Le cable réseau du serveur étant presque saturé, merci de ne vous connecter qu'en cas d'absolue nécessité de vous amuser. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

<i>Rencontre sous X</i> : le roman du foot-biz

Sous la bluette un brin mielleuse se cache un récit caustique, qui se déroule en plein cœur de l’univers du foot pro et du cinéma porno. Ce n’est pas le roman le plus original de Van Cauwelaert, mais ces quelques 250 pages constituent un constat à la fois drôle et inquiétant des dérives du sexe et du sport-spectacle…
Auteur : Eugène Santa le 20 Mai 2002

 

Un espoir sud-africain du ballon rond, une beauté slave reine du film pour adultes… "Rencontre sous X" est le récit insolite de l’histoire d’amour qui se noue entre deux jeunes à la fois victimes et acteurs du cadre professionnel dans lequel ils évoluent. Victimes, car pour l’un comme pour l’autre, les paillettes ne sont que la face visible d’un monde pour qui l’individu est avant tout une matière première. Acteurs, car la contrepartie évidente de cette exploitation réside dans un train de vie sans commune mesure avec ce que les deux tourtereaux auraient connu en restant dans leurs pays respectifs. Le parallèle entre ces deux milieux est la pierre angulaire de "Rencontre sous X": au fil des pages, le lecteur voyage alternativement entre les plateaux de tournage et les coulisses du foot pro. En ce qui concerne ces derniers, tout n’est évidemment pas rose…

Le côté obscur de la force
L’un des principaux atouts du roman de Didier Van Cauwelaert, c’est que, pour une fois, le foot-biz est vu du côté des sans-grade et des "exclus". Le narrateur, Roy Dirkens, est ainsi un anonyme joueur sud-africain recruté par un club français (et parisien…) pour favoriser la vente des droits télé dans son pays d’origine. Laissé sur le banc depuis de longs mois par son club (la vente effectuée, il est devenu inutile), il s’entraîne à l’écart du groupe pro avec des gamins de La Courneuve, sans même l’espoir de fouler à nouveau les pelouses de D1. "Rencontre sous X" met au grand jour avec un cynisme froid la façon dont le système broie l’individu: l’écrivain nous démontre à quel point — en marge d’une poignée de chanceux placée sous le feu des projecteurs — un homme peut être privé de sa dignité par une mécanique absurde, qui le rémunère mieux que le cadre supérieur moyen d’une entreprise (20.000 euros par mois tout de même), tout en le privant de la moindre opportunité de se mettre humainement en valeur. En somme, parce que grassement payé, Roy Dirkens s’aperçoit qu’il n’a aucune raison de se plaindre. Son seul droit est celui d’admettre qu’il puisse être traité comme du bétail, de cultiver sa frustration et sa résignation face au système.

Humour grinçant
Loin de la déprime (assumée) de son héros, "Rencontre sous X" recèle également de nombreux épisodes cocasses: de sa plume toujours bien aiguisée, Van Cauwelaert établie une poilante critique de l’hypocrisie du foot pro. Roy Dirkens est ainsi confronté à la tartuferie de ses coéquipiers et de ses dirigeants, toujours prêts à faire dans l’humanitaire devant les caméras ("Ils se mettent à chanter l’hymne du club, qu’ils vont enregistrer dans quelques jours contre le Sida. On ne m’a pas invité à la chorale. Je fais la-la-la, histoire de m’intégrer…"), mais incapable de la moindre solidarité dans l’intimité d’une relation humaine. C’est ce qu’on constate aussi lors d’une scène grandiose, lorsque le président du club invite l’ensemble de ses joueurs à un déjeuner dans sa maison de campagne: l’esprit famille est censé présider à la rencontre, mais certains joueurs se connaissent à peine et les rivalités l’emportent:

"Puis le président nous emmène visiter un carré de barbelés où il cultive personnellement les carottes du jardin. (…). Le 12, dont j’ai oublié le nom, lui confie que lui aussi, quand il plante des pétunias à l’Ile de Ré, le meilleur moment c’est la pleine lune. Le président le toise, lui réplique sèchement que les carottes ne sont pas des pétunias. (…) Pour faire oublier son penalty raté contre le Real Madrid, il faudra qu’il trouve autre chose").

