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«J'étais un fan de foot qui joue au ballon»

Entretien – Homme d'un seul club, comme Raúl ou Totti, Alessandro del Piero incarne la Juventus. Mais il a aussi écrit sa propre légende. 

Auteur : Ismael Monzón le 20 Nov 2020

 

 

Juste après l'Euro 2016, la revue Libero était allée à la rencontre d'Alessandro del Piero, qui venait de mettre fin à sa carrière professionnelle. Retour sur le parcours de cet enfant de la Juve, avec laquelle il a participé à plus de 700 matches de Serie A (et B). Traduction Rémi Belot.

 

 

 

 

Beaucoup de joueurs prennent du poids quand ils partent à la retraite: qu'est-ce que vous faites pour rester aussi mince, vous avez un secret?

 

C'est parce que je ne suis pas encore à la retraite, je cherche juste une nouvelle équipe (rires). J'ai arrêté ma carrière il y a peu, et je continue de m'entraîner régulièrement. Je joue avec mes amis, je cours derrière mes enfants… Pendant des années, cela a été ma philosophie de vie, et je continue car ça me plaît. Je ne peux pas dire que faire du sport est un travail.

 

Comment se sont passés vos premiers pas de footballeur?

 

J'ai commencé à jouer derrière ma maison: on était à la campagne, il y avait un terrain de foot. Quand j'allais voir mes amis, on jouait sur du ciment, dans une petite impasse. À la campagne, tu joues où tu peux. J'aime me souvenir de ce genre de choses, jouer au foot sur des terrains miniatures, devoir passer sous une clôture pour entrer… Il y avait ceux qui jouaient pieds nus et ceux qui jouaient avec des chaussures.

 

Vous n'avez pas une tête à avoir été un méchant garçon.

 

Non, j'étais le plus petit, le plus timide.

 

Le beau gosse de la bande?

 

Non plus, ça, c'était l'un de mes amis. Et le plus sympa, c'était encore un autre. J'étais juste celui qui jouait le mieux au ballon, le numéro un de l'équipe.

 

« Même si le foot est un sport d'équipe, tu te retrouves face à toi-même. On se sent toujours seul dans le monde du foot… »

 

Vous étiez bon élève?

 

Oui, je n'ai jamais séché un cours. J'ai toujours étudié avec sérieux. Je pense que c'est l'école qui te permet d'acquérir la maturité. Quand j'ai commencé à m'entraîner de façon plus professionnelle chaque matin, j'allais quand même à l'école l'après-midi. Je me souviens avoir toujours été content de pouvoir faire les deux en même temps.

 

Avez-vous encore des amis d'enfance?

 

Oui, je vois des amis avec lesquels j'ai été à l'école primaire et d'autres avec lesquels j'ai joué dans ma première équipe au collège.

 

Le foot, c'était un moyen de gagner sa vie?

 

Le foot, cela a été toute ma vie, ma passion. Tous les enfants veulent devenir pros, gagner des compétitions… mais pour que le rêve devienne réalité, il faut savoir être patient. Cela dépend un peu des autres, de tes choix, du soutien de ta famille, aussi.

 

Justement, que vous a dit votre mère quand vous êtes parti à la Juventus à dix-huit ans?

 

Elle a été ravie, d'autant que c'était la réalisation d'un rêve pour mon père, supporter de la Juve. C'était une grande responsabilité pour un gamin de dix-huit ans, mais aussi mon propre rêve qui devenait réalité. J'étais déjà bien loin de la maison, ma mère était comme toutes les mères, elle voulait surtout que son fils aille bien. Comme toute mère italienne…

 

Quand on est le plus timide de ses amis, on se sent seul sur un terrain de foot?

 

Oui, même si le foot est un sport d'équipe, tu te retrouves toujours face à toi-même. Tu te demandes toujours si tu t'es bien entraîné, si tout est fait dans les règles. On se sent toujours seul dans le monde du foot…

 

Sur le terrain, vous donniez toujours l'impression de dominer votre sujet…

 

Les défaites te donnent de l’expérience. Elles permettent de s'interroger sur ce qui s'est passé, sur les raisons pour lesquelles on n'a pas atteint l'objectif. Les victoires aussi, évidemment, ont un impact particulier dans ton apprentissage, elles façonnent ton ambition. Mais c'est toujours une erreur de s'imaginer que l'on peut dire: "Je suis arrivé à maturité, je suis capable de tout gérer".

