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Guillaume Meurice : « J'étais une sorte de Higuita discount »

Ancien licencié et supporter de l'OM, l'humoriste et chroniqueur de France Inter Guillaume Meurice explique son désintérêt progressif, son rejet de la compétition… mais aussi la persistance d'une certaine tendresse pour le foot. 

Auteur : Propos recueillis par Jean Canesse le 20 Fev 2017

 

 

Bonjour Guillaume, vous vous êtes présenté le mois dernier dans So Foot comme ancien fan devenu "vieux con du foot". Avant de prendre de l'âge, qu'est-ce qui vous attirait dans ce monde ? 
Les premiers souvenirs que j'ai du football, je les dois à mon père qui écoutait certains matches à la radio. Nous n'avions pas la télévision et je me demandais pourquoi un type hurlait dans le poste tel Emmanuel Macron en fin de meeting. Quand j'ai compris, j'ai rapidement voulu pratiquer ce sport qui avait l'air si enthousiasmant. À l'âge de huit ans, j'ai donc pris ma première licence au Sporting Club Jussey-Vitrey, le club de mon village, et j'y suis resté dix ans. Dix ans de rigolade à petit niveau (district) loin de toute pression (sauf celles de la buvette).

 

 

 

 

Qu'est-ce qui a marqué cette époque ?
C'était alors l'OM qui caracolait en tête du championnat de France et beaucoup de gamins de mon âge s'identifiaient aux stars de l'époque. On jouait avec le col relevé pour faire comme Cantona et comme des gros bourrins pour faire comme Boli. Et puis, j'ai continué à suivre ce club jusqu'à m'abonner au Stade Vélodrome lorsque j'étais étudiant à Aix-en-Provence. J'y ai découvert le pire comme le meilleur. Des supporters hilarants qui me faisaient marrer avec leurs réflexions sur le match et d'autres capables de se foutre sur la gueule parce que l'un a dit à l'autre que Bernard Lama ne méritait peut-être pas la peine de mort.

 

« Aujourd'hui, quand on me parle de l'Euro, je pense plus à ce que nous a fait subir Juncker qu'à ce que nous a fait subir Eder. »

 

Le football c'est pour vous l'amusement, les rencontres avec l'autre, la recherche d'un exutoire (ça, on l'a lu)... Qu'en est-il de votre regard sur le jeu en lui-même (et sa "qualité")?
Quel que soit le domaine, je n'ai jamais été un esthète – il n'y a qu'à voir ma manière de me fringuer. Je n'ai donc que très peu été attentif à la qualité du jeu pratiqué par telle ou telle équipe. Je suis plus attaché à l'énergie, l'enthousiasme qui se dégage d'un groupe qu'à ses performances techniques. Sinon, j'aurais arrêté de supporter l'OM au moindre tacle de Di Meco ou au premier tir au-dessus de la tribune de Bakayoko.

 

N'avez-vous donc jamais vibré devant une frappe en lucarne, une passe qui transperce les lignes, une série folle de dribbles? 
Non mais j'avoue que devant un arrêt réflexe, une détente horizontale ou une claquette au-dessus de la transversale, ça a pu être le cas. Oui, je le confesse, j'ai conjugué ma passion pour ce sport et mon aversion pour l'effort physique en étant gardien de but.

 

N'est-ce pas un brin paradoxal d'aimer le foot pour ses dynamiques de groupe et d'être "isolé" à un poste de gardien? 
Je comprends que cela puisse paraître paradoxal mais ça ne l'est pas. Car si j'aime les dynamiques de groupe, j'aime surtout les observer. Et pour ça, le poste de gardien est idéal. On a le jeu devant soi. On participe mais en étant à part, avec du recul, de la distance. On est seul, mais avec les autres. C'est une position que l'on retrouve également chez les comédiens de "seul en scène" (tiens, tiens...). Seul en scène mais dans une salle avec d'autres – si les autres viennent, évidemment, mais on n'est pas là pour parler du spectacle écrit par BHL.

 

Avant de devenir humoriste, vous avez donc coupé avec le foot pro. À quel moment avez-vous décidé que regarder un match à la télé ou aller au stade n'était plus pour vous? 
Je n'ai pas pris de telle décision. Mon désintérêt fut progressif. Le business, les magouilles, l'homophobie et le sexisme de certains groupes de supporters, l'abêtissement croissant et organisé de nombre de joueurs professionnels, une certaine forme de prise de conscience portant sur l'absurdité de la notion de compétition m'ont détourné petit à petit des stades et des retransmissions télévisées. Aujourd'hui, quand on me parle de l'Euro, je pense plus à ce que nous a fait subir Juncker qu'à ce que nous a fait subir Eder.

 

« J'aime assez l'idée d'un monde ressemblant à un grand terrain de jeu, une source inépuisable de partage et d'amusement. J'aime également la liberté que procure la pratique du one man show. »

 

La notion de compétition, ici dans le sens de "vaincre", n'a-t-elle pas de bons côtés à vos yeux? Par exemple, fournir des efforts pour devenir meilleur et créer "du beau"?
Toute mon antipathie pour la compétition se résume dans cette citation du généticien Albert Jacquard: "La morale collective actuelle nous fait croire que l'important c'est de l'emporter sur les autres, de lutter, de gagner. Nous sommes dans une société de compétition mais un gagnant est avant tout un fabricant de perdants. Je n'ai pas à être plus fort qu'un autre. Je dois être plus fort que moi, grâce à l'autre". On peut créer du beau sans idée d'être meilleur qu'un autre, sans volonté de hiérarchiser. Les cérémonies de récompenses artistiques sont parmi les spectacles les plus cons du monde. Qui de Van Gogh ou de Picasso est le "meilleur"? De Godard ou de Scorsese? Quel sens peut bien avoir tout ça? Bref, tant que le quatrième d'une épreuve d'athlétisme continuera à chialer parce qu'il n'a pas sa médaille, je serai d'avis d'en donner une à tout le monde. Ou à personne. L'humanité est une aventure collective. Putain c'est beau, on dirait du Christophe Maé. Si je continue on va me donner une Victoire de la musique!

