-métrage Le Pain et la rue pousse du pied une boite tordue qui fait donc office de ballon capricieux, emmenant son joueur dans une drôle de marche irrégulière. Court-métrage, petit garçon mais grands sentiments: la grandeur du Pain et la rue est celle de sa modestie. Dix petites minutes en noir et blanc qui donnent une illustration de la peur, du courage et de l’amitié, rien que ça.

 

 

Le football apparaît lors de cette séquence introductive dans la dimension légendaire que sa pratique de rue a acquise. Cette pratique est d’abord celle de l’enfant, guidée par le jeu. Puis la légende prend forme quand le récit s’attache au parcours du professionnel, enfant hissé plus haut que les autres par son talent, depuis la rue jusqu’à la chasse au Ballon d’or. Et Paris, cet été, rassemblait cette totalité du football, la rue et la légende. La capitale française accueillait bien une fête européenne symbolisée par la présence de tous ces supporters étrangers en chemin vers le Parc des Princes, le Stade de France ou d’autres stades dans d'autres villes. Mais en même temps que cette fête du professionnalisme et du talent se jouait, il fallait s’éloigner du point de vue bourgeois de Montmartre pour redescendre vers l’autre football. Comme un hommage imprévu au cinéaste iranien, les enfants jouaient dans le quartier de la Goutte d’or. Ici un trio avec une gardienne et deux tireurs de coups francs devant l’escalier coincé entre deux immeubles qui leur sert de but. Là un petit garçon qui fait un mur dans la cour d’entrée de sa résidence, tapant inlassablement dans son ballon un peu dégonflé. Le jeu pour le jeu.

 

 

Le voyage

Plus loin dans le XVIIIème arrondissement, l’esplanade Nathalie Sarraute est colorée par les tentes “2 secondes” d’un campement de réfugiés. Quelques hommes jonglent, échangent des passes et des sourires pour un moment de détente au milieu d’un quotidien de survie. Le campement sera évacué quelques jours plus tard et ces anonymes n’auront sans doute pas terminé leur voyage quand Eder volera la vedette aux étoiles Ronaldo et Griezmann.

 

Le voyage pour un rêve, c’est le scénario d’un autre film de Kiarostami. En 1974, Le Passager est l’odyssée d’un jeune adolescent qui fait les 400 coups pour se payer le trajet en bus jusqu’à Téhéran. Sa destination? Le stade si grand et si inaccessible où l’équipe nationale va jouer un match de football. Prêt à toutes les combines pour réunir la monnaie du ticket de bus, il tombe sur un vieil appareil photo. Une série de portraits imaginaires plus loin et la somme est réunie par ses camarades crédules. Kiarostami n’a pas eu la Palme d’or avec ses films sur l’enfance mais pour Le Goût de la cerise en 1997. La gloire a patienté et s’est construite sur ceux-là, qui montrent l’enfance dans l’innocence du jeu et du rêve au cœur du quotidien. Le football n’a pas échappé à son regard. L’enfance de la balle, celle du plaisir du jeu, est parisienne ou iranienne, elle est universelle.

 

Réactions

  • Milan de solitude le 13/09/2016 à 11h54
    J'ai deviné sa mort il y a quelques jours par la photo et le commentaire d'un ami cinéphile sur facebook.
    Du coup, j'apprécie cet article qui rapporte sa disparition à son contexte, et qui rapproche délicatement ce contexte à quelques films qu'il a légués à notre mémoire.

  • Richard N le 13/09/2016 à 12h01
    Bel hommage au cinéaste ainsi qu'à l'enfance et au jeu. Bravo.

  • Coach Potato le 13/09/2016 à 13h14
    Merci beaucoup pour cet article qui fait un petit pont entre football et cinéma pour rendre hommage à Kiarostami. On citera "où est la maison de mon ami?" qui fait référence au ballon. Le narrateur voyage dans une région dévastée par un tremblement de terre, assez éloignée du pouvoir central, dont les habitants qui manquent de tout, dont le village se trouve quasiment à l'horizontale, sera de brancher un groupe électrogène, installer une antenne et installer une télé au milieu des gravats ... pour regarder du foot. Il faisait beaucoup avec une réelle économie de lien contre, le foot fait plus d'affluence qu'une projection d'un film de Kiarostami. Tout fait plus d'affluence qu'une projection d'un film de Kiarostami.


  • Milan de solitude le 13/09/2016 à 15h16
    Je crois que tu décris plutôt "Et la vie continue", tourné trois ou quatre ans après "Où est le maison de mon ami ?" dans le même village ; Kiarostami eut l'idée de ce second film sachant qu'il y eut un séisme là-bas un an ou deux après ce premier film, lequel porte sur un garçon qui cherche à rendre son cahier pris par erreur à son camarade de classe.

  • Coach Potato le 13/09/2016 à 16h53
    Milan de solitude
    aujourd'hui à 15h16

    Si. T'as peut-être raison. Le premier c'est celui avec les leçons. J'avais vu toute la série en salle et on avait fait les trois au cinéma avec deux séances le jeudi 21h et le dimanche 14h30. On n'avait pas fait une recette fabuleuse même avec des MG somme toute modeste. Attention, on captait un petit public mais pas au point d'être rentable (30 35 personnes qui laissent entre 100 et 150 francs de pertes par rapport à un MG autour des 400F+ avec des copies en état moyen voir passable en plus). Et c'est dommage car c'est un cinéma très intéressant. Même les chaines de cinéma en diffusent peu.

  • Ba Zenga le 15/09/2016 à 15h43
    Très chouette article, merci.

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