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FOOT, TROP D'EUROS POUR L'EURO 2016

Invité: Bakchich – Alors que la France se mobilise pour l’Euro 2016 de football, un professeur canadien sonne l’alarme sur les coûts réels des grands événements sportifs.
Auteur : Woodward et Newton le 18 Juin 2009

 

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Qui croire? Au moment où la grande famille du foot-business hexagonal décrète, au nom du plan de relance de l’économie, une mobilisation générale en faveur de la candidature française à l’organisation de l’Euro 2016 de football, on en apprenait de belles la semaine dernière du côté de Coventry.


Dissimuler les véritables coûts

C’est en effet l’université de cette charmante ville anglaise qui accueillait le symposium 2009 de l’organisation internationale Play The Game, un réseau de journalistes, d’enseignants et d’acteurs du secteur sportif principalement soutenu par le ministère des Sports danois et peu connu des médias français, qui se consacre à promouvoir l’éthique et la transparence dans le sport. Un vaste programme, qui lui vaut quelques inimitiés, notamment de la part de la FIFA, du Comité international olympique (CIO) et des fédérations sportives mondiales les plus corrompues. On se demande vraiment pourquoi?
Toujours est-il qu’au programme de cette semaine de réflexion festive, figurait notamment une communication très attendue du professeur Chris Shaw, intitulée "Le quatrième pilier secret des Jeux Olympiques: Privatisation des profits et socialisation des pertes – l’envol des coûts de Vancouver 2010".
L’ami Chris, un Canadien qui enseigne à la prestigieuse université de Columbia, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère; sa thèse tient en peu de mots: une des raisons de l’explosion incompréhensible de la dette publique des États tient en particulier à la volonté des institutions de toutes sortes, en charge de l’organisation de méga-événements sportifs tels les Jeux olympiques, d’en dissimuler systématiquement le véritable coût. Il a illustré son propos au moyen d’un exemple concret, à savoir l’organisation des Jeux olympiques d’hiver, l’année prochaine à Vancouver. Un dossier qui démontre selon lui à quel point le public est trompé sur le coût réel de l’opération. Une grande kermesse dont les uniques gagnants seraient les quelques entreprises privées titulaires des chantiers de construction.


Escroquerie "à la nigériane"

"Les Jeux olympiques sont peu à peu gagnés par un nouveau type de corruption…", a-t-il indiqué, en référence aux modalités de sélection de la ville organisatrice de plus en plus controversées. Un très mauvais souvenir pour nos petits gars qui soutenaient ‘Paris 2012’ et se sont faits doubler "à l’anglaise" par nos amis londoniens. Puis il a précisé: "…c’est le fait que les autorités publiques mentent continuellement aux contribuables et dissimulent le véritable coût de l’opération…". "Est-ce de la stupidité ou de la tromperie évidente sur la marchandise? Je dirais que c’est les deux à la fois…", a-t-il répondu à une question de l’auditoire.

Les recherches poussées qu’il a entrepris sur le budget des Jeux de Vancouver l’année prochaine l’ont amené à une conclusion qui a provoqué une franche rigolade: Shaw a tout bonnement comparé les Jeux olympiques à l’escroquerie bancaire "à la nigériane" désormais mondialement connue, dans laquelle des e-mails sont expédiés par quelques prétendus nigérians fortunés victimes du régime, qui demandent aux milliers de destinataires de leurs missives, de fournir leurs coordonnées bancaires afin de les aider à sortir quelques millions de pétro-dollars soi-disant bloqués dans le pays, pour finalement vider le compte des quelques gogos qui répondent favorablement. "C’est exactement la même logique", a affirmé le professeur Shaw, "on vous invite à faire preuve d’humanité ou de civisme en comptant activement sur votre cupidité…".

Les chiffres communiqués par le Canadien sont éloquents: en 2002, le coût officiellement annoncé n’excédait pas 660 millions à la charge du contribuable. Au terme d’études approfondies, il est arrivé à une estimation de 6 milliards de dollars aujourd’hui! "Aussi incroyable que ça puisse paraître, pas un décompte audité et certifié n’est disponible; j’ai découvert par exemple que les coûts exposés au titre de la sécurité avaient été occultés dans une proportion inimaginable ; depuis mes découvertes, tous les échelons administratifs bloquent systématiquement l’accès aux informations… Si le Comité d’organisation des Jeux de Vancouver avait communiqué dès le départ le véritable coût de l’opération, nul doute que les contribuables concernés auraient refusé tout net de s’engager dans une telle spirale…".