Bref, ce roman constitue une dénonciation savoureuse de la bonne conscience que se donnent certains footballeurs qui font pourtant couler les liquidités à flot et pour qui l’appât du gain est devenu une valeur de référence.

Le business plus fort que tout
La charge anti-libérale atteint son apogée lors de la scène centrale du roman, l’épisode où le joueur est accueilli par la juge d’instruction pour une affaire généralisée de délits au sein du club. L’occasion de passer en revue toutes les dérives du foot: dopage, magouilles financières, esclavage moderne, trafic d’influence… C’est aussi l’occasion d’un constat de faiblesse de la magistrate, capable de faire condamner certaines infractions, mais pas de les empêcher à la source. Ainsi, quand Dirkens lui parle des manipulations tendant à faire monter artificiellement la côte d’un joueur, ou de celles visant à écarter le public populaire des tribunes des stades, celle-ci ne peut qu’affirmer son impuissance :

"Dans tout ce que vous relatez, il n’y a pas matière à poursuite. Ce sont des stratégies internes, des opérations marketing sans doute condamnables mais nullement répréhensibles, s’inscrivant dans un contexte hélas normal vu l’évolution actuelle".

Du ballon… quand même
Mais Van Cauwelaert ne se contente pas de taper fort: s’il voit juste pour assommer le business, il saisit par ailleurs parfaitement l’esprit qui anime les vrais amoureux du foot. L’auteur nous montre dans une scène assez touchante qu’au-delà des turpitudes du foot pro, l’amour passionnel du jeu et du beau geste peut parfois survivre. C’est le greffier, par exemple, qui, en l’absence de la juge d’instruction, réclame un autographe:

"Je rencontre le regard du type qui frappe ses feuilles sur son bureau pour en faire un paquet bien droit, qu’il range dans une chemise verte. Je lui demande si je vais aller en prison. (…). Il prend un air de secret médical pour me répondre qu’il n’est pas habilité à me répondre. Au bout d’un moment, il me dit doucement qu’il m’a vu l’an dernier en finale de la Rothmans Cup avec l’Ajax, et que mon but de 40 mètres sur dégagement de Brett Evans était un grand moment. Je lui souris".

Quelques autres bouffées d’air frais nous proviennent d’un entraîneur sur le retour et fin connaisseur du jeu et des joueurs, d’un gamin fanatique capable de reconnaître un attaquant anonyme dans une cage d’escalier, d’une équipe d’aveugle qui prend plaisir à taper dans le cuir en toute simplicité. La passion à l’état brut… mais à dose homéopathique, dans une histoire où le fric est omniprésent.

Bien sûr, le récit est victime de quelques invraisemblances passagères: on s’étonne par exemple quand on apprend qu’il existe une tribune entière de supporters racistes à Nantes. On peut aussi regretter une toile de fond un peu simpliste, avec une amourette cousue de fil blanc et pleine de bons sentiments. Pour les amateurs de littérature, ce livre de Van Cauwelaert ne restera donc pas dans les annales comme sa meilleure œuvre. Mais pour les aficionados du ballon rond, la lecture s’avère indispensable. Un vrai bon bouquin pour la plage, histoire de récupérer de la Coupe du monde en période estivale, entre deux parties de beach-soccer au bord de l’eau. Mais c'est juste une suggestion d'emploi.

Rencontre sous X, Didier Van Cauwelaert, éditions Albin Michel 2002. 17,90€.

Réactions

  • Le Plan le 20/05/2002 à 23h56
    C'est tres bien de nous faire une critique d'un bouquin !

    Quant au contenu de votre critique, bravo mille fois ! Ca m'a remis plein d'idees en place, et je suis desormais un homme meilleur.