 

Il y a deux ans, Marcelo Bielsa avait reproché aux journalistes français leur propension à se focaliser sur le résultat, sans tenir compte de la manière ni de l'impact positif d'une démarche collective sur le public. Le travail de ce genre d'entraîneurs n'est-il pas susceptible de vous réconcilier avec le football?
Je ne suis pas fâché avec le football. Ni avec le sport en général (même si je suis plus croyant que pratiquant en la matière). Je trouve ça formidable que des milliers de gens se réunissent pour s'amuser et passer du bon temps ensemble. Je trouve juste absurde l'idée que la victoire ou la défaite ait une quelconque importance. Qu'on en fasse des statistiques et des classements. Ceci dit, même si j'ignore si c'était le cas de Bielsa, l'astuce rhétorique d'un entraîneur en difficulté consistant à dire subitement "Mes résultats sont pourris mais je fais ça pour la beauté du geste" est assez brillante. François Hollande aurait dû s'en inspirer.

 

Dans votre spectacle "Que demande le peuple", il y a aussi cette envie de vous amuser avec les autres. Finalement, vous avez réussi à trouver d'autres sources de partage que le football... 
En effet, j'aime assez l'idée d'un monde ressemblant à un grand terrain de jeu, une source inépuisable de partage et d'amusement. J'aime également la liberté que procure la pratique du one man show, notamment la possibilité d'improviser. Il m'arrivait d'improviser également quand j'étais gardien de but mais au grand dam de mes coéquipiers. J'étais une sorte de René Higuita discount.

 

« Il est assez improbable que je rentre sur scène devant des gens qui crient "Meurice, va niquer ta mère sur la cane cane cane Canebière!" »

 

Avec l'impact de vos chroniques sur France Inter, on peut dire que vous jouez souvent à domicile lors de vos spectacles. Vous arrive-t-il, et notamment lors de vos séquences d'impro, de tomber sur des supporters de l'équipe adverse? 
Il y a des publics plus taquins que d'autres sur ces moments d'impro, mais jamais de spectateurs hostiles. Il est assez improbable que je rentre sur scène devant des gens qui crient "Meurice, va niquer ta mère sur la cane cane cane Canebière!" Car oui, les supporters de foot souffrent régulièrement de complexe œdipo-phocéen surdéveloppé.

 

Quand vous donnez la parole aux spectateurs pour entendre leurs desseins/revendications, n'est-ce pas aussi une manière de les faire assumer un discours devant toute une salle et ainsi réduire les risques de propos nauséabonds? 
Pas forcément. Disons que j'y vois plus un moment de catharsis, d'exutoire. Chaque spectateur peut dire ce qu'il a sur le cœur. De mon côté, le personnage que j'interprète fait semblant de s'intéresser aux désirs du peuple, de prendre des notes, avant de s'en foutre complètement. En parfait parallèle avec ce que font nos "représentants" depuis fort longtemps.

 

La critique du monde politique prend une place importante dans votre travail. Comment expliquez-vous, avec les griefs précédemment formulés, que celle accordée au monde du foot professionnel soit si petite? 
Tout d'abord, le monde du foot professionnel est très opaque. Difficile de croiser ou d'obtenir une interview d'un membre de la mafia... de la FIFA. Pardon pour le lapsus. De plus, le monde politique a un impact direct sur nos vies bien plus important que le dernier ongle incarné de Yoann Gourcuff. C'est pourquoi je trouve la place prise par le football dans le monde médiatique démesurée. Ceci dit, le point commun entre les footballeurs et les députés est sans doute l'importance des pieds. Les uns s'en servent pour jouer, les autres votent avec.
 

Réactions

  • Lionel Joserien le 20/02/2017 à 22h42
    J'aime beaucoup. Et il me semble clair que Bernard Lama ne méritait aucune clémence.

  • Yapéno le 21/02/2017 à 02h44
    Ce mec me fait poiler tous les soirs sur FI. Rien que pour cela je lui pardonne d'avoir été supporter de l'OM.


  • dugamaniac le 21/02/2017 à 13h53
    Je le soupçonne de continuer à suivre le foot plus qu'il ne le prétend, au travers des quelques références spontanés.
    Je rencontre régulièrement des gens comme ça, qui commencent par dire "je ne suis plus le foot" mais qui au bout de quelques minutes révèlent qu'elles connaissent le dernier résultat de guingamp.
    En réalite, je ne connais personne qui soit passé du fanatisme à l'indifférence total en matière de foot.

  • Ba Zenga le 21/02/2017 à 15h29
    Yapéno
    aujourd'hui à 02h44

    Ce mec me fait poiler tous les soirs sur FI. Rien que pour cela je lui pardonne d'avoir été supporter de l'OM.

    ---

    Ce mec est supporter de l'OM. Rien que pour cela je lui pardonne de ne pas l'écouter sur FI.

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