 

« Ils ont décidé de ne pas prolonger Roberto Baggio. Ils ont parié sur moi, alors que je n'étais qu'une promesse. »

 

Qu'est-ce que ça vous inspire de voir de jeunes joueurs arriver très vite et très haut dans le football, gagner beaucoup d'argent pour ensuite péter les plombs?

 

Il y en avait déjà quelques-uns à notre époque… Malheureusement, ce sont des situations compliquées à gérer. Ce n'est pas qu'une question d'argent, il faut aussi savoir comment se comporter avec sa famille, ses amis, comprendre leur mode de pensée, comment ils ont été élevés. C'est difficile de porter des jugements de l'extérieur…

 

 

 

 

Vous, on vous a donné beaucoup de responsabilités dès le plus jeune âge.

 

Oui, la première année, j'étais déjà entre la réserve et l'équipe première, et j'ai disputé 29 matches la deuxième saison. Je me suis imposé tout de suite, et ils ont décidé de ne pas prolonger Roberto Baggio, qui était une idole absolue. Ils ont parié sur moi, alors que je n'étais qu'une promesse, un gamin de dix-neuf ans qui n'avait qu'une saison de Serie A dans les jambes. Je ne me suis jamais considéré comme le remplaçant de Baggio.

 

Vous étiez qui, alors, à la Juve?

 

Un fan de foot qui passait son temps à jouer au ballon et qui a réussi à devenir footballeur professionnel.

 

Mais pas n'importe lequel…

 

C'est sûr que j'ai une histoire particulière avec ce club. J'ai eu la chance d'effectuer une longue carrière et de tout gagner avec la même équipe. J'ai aussi eu l'opportunité de vivre un autre chapitre de l'histoire du club en l'aidant à renaître après la descente en Serie B. Après tout cela, il est normal d'avoir une relation particulièrement forte avec les gens.

 

Pourquoi êtes-vous resté après la relégation?

 

Cela a été une décision spontanée. Ce club qui m'avait tout donné, dont j'étais supporter et désormais capitaine de l'équipe, était en grande difficulté. Cela m'a semblé naturel. Quand le président m'a demandé ce que je comptais faire, j'ai simplement répondu: "Je reste".

 

« Zizou a été un super coéquipier sur le terrain, mais c'était avant tout l'homme que j’admirais. »

 

On vous a surnommé le "Pinturicchio", le peintre. Vous vous considérez plus comme un artiste ou comme un ouvrier?

 

Par ma façon de jouer, je crois que je peux me définir plutôt comme un travailleur. Dans le football qui se jouait à l'époque, et qui continue de se jouer aujourd'hui, le talent ne suffit pas, il faut évidemment produire un gros travail tactique: c'est fondamental.

 

Zidane, il était comment? Vous l'avez déjà entendu faire une seule blague, durant les cinq années où vous l'avez côtoyé?

 

Déjà, c'est quelqu'un pour qui j'ai un énorme respect. Il était plutôt sympa, et en fait, oui, il était assez déconneur. En dehors du terrain, il a toujours donné l'impression d'être hermétique, mais c'était en réalité quelqu'un de très simple, un bon mec. C'est quelqu'un de très intelligent, on peut discuter de tous les sujets avec lui.

 

Vous l'avez félicité pour son premier titre comme entraîneur?

 

Clairement, j'étais très content pour lui. Je dois dire que je le lui avais déjà annoncé, je pensais vraiment qu'il en était capable. Zizou a été un super coéquipier sur le terrain, mais c'était avant tout l'homme que j’admirais. Je pense qu'il avait toutes les qualités nécessaires pour devenir un grand entraîneur. La qualité humaine fait la différence, au-delà de son excellence absolue comme footballeur.

 

Vous avez la réputation d'être un gagneur, mais vous avez aussi perdu quelques finales, entre autres celles de 1998 contre le Real, alors que vous étiez favoris…

 

Si cela avait été un championnat, nous l'aurions sans doute gagné. Mais une finale est un moment où il faut gérer ses émotions et les aléas… Cette année-là, le Real n'allait pas très bien en Liga, et nous venions de remporter notre championnat. Leur but a été inscrit à la suite d'un hors-jeu, mais il faut bien reconnaître avec une certaine amertume que ce sont eux qui ont gagné, et il faut les féliciter pour ça. Les finales que j'ai remportées m'ont procuré des émotions incroyables, mais celles que j'ai perdues… Enfin.

