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«Certains prédisent l'implosion du système...»

Interview – Chercheur et spécialiste du marché des joueurs, Loïc Ravenel analyse son fonctionnement et ses évolutions. Et s'interroge sur sa fuite en avant.

le 13 Août 2013

 


Géographe, Loïc Ravenel est collaborateur scientifique au Centre international d'étude du sport (CIES) et co-fondateur de l'Observatoire des footballeurs professionnels – dont peuvent être consultés l'étude démographique annuelle et l'Annuel Review, analyse comparative des clubs et joueurs dans les cinq grands championnats européens.



interview Ravenel mercato systeme transferts Bale

 


Quelle est, pour l'instant, l'évolution du marché des transferts estival? Peut-on pronostiquer une augmentation globale des transactions, en nombre ou en valeur?
Pour l'instant, non, parce qu'il reste encore quelques semaines et que ça n'a pas encore bougé, malgré le prisme un peu déformant du championnat de France, où Paris et Monaco ont significativement recruté – ou plutôt recruté cher. On parle aussi de transferts très importants qui ne sont pas encore réalisés, mais pour les autres, les montants sont relativement normaux. Les championnats reprennent progressivement, et s'il doit y avoir de l'agitation, ce sera dans les prochaines semaines, d'autant qu'aujourd'hui les clubs attendent très souvent de vendre avant d'acheter: en dehors des très gros clubs qui ont d'ores et déjà des budgets de recrutement, le marché dépend de phénomènes en cascade, de réactions en chaîne.
 

Cet attentisme est-il récent ou bien constitue-t-il une constante?
Non, c'est une configuration classique. Dans le cas de la Ligue 1, on reproche à Paris et Monaco de ne pas recruter en France et ainsi de laisser le marché atone...
 

Alors que Paris et Monaco pourraient avoir un rôle moteur?
Oui, mais pour constituer un effectif de niveau européen, il faut des joueurs comme le championnat de France en possède assez peu: les Falcao ou Cavani sont à l'étranger. Cette absence de gros achats explique le blocage actuel du marché pour de nombreux clubs français, en dépit de quelques départs vers l'étranger – Aubameyang, Belhanda – pour des sommes importantes dans l'absolu, mais qui n'enclenchent pas le mouvement.
 

Le scénario d'un blocage qui perdurerait jusqu'à la clôture est-il envisageable?
Il faudrait sortir la boule de cristal pour l'affirmer. Cela devrait se décanter parce qu'il s'agit aussi d'une partie de poker menteur: dans toute négociation, il y a cette logique de l'attente au terme de laquelle les deux parties se mettent d'accord. Aujourd'hui, il reste suffisamment de temps pour que le marché démarre vraiment. On lisait samedi dans L'Équipe que le FC Sochaux avait placé huit joueurs sur la liste des transferts, huit joueurs qui ne bougent pas pour l'instant. L'entraîneur Éric Hély expliquait qu'il les intégrait dans le groupe, contrairement à l'an passé où ils faisaient partie d'une sorte d'équipe bis: le FCSM avait pu le regretter par la suite puisque tous n'étaient pas partis. S'il les implique aujourd'hui, c'est parce qu'il peut penser que le bon de sortie ne sera pas honoré pour tout le monde...
 


« Les transferts de Cavani ou Falcao occultent le reste du marché »


On a le sentiment que le PSG et l'AS Monaco n'auront pas du tout le même positionnement que l'OL au moment de sa domination...

Encore faut-il rappeler que Lyon a toujours cherché son "grand buteur" à l'étranger: Carew, Elber, Lisandro... C'était typique d'un recrutement visant à faire accéder le club à un niveau international. Pour l'instant, Monaco et Paris cherchent à se mettre au niveau de leurs concurrents européens: ils ne recrutent pas simplement pour gagner la Ligue 1.
 

Ils n'ont pas, non plus, la stratégie de l'OL qui cherchait, avec ses recrutements "français", à réaliser d'importantes plus-values sur des joueurs qu'il revendait à l'étranger après les avoir valorisés...
Oui: quand on achète Cavani 64 millions d'euros, la plus-value est plus incertaine. Cela ne relève pas de la spéculation, mais de la volonté de rivaliser avec le Bayern, le Real ou Manchester United.
 

Cela fait plusieurs années que l'on pronostique les effets de la crise financière sous la forme d'un effondrement du marché des transferts, ou du moins d'un fort ralentissement. Or, on attend encore...
Je reste subjugué par le fait que malgré cette crise bien réelle, les records puissent encore être battus et que les mouvements restent importants en volume. On constate d'une part qu'il reste des investisseurs puissants, certains remplaçant ceux qui jettent l'éponge ou réduisent la voilure, comme on l'a vu à Malaga par exemple ou dans le football anglais, ou bien d'autres qui arrivent, comme en France. Mais d'autre part, il y a aussi un effet de miroir déformant: les transferts de Cavani ou Falcao occultent le reste du marché, c'est-à-dire une majorité de transferts beaucoup plus modestes. Le montant moyen des transferts s'établit autour de trois millions d'euros en Europe, en incluant ces transactions les plus spectaculaires.
 


