France-Uruguay : les gars
Un collectif homogène, mais des individualités défaillantes: l'équipe de France se cherche encore une composition.
le 12 Juin 2010
En dehors d'une fantaisie sur un rebond mal jugé (13e), Lloris s'est efficacement illustré sur les rares tentatives de la Celeste, c'est-à-dire sur le tir et le coup franc cadrés de Forlan (16e et 64e). Une copie de bon élève.
Sagna a été la bonne surprise de la soirée. Ayant pris la mesure de son vis-à-vis, il a joué haut en se montrant très disponible, et surtout soigné ses centres: on en a compté cinq bien ajustés, dont le dernier pour la déviation de Malouda et la tentative d'Henry (89e).
Déception de la part d'Évra, en revanche: auteur d'un bon centre perpendiculaire (32e, pour Gourcuff) et de rushes offensifs intéressants (54e, 57e), il a gâché beaucoup de ballons et s'est mis à la faute en écopant d'un carton précoce (11e). Trop de déchet technique pour un capitaine.
La défense centrale n'a pas été menacée sur les coups de pied arrêtés, c'est à signaler. Gallas est pris de vitesse par Forlan sur la grosse occasion de la 16e minute, mais il n'a plus trop souffert ensuite. Absent à la retombée des coups francs et corners français.
À son côté, Abidal a été nettement plus impressionnant, profitant de l'isolement des attaquants adverses pour faire valoir sa vitesse et son impact physique. Efficace en couverture et dans la relance, il s'est même offert une montée à l'ancienne en fin de rencontre. Il gêne bien Forlan sur la dernière occasion uruguayenne (73e). Rassurant pour la suite.
Toulalan est une des satisfactions de la rencontre, avec un volume de jeu qui l'a parfois porté aux quatre coins du terrain, comme lorsqu'il perce dans l'axe (66e) ou centre pour Ribéry (67e) – on l'a même vu déborder à gauche. Il a aussi pris sa chance de loin, avec notamment un bon tir cadré (56e). Il s'est imposé dans l'entrejeu avec une belle autorité – dommage qu'il soit averti. C'est lui le boss, non?
En dépit d'une éclipse après la pause, Diaby a justifié la confiance placée en lui. Ses montées dans l'axe ont lancé bien des offensives qui auraient dû avoir un meilleur sort. Il a beaucoup cherché Anelka, ceci expliquant cela. Plus défensif et moins influent en seconde mi-temps, il finit fort en obtenant notamment le coup franc de la dernière chance.
Cette fois, Gourcuff a été au dessous de la moyenne. Son coup franc sorti de la lucarne par Muslera excepté, il a été peu influent, ratant des transmissions, paraissant lent et – à sa décharge – toujours aussi peu soutenu. Des passes à contretemps, des coups de pieds arrêtés souvent imprécis d'un mètre ou deux, des gestes techniques inutiles... Sa chance est peut-être déjà passée dans cette Coupe du monde.
Après des débuts prometteurs (son centre de la 7e minute est une vraie balle de but pour Govou), Ribéry semble avoir été perturbé par son carton jaune. Il a renoué avec l'impression des matches de préparation: il part beaucoup en dribbles, mais il en revient rarement, et oublie souvent de lever la tête. Il trouve pourtant Diaby (45e+1) et décoche de bons centres (61e pour Anelka, 76e pour Govou), sans se procurer de meilleures occasions qu'une volée ratée sur un coup franc joué en retrait par Gourcuff (60e) et une reprise de la tête (66e). Trop d'erreurs techniques, pas assez de rendement collectif: l'atout-maître des Bleus a mal débuté son Mondial.
Sur la sellette, Govou n'a pas réussi à hisser significativement son niveau de jeu, même s'il a contribué à rééquilibrer le jeu vers la droite en trouvant de meilleurs placements avec Sagna. Il se trouve cependant à la conclusion de la meilleure occasion française, mais ouvre trop son pied (7e). De vagues situations offensives en première période, une quasi-disparition en seconde. Alors certes, il a bien défendu.
Dans un rôle extrêmement ingrat, noyé au milieu de trois centraux uruguayens qui ont évolué très bas, Anelka a touché peu de ballons et ne compte en guise d'occasions quasiment que des têtes non cadrées – qu'il a eu le mérite d'essayer de reprendre, dans des conditions difficiles (14e, 43e, 54e, 61e). Un geste ô combien malheureux quand, en positon de hors-jeu, il intercepte un caviar de Diaby qui aurait mis Govou dans une position optimale (31e). Et beaucoup de balles perdues par maladresse ou entêtement. Il apparaît de moins en moins comme la solution à ce poste.
Les entrées de Malouda et Henry ont dynamisé l'attaque, face à une Celeste réduite à dix et qui a fini par laisser des brèches dans sa surface. Malouda a eu le temps de placer quelques mines (78e, 80e), Henry de se procurer une occasion dans les seize mètres (88e) et d'exécuter un coup franc rapproché dans les arrêts de jeu – sans réussite. En quelques minutes, Gignac n'a pas trouvé de fenêtre de tir, tâchant de percuter sur le côté droit.