Notre infographie vedette continue son travail de dénonciation des défenses laxistes. Cette fois, c'est Guingamp qui a ployé sous l'assaut lillois…
Lille-Guingamp (2-1), ouverture du score d’Hector Tapia à la 50e minute.
Si vous fixez longuement l'image ci-dessous après avoir appris par cœur le commentaire ci-après, vous conviendrez que notre infographie vaut tous les ralentis de la terre.
Légende
Les points rouges sont les joueurs lillois, les blancs les joueurs guingampais.
Les flèches pleines correspondent au trajet du ballon.
Les flèches en pointillé correspondent aux courses des joueurs.
Les droites pleines représentent la course d’un joueur qui porte le ballon (ici, Stéphane Pichot). |
L’action de jeu
Au milieu du terrain, Fernando d’Amico passe à Baciu, qui contrôle le ballon et le transmet à Pichot, lancé sur l’aile droite. Le latéral Lillois poursuit sa course sur quelques mètres, adresse un long centre aérien à Philippe Brunel, à la limite du terrain. L’ex-Lensois reprend le ballon de volée et sa passe latérale millimétrée atterrit sur la tête d’Hector Tapia, qui n’a plus qu’à croiser le ballon au fond des filets.
La nalyse
Voilà une action de jeu limpide et d’une étonnante simplicité (quoique exécutée avec une grande virtuosité technique), qui doit aussi beaucoup à la passivité assez exceptionnelle de toute la section défensive bretonne.
Sur cette phase de jeu, c’est tout d’abord le rôle des joueurs de couloir qui doit être souligné. L’homme clef de cette action est ainsi Stéphane Pichot, qui enclenche sa course sur l’aile droite du terrain alors même que Fernando d’Amico a encore le ballon dans les pieds. Lancé sur son flanc, celui-ci constitue un soutien immédiat pour Baciu, et particulièrement déséquilibrant pour le défenseur adverse, puisqu’il est à pleine vitesse lorsqu’il reçoit le ballon: son vis-à-vis guingampais se voit donc dans l’obligation de suivre sa course sans jamais pouvoir le rattraper ni même l’empêcher de centrer.
De l’autre côté, sur l’aile gauche, Philippe Brunel effectue le même trajet, puisqu’il part dans sa chevauchée à peine le ballon parti des pieds de D’Amico et traverse tout le terrain jusqu’à la ligne de sortie de but, ou il reçoit le ballon.
C’est cette disponibilité totale des hommes de couloir qui est à l’origine du beau mouvement Lillois.
On note également le bon placement des deux attaquants nordistes sur la phase ultime du but. Tapia croise au premier poteau (d'où il exécutera sa tête victorieuse) alors que Manchev pique au second. Un grand classique de l’animation offensive, qui semble pourtant perturber l’arrière-garde bretonne: Tapia est laissé seul dès que Pichot adresse son long centre aérien. Les défenseurs guingampais regardent le ballon leur passer au-dessus de la tête et ne semblent plus rien attendre du cuir, si ce n’est qu’il sorte des limites du terrain (ce qui ne sera jamais le cas). Une naïveté touchante pour des joueurs de ce niveau…
Philippe Brunel, quant à lui, n’a jamais la pression d’un défenseur: du milieu du terrain jusqu’à la ligne de touche, il est laissé seul par le latéral guingampais qui marque Manchev. La responsabilité de la solitude du passeur décisif incombe donc au milieu défensif breton qui arrive un peu tard au niveau de son vis-à-vis, qui a déjà centré quand il s’approche à moins de cinq mètres de lui.
Ce but est aussi et avant tout une illustration de la parfaite maîtrise technique lilloise sur cette action: le centre de Pichot, haut et précis, empêche l’intervention du gardien; la reprise de Brunel en première intention soudaine et limpide, prend de court tous les défenseurs bretons…