    On ne peut qu'etre saisi par la detresse du pauvre footballeur, Africain de surcroit et qui gagne plein d'argent et sort avec une actrice porno ! 'Tain, avec une vie comme ca, moi aussi je serais depressif. Sans parler qu'il est obliger de ne pas travailler. Quelle galere !

    Enfin, il l'a cherche, si j'ose dire: comment etre bete au point de preferer aller au PSG alors qu'il aurait largement pu faire carriere dans le porno ou chez Renault. Sur les plateux de tournage comme vous le laissez entendre, ou autour d'une ligne de montage, les relations humaines sont tellement plus authentiques. Jacquet nous l'a bien dit, ca, lui qui a ete obliger de se sacrifier pour la patrie: le monde ouvrier c'est le top, et le foot tous des pourris !

    C'est d'ailleurs bien le probleme de notre societe actuellement: le foot est tellement puissant que la justice ne peut rien faire pour octroyer leur quota de place aux sympathiques camarades de F.O. Pas plus qu'elle ne peut empecher les clubs de payer cher les footballeurs. Mais ou va-t-on, je vous le demande ?

    Enfin, bien heuresement l'edition reste un milieu contestataire, et je salue le tres utile editeur Albin Michel qui a eu le courage de publier ce pamphlet. J'ai juste peur qu'il passe completement inapercu dans notre splendide pays: foot et sexe, je vois mal qui pourrait vouloir lire un tel bouquin.

  • ibrahima bakayoko le 21/05/2002 à 02h39
    Je suis d'accord avec Le Plan, si être exploité c'est être footballeur pro et sortir avec une actrice porno, ben je veux bien qu'on m'exploite...

  • Salentino le 21/05/2002 à 02h43
    Selon toi, Le Plan, être footballeur et sortir avec une actrice porno n'est donc pas le comble de la misère. Selon la mienne non plus, remarque.
    Mais si pour autant, cela n'était pas le comble du bonheur?

    D'abord, un tel cas de figure constitue à mon avis une intéressante situation romanesque.

    Mais je me demande surtout si ton univers de valeurs ne s'écroulerait pas avec la découverte que la richesse et les belles femmes faciles ne garantissent finalement pas la félicité, pourtant promise par nos idéologies quotidiennes.

    En attendant une telle révélation, quelle étrange morale que la tienne... Mais c'est peut-être la morale de l'époque.

  • piem le 21/05/2002 à 03h09
    J'avais entendu Van Cauw' (un pur nom de footeux d'ailleurs) expliquer qu'il voyait un paralèlle entre l'actrice porno et le footeux, tous deux obligés de se "prostituer" pour le gain (la prostitution physique du joueur pouvant se retrouver dans la pratique du dopage). Je pense que le thème de ce livre set habile et bien dans l'air du temps, C+ nous l'a bien appris : le foot et le cul sont les deux mamelles de la richesse moderne !-)))

  • El mallorquin le 21/05/2002 à 03h15
    Bah, je crois que le problème, ce n'est pas vraiment de savoir si le mec est heureux ou pas. C'est plutôt de savoir si le système est humainement acceptable. En l'occurence, on nous parle d'un type qui joue dans un grand club, mais qu'en est-il de tout ceux qui sont utilisés comme de simples marchandises et qui n'ont pas forcément la contrepartie financière (ex : les exclus des centres de formation importés d'Afrique) ? Cela dit, la question se pose aussi pour ce joueur en question : s'il gagne "aujourd'hui" 20.000 euros, combien en gagnera-t-il demain, à la fin de son contrat, quand le club qui l'a recruté en tant que sudafricain de service voudra s'en séparer ?

    Ce qui finalement intéressant, c'est le parallèle avec le porno car la problématique est sensiblement la même : jusqu'à ou est-on prêt à vendre son corps pour s'en sortir dans la vie...

    Au passage, j'ai lu la critique de l'Equipe Mag. Ils trouvent le bouquin moyen et lui reproche de sortir juste avant la CdM. En revanche ils avaient bien aimé le gentillet 3 zéros... :-))

  • El mallorquin le 21/05/2002 à 03h15
    Les grands esprtits se rencontrent, piem ! :-)

  • Le Plan le 21/05/2002 à 11h18
    Comment pouvez vous comparer serieusement une carriere dans le foot a une carriere dans le porno ? Quand meme, vous vous rendez compte de ce que vous dites ?