 

« Dans ces moments-là, tu te dis: "Il vient de se passer un truc incroyable, et c'est toi qui en es à l'origine". »

 

Quelques années plus tard, vous êtes venu jouer à Santiago Bernabeu, vous avez marqué un doublé et vous êtes sorti du terrain sous les ovations.

 

J'aime parler de ce moment comme d'un moment parfait. Recevoir un tel hommage dans l'un des cinq plus grands stades du monde, avec un public aussi connaisseur, qui a vu tant de champions triompher, c'est vraiment un motif de très grande fierté. Dans ces moments-là, tu te dis: "Il vient de se passer un truc incroyable, et c'est toi qui en es à l'origine". Cela ne peut que te rendre heureux.

 

En Espagne, on vous a souvent comparé à Raúl. Vous êtes les derniers représentants d'un football pour qui la notion de "club de cœur" a vraiment un sens?

 

Il y en a de moins en moins, mais il y a toujours eu ce genre de joueurs qui ont effectué toute leur carrière au sein de la même équipe. Ce qui me rapproche de Raúl, c'est qu'on est de la même génération. Nous sommes les symboles de nos clubs, et nous étions capitaines. Lui comme moi, nous avons toujours démontré une grande détermination et beaucoup de cœur.

 

Il faut aussi évoquer le cas de Totti…

 

Il représente la Roma d'une façon unique, qu'on ne reverra pas. Quand on pense à Totti, on pense à la Roma.

 

Vous avez déjà envié un autre joueur?

 

Envié, c'est assez laid comme terme. En revanche, si vous me demandez si j'aurais parfois aimé être à la place d'un autre, là, c'est oui. En fait, j'aurais aimé être à la place de chaque joueur qui remporte un titre, ou réussit quelque chose. Je me dis toujours: "La prochaine fois, ce sera pour moi". C'est mon côté compétiteur. Ce sont surtout des moments que j'ai enviés, pas la carrière ou le poste d'un autre. Et je suis fier de ce que j'ai réalisé moi-même.

 

Votre dernier match avec la Juve, c'est un moment joyeux ou un moment triste?

 

Les deux. Dans les faits, le dernier match a été la finale (de Coupe d'Italie 2012, Naples-Juve 2-0), mais le match que tout le monde considère comme celui de mon départ de Turin, c'est à la maison contre l'Atalanta. Il s'est produit un truc que je ne peux réellement pas décrire. Le temps s'est contracté sur quelques minutes. Ce fut incroyable, bien plus encore que remporter un titre.

 

Réactions

  • magnus le 23/11/2020 à 10h01
    Il lui a manqué de réussir une grande compétition avec la Squadra pour arriver à la hauteur d'un Baggio.
    Diminué en 98, Baggio est meilleur que lui lors de ses apparitions. Son face-à-face perdu face à Barthez à 1-0 en finale de l'Euro 2000 lui a valu beaucoup de critiques.
    Remplaçant en 2006, son but du 2-0 contre l'Allemagne au bout d'un contre magnifique a été une sorte de rédemption.

    Pour la question sur les joueurs qui pètent un plomb, je m'attendais à voir sortir le nom de Vincent Péricard.
    Sur sa minceur, Ravanelli c'était encore pire, quand on l'a revu à la télé et comme coach à Ajaccio je me disais presque qu'il était malade.

    Et pour finir...les chaussures, on en parle?

  • Marius T le 23/11/2020 à 13h14
    Pas un mot sur la pharmacie ni sur l’arbitrage, c’est de l’auto censure ou un format imposé par l’attaché de presse ?

  • Ba Zenga le 23/11/2020 à 14h27
    Le secret médical, mon cher Marius!

  • Espinas le 23/11/2020 à 15h00
    Sur l'arbitrage, on comprend mieux aussi pourquoi la Juventus a une longue tradition de très bon tireurs de coup francs (Platini, del Piero, Pirlo, Pjanic) et de pénos.

  • Milan de solitude le 23/11/2020 à 20h52
    Le passage de del Piero en Australie tient peut-être de l'anecdote, mais Raul a fait quelques belles années à Schalke ; j'ai du mal à le considérer comme le joueur d'un seul club ; pareil pour Casillas, par exemple ; cela n'enlève rien à l'attachement qu'ils ont au Real Madrid.

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