L'amour ne paye pas
Christian Karembeu se résout à quitter le Real Madrid à la fin de la saison. Fin de l'histoire avec le club de ses rêves. Que certains dirigeants ne viennent pas déplorer la mentalité de mercenaires des joueurs...
Auteur : Pierre Martini
le 11 Avr 2000
"Cette décision est la plus pénible que j'ai prise de ma vie" a déclaré le joueur, pas habitué à rester sur un constat d'échec, surtout de son choix d'aller au Real. On se souvient en effet du bras de fer engagé en 1997 avec son club de l'époque, la Sampdoria de Gênes, et qui avait hypothéqué ses chances de participation à la Coupe du monde. Le transfert était en outre compromis par la guerre de couloir menée à son sujet par le Barça. Privé de compétition par son club, puis exclu de fait, le Kanak avait tenu bon et le pari avait réussi, puisqu'il avait rejoint son ami Seedorf à temps pour remporter la Ligue des Champions puis devenir champion du monde dans la foulée. Nourri de buts européens décisifs sous le maillot blanc, le conte de fée se présentait sous les meilleures auspices. Mais les réalités madrilènes, de déboires sportifs en changements d'entraîneurs, ont ramené le joueur à un destin plus prosaïque, celui de remplaçant ou de sparring-partner de luxe. 45 matches de Liga seulement, rarement en intégralité, Seedorf parti à l'Inter, Karembeu voit ses chances de rejoindre le groupe France pour l'Euro très réduites.
Triste épilogue à une fable dont la morale suggère qu'on peut regretter que les joueurs perdent "l'amour du maillot", mais pas s'en étonner.
Karembeu pourra se consoler en réalisant que le Real n'est pas le club le plus en harmonie avec ses valeurs: autrefois symbole du franquisme, aujourd'hui d'une gestion calamiteuse associée à des prétentions politico-financières insupportables (via le G14 avec lequel il partage son président)...