« Ce genre de crise se traduit très souvent par une augmentation des écarts de richesse »


Justement, n'assiste-t-on pas à un creusement des écarts entre quelques places fortes qui peuvent investir massivement et une majorité de clubs contraints à l'austérité?

Je ne peux pas l'affirmer formellement, faute d'une étude longitudinale de cette évolution, sur une période suffisamment longue. Mais effectivement, ce genre de crise se traduit très souvent par une augmentation des écarts de richesse, avec une majorité qui s'appauvrit, et à l'inverse une minorité qui s'enrichit. Le football, actuellement, au travers de ces gros investisseurs, semble obéir à cette logique. Et comme médiatiquement, on parle énormément des gros transferts, on a l'impression que le football ne connaît pas la crise. Pourtant, entre 2008 et 2013, la majorité des transferts se sont conclus sans compensation financière, avec des joueurs prêtés ou en fin de contrat. Le transfert payant ne représente qu'environ un tiers des transferts.
 

On attendait aussi que les clubs anticipent le fair-play financier de l'UEFA en se modérant. Là aussi, on a du mal à les percevoir cette tendance...
Le problème du fair-play financier, c'est que sa mise en œuvre dépendra de la volonté politique de l'UEFA, c'est-à-dire de sa volonté de l'appliquer avec la même rigueur à tous les clubs, qu'il s'agisse de clubs roumains, polonais... ou du Real Madrid.
 

Est-ce que les gros clubs attendent de voir si l'UEFA va réellement les sanctionner en cas d'infraction?
Ce n'est qu'une hypothèse personnelle, mais ils sont dans la logique du "Too big too fall", en estimant que le système ne peut se passer d'eux, qu'écarter deux ou trois cadors européens ne serait pas bon pour le business. "On procure tellement de joie aux gens, et on fait fonctionner l'économie"... On a vu en Espagne que le contribuable a payé des dettes ou des arriérés d'impôts de grands clubs de foot, au motif qu'ils étaient importants pour la vie sociale et économique, la culture nationale. Cela étant, l'UEFA aura peut-être ce courage politique de sanctionner: elle l'a eu par le passé, en interdisant les clubs anglais de toute compétition après le drame du Heysel.
 


« Gareth Bale à cent millions d'euros, l'irrationnel le plus complet »


Comment évolue la valeur individuelle des joueurs? Les montants évoqués pour la clause libératoire de Cristiano Ronaldo ou le transfert potentiel de Gareth Bale relèvent-ils encore d'une quelconque rationalité économique?

Il faut souligner qu'on parle là de montants virtuels, mais si un transfert de Gareth Bale devait se faire à hauteur de cent millions d'euros, on serait effectivement dans l'irrationnel le plus complet. Après, il peut y avoir un logique de concurrence: s'il y a quatre clubs candidats pour un joueur dont la valeur "objective" est de 50 millions d'euros, les enchères vont inévitablement monter. Nous avons justement commencé à travailler sur le calcul de cette valeur dite objective des joueurs, à partir de critères précis, que nous pouvons confronter aux montants réels quand les transferts sont conclus (lire la Lettre du Big-5 sur les transferts). Nous trouvons des valeurs qui sont généralement proches de ces montants: 50 millions pour Cavani par exemple, ce qui s'est à peu près confirmé avec son transfert à Paris, 64 pour Falcao, soit le montant du sien à Monaco... Pour Gareth Bale, on approche de 45 millions d'euros: les montants évoqués sont deux à trois fois supérieurs. Mais on verra si cela se fait, et dans ce cas, comment le Real pourra sortir 100 millions d'euros, alors que le club est endetté...
 

Est-on dans une période de transition qui prélude à de nouveaux équilibres, ou bien est-elle trop chaotique pour tirer des conclusions?
Certains prédisent l'implosion du système, celui des transferts et même, plus globalement, celui du football professionnel avec une faillite généralisée des clubs et tout à reconstruire ensuite. D'autres, comme la FIFPro [syndicat international des joueurs], annoncent la fin des indemnités de transfert avec ce que cela implique. D'autres encore envisagent des systèmes très différents, parfois inspirés des sports américains: salary cap, joueurs propriété de la Ligue, transferts liés à des critères de performance, etc. Mais comme on parle de tout cela depuis plusieurs années, il est délicat de faire de la prospective.


