Lloris n'aura eu à réussir qu'une poignée de sorties aériennes précieuses (notamment à la 37e pour intercepter un bon centre), et surtout à capter un tir de Roman à l'issue d'une belle action roumaine (64e). Évidemment, il ne peut rien sur le but.




Escudé se désélectionne

D'abord auteur de deux bonnes couvertures (8e et 12e), Escudé a vu sa soirée tourner au calvaire. À la 41e minute, en couverture d'Évra monté sur l'action précédente, il se fait mystifier par Marica et finit le nez dans le gazon, pour la seule vraie occasion roumaine. Comme un prélude à cette tentative d'interception qui se transformera en csc, dix minutes après la reprise.
Gallas a livré un match neutre, sans bourde ni coup d'éclat – sinon dans la surface adverse, lorsqu'il piqua une tête qui se transforma en passe décisive pour Henry.

Évra a tout de suite été très en vue, avec beaucoup de prises d'initiatives sur un côté gauche à l'animation duquel il a encore directement contribué en la concrétisant par de nombreux centres (dont un précédé d'un grand pont) et des corners obtenus. On ne guette toutefois jamais longtemps ses erreurs de placement, pas toujours sur les contres adverses – à l'image de cette montée sur le porteur du ballon roumain, plein axe, en délaissant complètement l'ailier jaune qui pourra déborder et centrer (37e). Il n'avance pas sur Apostol pour le centre décisif, mais c'était plutôt le job de Gignac, qui est resté arrêté. Des relances hasardeuses, dans l'urgence, n'améliorent pas son bilan strictement défensif, mais il faut savoir ce que l'on veut.

Cette fois mieux soutenu par Anelka, Sagna a moins débordé qu'Évra, mais il adresse plusieurs centres dangereux, dont celui du but de Henry refusé (60e) et un autre sur lequel Anelka aurait pu faire mouche de la tête (67e). Il s'est même retrouvé en position de tir (frappe croisée, 20e) et a toujours tâché d'impulser une certaine dynamique côté droit. Dans l'autre sens de circulation, les Roumains ne sont jamais passés dans sa zone.



Des milieux au créneau

Lassana Diarra a voulu montrer qu'il pouvait reproduire ses actuelles performances madrilènes sous le maillot bleu. Mission partiellement accomplie, avec une activité débordante et de jolis gestes techniques en position avancée, au cours d'une première mi-temps jalonnée de deux jolies transversales et d'une frappe violente passée non loin du cadre (13e). Après la pause, il a été à l'image de l'équipe: plus brouillon, commettant aussi des fautes grossières et perdant de la présence offensive. Sans cesser de récupérer des ballons.

Toulalan a un peu suivi le chemin inverse: quelques mauvais choix en première mi-temps et une liaison pas assez soutenue avec les attaquants – même s'il décale parfaitement Gourcuff aux dix-huit mètres (21e). Physiquement, il revient fort au cours de la deuxième période et se met même à jouer plus haut que Diarra. Un bon tir en déséquilibre (70e) qui n'inquiétera pas le gardien et ne fera pas changer d'avis ses détracteurs.

Gourcuff a fait office de courroie de transmission et adressé quelques ouvertures: extérieur et renversement pour Anelka (27e et 32e), centre de volée (19e) ou coup franc destiné à la tête de Henry (17e). Il a aussi tenté sa chance, sans grande réussite, à l'image de cette volée complètement dévissée (21e) ou de cette autre, topée, qui passe au-dessus des cages (33e). Une contribution assez décevante malgré son influence sur le jeu et sa précision sur les coups de pied arrêtés, d'autant qu'après la reprise, il disparaît progressivement des zones décisives.




Anelka-Henry, duo frustrant

Avec un volume de jeu et un placement nettement plus satisfaisants qu'à Thorshavn, Anelka a été combatif d'emblée: il percute bien sur son flanc, mais ne cadre pas une frappe à angle fermé, moins judicieuse que le centre alors possible vers Gignac ou Gallas (17e). Il faut un autre tir, contré, pour que le Toulousain soit accidentellement servi plein axe (27e). Ses tentatives personnelles subissent toutes un sort contraire: la plus notable est ce tir en pivot sur lequel il perd ses appuis alors que le but s'ouvre, la balle filant dans les bras de Coman (25e). Il met toutefois Gourcuff en position de tir (19e), placera une bonne tête (63e) et obtiendra quelques coups de pied arrêtés en seconde période, avec une participation assez constante à l'animation offensive. Sa bonne performance d'ensemble ne dissipe pas un sentiment de frustration, tant elle est restée un cran au-dessous de ce qui l'aurait rendue décisive... Peut-il être un premier choix, alors qu'il n'est jamais complètement convaincant, quelle que soit sa position sur le terrain?

Le match de Thierry Henry est encore plus contrasté: buteur opportuniste, il avait vu sa tête repoussée par la barre (17e) et en placera une autre – superbe – dans le petit filet: le but sera refusé pour un hors-jeu du Barcelonais, qui avait tardé à se replacer (60e). Ces gestes inhabituels ont été plus efficaces que son "spécial" tenté d'un enroulé du droit dès la 5e minute. Il cherche Anelka dans la surface, le trouve (25e) ou le manque de peu (29e), mais rate autant de passes qu'il en réussit dans les combinaisons offensives. Il n'a quasiment plus été sur aucun coup dans la dernière demi-heure: son état de forme précaire explique peut-être cela, ainsi que ses erreurs techniques et son manque d'agressivité. On s'étonne toujours qu'un joueur de sa stature présente en bleu des bilans aussi ambivalents.

Dernier maillon de la domination bleue, Gignac a reçu peu de ballons exploitables dans la surface. Alors il a relayé certains échanges en passes courtes (action du tir en pivot d'Anelka, 25e), avant de voir Coman repousser on ne sait comment sa bonne volée piquée (27e). Une pénétration ratée dans la défense roumaine précédera de peu sa sortie avant même l'heure de jeu.



Des entrées par la petite porte

Même s'il a été immédiatement très actif, l'entrée de Ribéry n'a pas tout à fait eu les effets escomptés. Il perd ses premiers ballons et ne parvient pas, ensuite (en particulier après la sortie de Gourcuff), à endosser pleinement le rôle de meneur de jeu. Les quelques mésententes avec ses coéquipiers ne doivent cependant pas masquer le fait qu'il a été de presque toutes les actions de la dernière demi-heure, débordant, centrant, combinant ou prenant sa chance lui-même... Malheureusement, il n'est pas parvenu à maintenir son équipe dans le bon sens au cours des ultimes minutes.

Certes placé dans des conditions pas vraiment optimales, Benzema n'a pas produit de différences notables au sein d'une défense roumaine encore densifiée en fin de partie. Un coup franc bien ajusté (Coman détourne en corner, 75e), une tentative vaine de pénétration en dribbles (85e) et un corner obtenu au bout des arrêts de jeu forment un bilan assez maigre.