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Il était une fois l'Amérique

Il y a cinquante ans, en mai 1967, une poignée de businessmen américains tentèrent de lancer un championnat de foot aux États-Unis. Avec de l'argent, des idées, de l'enthousiasme, mais peu de réussite.

Auteur : Richard Coudrais le 29 Mai 2017

 

 

Longtemps aux États-Unis, le ballon rond n’a été qu’un mirage. Alors que le soccer se pratiquait aux quatre coins du monde, l’Américain moyen n’en avait jamais compris les subtilités, lui préférant le baseball, le basket, le hockey sur glace et son football à lui, avec un casque et un ballon ovale. Curieusement, des sélections américaines ont animé les premières Coupes du monde, avec une présence en demi-finale (1930) ou encore une retentissante victoire contre l’Angleterre (1950). En fait, le soccer a toujours existé aux USA, disputé dans les quartiers italiens, les ghettos latinos, les enclaves écossaises, mais il n’existait aucun championnat à l’échelle nationale.

 

 

Naissance d'un championnat

Ce n’est que dans la deuxième partie des années soixante que quelques courageux tentent de développer le soccer pour en faire un véritable sport professionnel. L’idée germe juste après la Coupe du monde 1966, qui connaît un retentissement sans précédent chez l’oncle Sam. L’idée de créer une ligue de soccer professionnelle et nationale est émise par un homme d’affaire d’origine canadienne, Jack Kent Cooke, redoutable promoteur en événements sportifs, patron de franchises à succès telles que les Los Angeles Kings (hockey sur glace), Los Angeles Lakers (basket) et Washington Redskins (foot US). Cooke n’est pas seul. Il s’associe avec deux autres requins de ses relations: Steve Stavro, propriétaire de franchises et de chevaux de courses, et Lamar Hunt, un Texan qui se fera un nom, plus tard, dans le tennis.

 

 

Lorsqu’ils montent leur United Soccer Association (USA), les trois compères s’aperçoivent qu’un projet similaire est en cours au même moment: la North Professionnal Soccer League (NPSL) fondée par Bill Cox et Robert Hermann. Les premiers nommés ont certes l’agrément de la FIFA mais le projet concurrent semble beaucoup mieux loti: il a signé un contrat avec la chaîne CBS, déjà monté ses équipes et annoncé l’ouverture de sa compétition dès l’été 1967. Alors que Cooke et ses amis ne prévoyaient de démarrer leur Ligue qu’en 1968...

 

Il s’agit donc de ne pas se laisser doubler. Décision est prise d’avancer l’ouverture du championnat dès mai 1967. Oui, mais avec qui? La United Soccer Association n’a pas encore enregistré la moindre inscription. Les trois hommes ont alors une idée, farfelue ou géniale, c’est selon: inviter des équipes européennes et les affubler de maillots et de noms à l’américaine. C’est ainsi que douze clubs venus d’un peu partout (surtout du Royaume-Uni), débarquent sur le nouveau monde. Wolverhampton est installé à Los Angeles et rebaptisé Los Angeles Wolves. Sunderland prend le nom de Vancouver Royal Canadians et Stoke City celui de Cleveland Stokers. Aberdeen devient Washington Whips, Dundee United est transformé en Dallas Tornado et Hibernian en Toronto City. Les Nord-Irlandais de Glentoran se voient quant à eux surnommés Detroit Cougars, alors que Shamrock Rovers, de l’Irlande du Sud, se paie le nom de Boston Rovers. Les Brésiliens du Bangu AC sont renommé Houston Stars; les Italiens de Cagliari, Chicago Mustangs; les Uruguayens du C.A. Cerro, New York Skyliners et les Néerlandais du ADO Den Haag, San Francisco Golden Gate Gales.

 

 

Une finale de légende

La première journée débute le 28 mai 1967. 34.965 spectateurs sont présents à l’Astrodome de Houston. On en compte également 21.871 au Yankee Stadium de New York et 16.431 au Cotton Bowl de Dallas. Les organisateurs se frottent les mains. Le championnat est organisé à l’américaine: deux poules de six équipes, la Western Division et la Eastern Division. La première est dominée par les Wolves de Los Angeles, et leur nouvel attaquant Derek Dougan. La seconde voit les Washington Whips (Aberdeen) se défaire avec plus de difficultés des Cleveland Stokers (Stoke) et leur gardien Gordon Banks.