    Ce qui m'amuse dans la chronique des cahiers, c'est qu'entre les deux milieux, c'est celui du football qui semble le pire au point de vue moral. Je trouve ce point de vue tres contestable.

    Maintenant, il y a des critiques du milieu foot qui pourraient a mon avis toucher plus juste. Etudier par exemple ce que deviennent les jeunes qui echouent dans les centres de formation, ou encore le devenir des joueurs dont la carriere est stoppee brutalement par une blessure. Mais cela ne ferait pas forcement un best seller.

    Dans votre volonte de condamner certains exces du sport professionnel, vous devenez de plus en plus dur, comme si le football etait ce qu'il y avait de pire dans le monde. Les derives du foot pro se retrouvent dans bien des milieux professionnels, et les pratiques en question dans votre critique (charite opportuniste, deshumanisation du monde professionnel) ne sont pas uniques au football.

    Je veux bien qu'on reclame un assainissement du sport professionnel, mais il faudrait alors se rendre compte que le dopage, les arrangements et la betise ne sont pas des inventions recentes, imputables au seul capitalisme comme vous semblez le penser.

    Voila, maintenant Salentino relit mon premier post, et explique moi ou j'ai pu dire du bien du porno.

  • piem le 21/05/2002 à 16h15
    Le Plan, ce que je disais et que je maintiens, c'est que c'est l'idée même de l'auteur qui rapproche 2 personnes de ces 2 milieux pour les mettre en paralèlle, lui-même semblait considérer les dérives des 2 mondes aux apparances peu semblable... Mais, comme tu le notes, les jeunes à peine issus des centres de formation qui chutent n'ont pas un destin glorieux... Mais n'y-a-t'il pas des points communs quand il s'agit de sans-papiers mineurs que l'on rejette dans l'illégalité et certains "imports" de prosititués...

    Maintenant, là où tu as raison, c'est que le monde du foot n'est pas non plus le pire sur terre, mais n'est-ce pas celui que l'on observe et que l'on connaît un peu tous en commun ce qui fait que c'est le sujet sur lequel on converse ici !

  • Le Plan le 21/05/2002 à 23h21
    Nous sommes d'accord Piem sur cet exemple precis, rarissime et tres extreme. Mais la situation generale d'un jeune qui se retrouve sans papier n'est quand meme pas la meme que celle d'une pute. C'est comme comparer un marquage viril et une double penetration... Je reve ou il faut vraiment vous expliquer la difference ?

    Prenez "l'actrice" moyenne, meme celle qui s'en sort bien, et je prefere largement le sort d'un footballeur dont le reve s'est evanoui. Il y a quand meme une nuance legere en termes de dignite.

    Monique Dumas et les autres ont beau faire leur choux gras des deux situations, il ne faut quand meme pas tout melanger. L'une est beaucoup plus grave que l'autre, et pour ma part, la situation des prostituees ou autres actrices du porno est bien plus dramatique que celle de n'importe quel footballeur recale, fut il deracinne et renvoye au pays comme un malpropre.

    Je suis attere de voir que ce point evident ne choque personne d'autre que moi.

  • El mallorquin le 22/05/2002 à 06h28
    Ben, ça ne choque pas que toi. Personne n'a dit ce que tu essayes de nous faire dire. Je prétends comme piem qu'il y a un parallèle entre les deux milieux. Ce qui ne veut pas dire que je considère que les deux situations sont identiques. Pour moi, les deux systèmes, s'ils n'ont pas les mêmes modalités et les mêmes conséquences, répondent à une même logique d'exploitation du corps d'un individu dans dans le but de vendre un spectacle, et ce quel que soit le coût pour cet individu. C'est que je trouve anormal, même si la situation d'un footeux est évidemment plus enviable que celle d'un actrice de X.

La revue des Cahiers du football