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© Oliv’


Arbres déracinés et "intérêt général"

D’après le chercheur, outre l’explosion du budget de la sécurité et la destruction globale de l’environnement –100 000 arbres ont été déracinés pour faire de la place à ce qui est supposé constituer "les Jeux les plus écologiques jamais organisés" - le Comité d’organisation a même été obligé de consentir une hypothèque de 1,1 milliards de dollars canadiens sur le village olympique… On ne sait si en ces temps troublés, les banques invitées à la fiesta ont inclus l’opération dans la liste de leurs actifs toxiques ou si, par prudence, les prêts consentis au Comité olympique canadien ont été "généreusement" provisionnés.

Reste que, même s’ils enseignent à Columbia, ces Canadiens restent de grands enfants tout juste bons au négoce de peaux de bêtes et de sirop d’érable… Ce n’est pas chez nous que de telles dérives pourraient survenir. Pour peu que Platini nous l’attribue, personne ne doute de nos capacités à faire de l’Euro 2016 une formidable vitrine de notre savoir-faire en matière de mega-teufs sportives. Comme toutes celles qui l’ont précédé, notre génie de l’organisation en fera un succès planétaire qui ne coûtera pas un euro au contribuable. Ou si peu.


On se demande d’ailleurs pourquoi, pas plus tard que la semaine dernière, c’est à la sauvette que la Commission des affaires économiques de la Chambre des députés a adopté, dans le cadre du projet de loi de développement et de modernisation des services touristiques, un amendement rendant "d’intérêt général" la construction d’enceintes sportives dans le cadre de la candidature française à l’Euro 2016?
Tout compte fait, "Chris le Trappeur" n’a peut être pas tout à fait tort de sonner l’alarme. Surtout lorsqu’on s’arrête un moment sur la rédaction dudit amendement: "les enceintes sportives… ainsi que les équipements connexes permettant le fonctionnement de ces enceintes sont déclarés d’intérêt général QUELLE QUE SOIT LA PROPRIETE PRIVEE OU PUBLIQUE de ces enceintes et équipements". Ça va chercher dans les combien d’euros un "stade privé, d’intérêt général" pour l’Euro 2016?

Réactions

  • Toni Turek le 18/06/2009 à 05h26
    Ca coûterait cher, ça ne serait pas écologique, mais ça créerait des emplois, et ça serait la fête du football, dixerunt les décideurs. Et à part les riverains gênés par les futurs grands stades à construire, pas grand-monde ne semble s'y opposer.

    Mais si c'est pour faire comme l'Ukraine...

  • Le_footix le 18/06/2009 à 09h04
    C'est bien gentil de pleurer sur l'argent mais qu'est-ce qu'on fait ? On reste avec un Ray (pas aux normes depuis 2002), un Lescure (atteint du cancer du béton), un Stadium Nord (UN STADE ET VITE !), un Vélodrome (rien à ajouter) en l'état ?

  • Croco le 18/06/2009 à 09h13
    Le_footix
    jeudi 18 juin 2009 - 09h04

    Qu'est ce qu'on fait? Ben on évite d'enfumer les contribuables et électeurs déjà.
    Quant à la construction/rénovation de stades, je vois pas en quoi elles seraient d'intérêt général. Une ligne de chemin de fer, une école ou un hôpital ok, un stade faut pas déconner. Certains ont déjà oublié la rente que verse l'état tous les ans pour le Sdf...

  • Qui me crame ce troll? le 18/06/2009 à 09h22
    C'est sûr que l'alliance privé-public est souvent questionnable, d'autant plus qu'on a l'impression que le public y perd systématiquement. Mais peut-on envisager que le public y retrouve ses billes par le biais des différents impôts : un Euro c'est un certain nombre de supporters qui vont consommer en France, plus un certain nombre de travailleurs (ok quand ils ne travaillent pas au noir) du bâtiment qui paieront des cotisations sociales.
    Evidemment c'est un peu défendre le diable.

  • Troglodyt le 18/06/2009 à 09h23
    Croco
    jeudi 18 juin 2009 - 09h13

    Je ne suis pas vraiment d'accord avec toi.
    Un hôpital, une école, un moyen transport un commun, ok, intérêt général indiscutable.
    Mais pour le stade, cela dépend aussi d'une conception de la vie: si vivre c'est aller bosser, mais y allait écologiquement et en bonne santé, d'accord, les stades n'ont rien à faire.
    Moi, j'y vois seulement de la survie, et je vis aussi pour certains plaisirs, et n'ai dès lors aucun mal à admettre l'intérêt général d'un stade.