 

Pour faire bonne mesure, la finale sera de celles qui nourrissent la légende. Au Coliseum de Los Angeles, 17.824 spectateurs assistent en effet à l’une des parties les plus extraordinaires de l’histoire du foot: 2-2 à la fin du temps réglementaire, avec quatre buts inscrits en trois minutes et demie, 6-5 après prolongations, grâce à un but décisif inscrit par l’Écossais Ally Shewan... contre son camp. Un titre de plus pour Wolverhampton qui le mentionne fièrement dans son palmarès. C’est l’Italien Roberto Boninsegna, attaquant des Chicago Mustangs (Cagliari), qui termine meilleur buteur avec dix réalisations en neuf matches. Mais, à l'heure des comptes, les organisateurs font grise mine. La compétition s’est finalement déroulée devant 7.890 spectateurs de moyenne. Malgré les aménagements de quelques règles destinées à un public habitué aux évolutions de score incessantes, malgré l’enthousiasme des cheerleaders à la mi-temps, le spectacle ne suscite rien d’autre qu’un intérêt poli de la part d’un public peu averti.

 

 

 

Comme un château de carte

Comme la déroute est similaire chez les concurrents de la NPSL, les deux ligues acceptent de fusionner dès la fin de l’année 1967 pour donner naissance à la North American Soccer League (NASL). L’édition de 1968 se disputera entre véritables franchises, avec leurs joueurs propres. L’année suivante, on fera en revanche de nouveau appel à des clubs britanniques pour compléter la grille de départ. Wolverhampton et Dundee United reviennent sous les noms respectifs de Kansas City Spurs et Dallas Tornado. Ils seront accompagnés par West Ham United (Baltimore Bays), Aston Villa (Atlanta Chiefs) et Kilmarnock (Saint Louis Stars).

 

L’essor du soccer pro se poursuivra lentement au cours des années soixante-dix. La NASL recrutera de plus en plus de vedettes en fin de carrière, parmi lesquelles George Best, Bobby Moore et Gordon Banks. Puis la ligue connaîtra un vif succès avec l’arrivée du roi Pelé au New York Cosmos, suivie de celles de Franz Beckenbauer et autres Johan Cruyff. Le vent tournera au début des années 1980. Les stars, dont le niveau de vie aura considérablement augmenté en Europe, ne verront plus trop l’intérêt de finir leurs carrières outre-Atlantique. Dénuée de vedettes et de public, la NASL s’écroulera comme un château de cartes. Dix ans plus tard, le soccer professionnel réapparaîtra dans le sillage de la World Cup 1994, organisée aux States. La Major Soccer League est aujourd'hui un championnat de valeur, où passent d'anciennes gloires de la Premier League comme David Beckham, Thierry Henry, Franck Lampard ou Steven Gerrard.

 

Réactions

  • osvaldo piazzolla le 29/05/2017 à 18h51
    Merci pour cette histoire d'une des inénarrables tentatives de faire du foot aux USA. je ne savais pas qu'ils avaient été jusqu'à importer des équipes entières. Si je puis me permettre une mini critique, le premier paragraphe induit un peu en lien qui a toujours eu du mal à démarrer, c'est le foot pro médiatisé, mais les USA ont toujours été le pays du monde avec le plus de licenciés (seule l'Allemagne peut soutenir la comparaison), et le soccer univeristaire (et sport universitaire aux USA, c'est quasi pro) a toujours été un (voire LE) sport majeur dans les universités. Comme le sport universitaire est par ailleurs masculin et féminin, c'est aussi la raison pour laquelle les USA ont longtemps tout explosé en foot féminin.
    De fait, la difficulté des démarrages de fédérations pro, ce n'est pas tellement le public dans les stades, ni le manque de joueurs, c'est de convaincre des chaînes de télé à s'intéresser à un sport où les possibilités de coupures publicitaires sont dramatiquement faibles.

  • José-Mickaël le 29/05/2017 à 19h48
    Je n'ai pas compris cette histoire d'équipes importées. C'est parce que le championnat a lieu intégralement durant la trêve estivale en Europe ? C'est quand même court pour placer neuf match. Et les joueurs prennent leurs vacances quand ? Ou alors c'est un autre système ?

  • John Wakeup le 30/05/2017 à 23h51
    Bel article sur la genèse du football pro médiatisé aux États-Unis que, personnellement, je meconnaissais totalement. Merci.
    Est-ce qu'il aurait des éléments sur les raisons de l'existence de ces deux fédérations concurrentes (USA/NPSL) à cette période de la structuration du football (des conceptions opposées du football, biographie/origine des fondateurs...)?
    Par ailleurs, est-ce qu'on sait sur quoi portaient les "aménagements de quelques règles destinées à un public habitué aux évolutions de score incessantes"?

  • Richard N le 31/05/2017 à 04h12
    @osvaldo piazzolla
    Très bonnes remarques. Il est clair que j'ai abusé de quelques clichés, mais c'est pour mieux souligner l'incongruité du projet de ce championnat. Je ne le referais plus, promis.

    @José-Mickaël
    @John Wakeup
    Cet article ne donne en effet pas réponse à toutes les questions. Je compte sur la communauté CDF pour apporter des éléments supplémentaires à cette histoire.

  • Lionel Joserien le 12/06/2017 à 14h48
    Super article, merci Richard.

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