J'avoue, j'ai souhaité que Gameiro se blesse face à l'Albanie. Qu'il entre en jeu et boum! Direction l'hôpital de Tirana, le service Amputation chirurgicale du docteur Cana. L'idéal aurait été une lésion aux adducteurs afin de l'éloigner une semaine ou deux et me permettre de jouer contre Salzbourg ou à Evian. J'y ai pensé toute la nuit, oui. Je ne me sens pas sale, ni honteux ; juste victime de la concurrence. Au PSG, il faut se battre même pour porter les plots à la fin des séances - un peu moins, c'est vrai, depuis que Luyindula s'entraine avec la CFA.

Loïc Landre, le seul gars avec qui je traîne dans l'équipe, prétend que je ferais mieux ''de me toucher la nouille''. J'aimerais surtout qu'on arrête de me considérer comme un gamin en apprentissage et qu'on me mette enfin dans le grand bain, cuisson al dente. Kombouaré en aura-t-il le courage? Peut-être. Le coach a l'air d'avoir des couilles, et même trois s'il le faut.

Je me suis couché bien avant le matin cette nuit-là et j'ai rapidement trouvé le sommeil. Des filles au parfum Cacharel ont parcouru mes rêves, des filles sveltes, lascives et slaves. C'était dur à prononcer mais, pour être tout à fait franc, nous n'avons pas beaucoup parlé.

Je portais le maillot du PSG dans le doux refuge d'une chambre d'hôtel d'Europe de l'Est, ambiance Slovan Bratislava, partageant un lit à deux places avec une équipe de handball. Autant dire que nous étions serrés, surtout les remplaçantes. La plus désirable a attrapé de la chantilly dans le frigo - dans mes rêves, les chambres d'hôtels slovaques possèdent des frigos - puis elle a commencé à me badigeonner le nombril de crème. Animé du même élan, Fritz, son entraîneur moustachu, s'est proposé d'aller chercher des croissants. Il m'a longuement regardé avant d'avouer, de sa grosse voix gutturale, qu'il ''aimait beaucoup s'enfiler des viennoiseries françaises au petit-déjeuner.'' Puis il a craché par terre. J'ai ouvert les yeux. On sonnait à la porte. Alain Roche tenait un sac.

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