Notre exercice de géométrie préféré se mue en véritable page tactique pour déchiffrer les secrets d'une offensive réussie… Cette fois, Yann Lachuer conclut un contre qui porte la marque de l'école auxerroise.
Nantes-Auxerre (1-4), but de Yann Lachuer à la 79e minute.
En bonus cette semaine, un jeu-test. Dans le schéma ci-dessous est cachée une célèbre constellation. Sauras-tu la reconnaître?
Légende
Les points jaunes sont les joueurs nantais, les blancs les joueurs auxerrois
Les flèches pleines correspondent au trajet du ballon.
Les droites pleines représentent la course d’un joueur qui porte le ballon.
Les flèches en pointillé correspondent aux courses des joueurs sans le ballon.
Les points "anonymes" correspondent à la position intermédiaire des joueurs. |
L’action de jeu
Suite à un coup-franc excentré en faveur des Canaris, le ballon est repoussé dans l’axe par la défense auxerroise. Aux 25 mètres, Fadiga s’empare du ballon, dribble Toulalan, résiste à l’arrivée de Quint et entame une longue chevauchée vers l’avant. À hauteur de Berson, dernier défenseur Nantais sur la ligne médiane, il continue sa course et adresse une passe à Yann Lachuer, lancé dans l’axe. Le capitaine bourguignon, laissé libre de tout marquage, porte le ballon sur quelques mètres et aligne Landreau d’un intérieur du pied à l’entrée de la surface.
La nalyse
De l’art du contre… Les Auxerrois sont connus pour en être les spécialistes, mais les Nantais ont été incapables de les empêcher de briller sur leur point fort.
On a souvent l’habitude d’entendre les commentateurs critiquer les attaquants, coupables de gâcher une occasion de but alors qu’ils sont en "supériorité numérique". Pourtant, la réussite ne dépend pas du nombre, mais des déplacements des joueurs: même en égalité ou en infériorité, une attaque bien placée peut faire mouche… à condition de compter sur des fautes de la défense adverse (ou de les provoquer). Samedi, les Auxerrois ont ainsi développé avec succès un mouvement à trois contre trois pour clore la marque en fin de match.
Ils ont d’abord bénéficié d’une grosse erreur de placement du milieu de terrain Nantais. Théoriquement, Fadiga à gauche, Lachuer au centre et Tainio à droite, doivent être marqués respectivement par Toulalan, Quint et Ziani. Pourtant, quand Fadiga réceptionne le ballon, Quint se précipite aux côtés de Toulalan, alors que celui-ci n’a pas encore été éliminé, mais ne peut empêcher l’attaquant auxerrois de poursuivre sa course. Conséquence: Lachuer se retrouve esseulé dans l’axe. De sa propre ligne des 18 mètres aux 18 mètres adverses, celui-ci réalise une longue course sans jamais être pris en filature.
Il faut dire que Ziani, à proximité de Lachuer tout au long de ce mouvement, n’est jamais en position de surveiller sérieusement le meneur de jeu adverse : il se voit dans l’obligation de veiller également sur Tainio. Le petit milieu de terrain Nantais, hésitant, se positionne donc entre les deux joueurs, se plaçant de fait dans une situation qui lui interdit d’empêcher l’un et l’autre de nuire. Sans doute eut-il été opportun de marquer Yann Lachuer, en prenant le pari qu’il serait plus difficile à Fadiga d’expédier une bonne passe sur l’aile opposée que dans l’axe…
On constate en tout cas le rôle primordial de Tainio, qui, sans toucher le ballon du début à la fin de l’action, et par une simple course dans son couloir, permet à son capitaine de se trouver en position favorable.
On peut noter également l’inefficacité de Berson en couverture défensive: bien qu’il voie Fadiga arriver de loin, il reste campé face à lui, se donnant d’emblée un handicap dans l’hypothèse ou il doive se retourner et suivre la course de l’attaquant adverse (ce qui sera finalement le cas).
Deux hypothèses peuvent expliquer son geste : soit il s’agit d’un réflexe de milieu de terrain défensif… auquel cas c’est une erreur, puisqu’il se trouve à ce moment-là en position de dernier défenseur, ce qui devrait lui soumettre l’idée de se préparer à prendre de la vitesse, afin d’éviter d’être débordé par son vis-à-vis.
Soit il souhaite jouer le hors-jeu, ce qui est risqué, puisqu’il laisse alors à Fadiga pour seule option de partir seul dans son couloir (ce qu’il fait).
On note au passage que Ziani, au milieu du terrain, tente également, mais sans réussite, de jouer le hors-jeu. En bloquant sa course au niveau de la ligne médiane, il laisse Lachuer prendre les mètres d’avance qui lui permettront d’armer sa frappe tranquillement face à Landreau…