Quel facteur pourrait quand même ébranler le système?
On peut imaginer qu'une démarche juridique, comme pour l'arrêt Bosman, bouleverse la donne, ou que l'UEFA prenne des décisions fortes autour du fair-play financier, qui entraîneraient une diminution des dépenses. Mais il faudra une intervention extérieure, notamment de la sphère publique, dans le sens d'une régulation. À l'heure actuelle, le système profite à un grand nombre de parties: tous les clubs pour lesquels les joueurs sont les seuls actifs, les joueurs qui tirent des avantages de leurs transferts, les intermédiaires qui ont tout intérêt à ce que les joueurs bougent et à se rémunérer au passage...
 

Propos recueillis par Jérôme Latta.
 

POUR ALLER PLUS LOIN, LIRE AUSSI LA PARTIE BONUS DE CETTE INTERVIEW :  «LA MONTÉE EN PUISSANCE DU FOOTBALL BRÉSILIEN POURRAIT SE CONFIRMER AVEC LA COUPE DU MONDE»

 

Réactions

  • Bernoir le 13/08/2013 à 12h22
    Eclairage très intéressant.
    Il serait effectivement utile de disposer d'une étude "longitudinale" qui permettrait de voir si les investissements se concentrent sur un nombre plus réduit de clubs – et sur des joueurs du haut du panier...

    Même si ce n'est pas une découverte, l'idée que la crise profite aux plus riches reste particulièrement déprimante.

  • leo le 13/08/2013 à 14h44
    Merci pour cette article (même remarque que Bernoir sur l'étude longitudinale).

    Amusant de lire deux fois le Real Madrid cité, une première fois pour parler du fair-play financier et envisager une possible sanction de la part de l'UEFA alors le Real Madrid est bénéficiaire chaque année et ne dépend pas des caprices de son propriétaire ou de ses actionnaires, une deuxième fois pour s'étonner qu'il puisse recruter alors qu'il est endetté. Tu as un crédit sur ta maison que tu rembourses tranquillement, on t'interdit d'acheter une voiture ?

    Les règles du fair-play financier vont-elles interdire aux clubs d'avoir des dettes ? La DNCG le fait-elle (je ne le pense pas, heureusement) ?

  • Kireg le 13/08/2013 à 15h05
    Si la maison coûte 500.000 euros et que je suis smicard, alors oui, on m'empêchera d'acheter une voiture à crédit.

    La question est de savoir comment j'ai pu acquérir une telle maison. Capacité de remboursement, toussa...

  • leo le 13/08/2013 à 15h10
    Et "toussa", tu sais combien ça fait ? Tu as les chiffres ? L'auteur les donne quand il dit "rholala, le Real dépense plein de sous alors qu'il est endetté !" ?

  • Kireg le 13/08/2013 à 15h31
    Ça fait 590 millions d'euros, une broutille :

    lien

  • la rédaction le 13/08/2013 à 15h38
    leo, on t'aime :)
    (since 2001 au moins non?)

    Si le Real est cité par L. Ravenel, c'est à titre d'exemple et parce qu'il était question de l'offre pour Bale. Précisons qu'il a mentionné d'autres clubs dans des réponses qui ont été éditées: il n'y a pas eu de sa part l'intention de désigner le Real plus que d'autres clubs dans une situation analogue.

    L'endettement du Real Madrid serait, selon les estimations, de 600 à 900 millions d'euros. C'est colossal, même si c'est aussi un des clubs qui enregistrent les revenus les plus élevés.

  • leo le 13/08/2013 à 15h42
    Kireg
    aujourd'hui à 15h31

    Ça fait 590 millions d'euros, une broutille :

    lien
    ___________________________

    Avec un peu plus de détails ici :

    lien

  • Josip R.O.G. le 13/08/2013 à 15h47
    Ce qui compte ce n'est pas la dette, c'est le taux d'endettement par rapport aux revenus....

  • leo le 13/08/2013 à 15h48
    Salut la rédac (à peu près, oui) et merci pour la réponse.

    On peut ajouter que le Real Madrid est en partie responsable de la flambée irrationnelle des prix dénoncée dans l'article: 4 des 5 ou 6 (ça dépend à combien on estime le transfert d'Ibrahimovic au Barça) plus gros transferts ont été payés par le Real et, rien que cet été, il a acheté Isco et Illarramendi, des espoirs espagnols, pour plus de 70 millions d'euros (ce qui me semble beaucoup plus délirant que de payer Cristiano Ronaldo 80 ou 90 millions).

  • Edji le 13/08/2013 à 17h42
    Le Real peut aussi compter sur des deals de droits TV complètement léonins en sa faveur ; à ce sujet, leo, comment expliquer que les autres clubs espagnols aient laissé faire ? Trop peu d'influence ?

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