    Et puis sur l'expression "intérêt général", c'est juste un problème juridique: la loi sur le PPP impose que le projet recouvre un "intérêt général". Plutôt que de modifier la loi, ce qui reviendrait à permettre des PPP dans des cas non prévus/envisagés ; il est plus facile de reconnaître par décret que les stades ont cette caractéristique, quand bien même cela demeure très artificiel.

    Après, rien ne dispense de faire cela proprement et d'éviter que les projets pèsent illégitimement sur les contribuables.

  • Cyril trolle... le 18/06/2009 à 10h30
    Je rejoins troglo et je trouve certaines discussions un peu caricatural. A ce compte-là, un théatre, un opéra, ne sont pas non plus des chantiers d'intérêt général vu que tous les contribuables ne sont pas fans de théatre ou d'opéra. Et pourtant les communes financent les constructions de théatre ou d'opéra.

    Le seul problème des stades, c'est le coût, voire le surcoût. Des coûts qu'on peut réduire via des investissements privés, dont le naming. Ensuite, un nouveau stade, ce n'est pas que du négatif. Cela peut redynamiser une nouvelle zone d'activité (c'est ce qui s'est passé à la plaine Saint-Denis ou ce qui est en train de se passer autour de l'Allianz Arena de Munich).

    Enfin, sur le débat du 'A quoi ça sert de rénover les stades?', je pourrais aussi répondre: 'A quoi ça sert de rénover des théatres/cinéma/opéra?'. Quand je vais voir un spectacle, autant que ce soit dans les conditions le plus confortable possible. Maintenant, on peut toujours contester l'origine du financement, souhaiter un financement davantage privé qui permettrait d'éviter certains 'gags' comme avec le stade Grimonprez-Jooris II (annulé) ou le stade des Alpes (en permanence reporté).

    Mais ici, j'ai l'impression qu'il y a une ligne sur les CdF: "Il y a mieux à faire avec de l'argent que de rénover des stades". Ce qui me dépasse un peu, tant je considère qu'il y a suffisamment d'argent public gaspillé dans différents travaux (Stade des Alpes, mais aussi le Charles de Gaulle, le tram de Bordeaux...) pour financer plus d'activités.

  • Le_footix le 18/06/2009 à 11h32
    L'investissement public dans des services de voirie permettant d'accéder à des établissements privés, franchement, ce n'est pas une nouveauté.

    Ah ben oui, il va être difficile demain de construire OL Land dans le centre ville de Lyon.

    Que l'article nous dise "attention aux gaspillages", bien. Qu'il soit public ou privé, le gaspillage j'aime pas ça ! Mais ça ne doit pas se transformer en défiance envers l'organisation de manifestations sportives en tant que telles.

    Parce que je voudrais pas dire mais y'a pas QUE des contre-exemples genre Canada ou Athènes 2004 dans le monde. Y'a aussi des cas où l'argent dépensé sert à quelque chose. Comme l'Allemagne 2006, tiens...

    Je pense pour finir que lien n'est pas l'invité qui fait le plus honneur aux CdF.

  • Cyril trolle... le 18/06/2009 à 11h56
    Le_footix
    jeudi 18 juin 2009 - 11h32
    Parce que je voudrais pas dire mais y'a pas QUE des contre-exemples genre Canada ou Athènes 2004 dans le monde.
    ------------------------------------------------

    Et Athènes 2004 ne doit pas être considéré que sous le prisme d'un échec. Certes, l'addition a flambé, parce que les délais ont dû être tenu dans l'urgence, certains projets étaient trop ambitieux. Mais les JO ont permis de moderniser les infrastructures de la ville (lignes de tram, nouvel aéroport international, village olympique qui est devenu une nouvelle zone résidentielle modernes et aux normes environnementales). D'un point de vue local, les JO d'Athènes ne passent donc pas que pour une pompe à fric.

  • Rose & Borg le 18/06/2009 à 13h47
    Je rejoins Cyril Trolle sur le fait que les JO ou les compétitions de foot permettent souvent de redynamiser des zones (Athènes, Barcelone, ...) et ajoute qu'en plus il faut tenir compte, dans les retombées de ces compétitions, de l'afflux de touristes (qui peuvent découvrir un pays et avoir envie d'y retourner) mais aussi l'image de marque du pays dans les medias internationaux.
    Or, le tourisme reste, même pour nous, une source non négligeable de revenus, qui peut être maximisée par ces différents événements.

    En revanche, et ce que souligne fort bien la première partie de l'article, le plus grave reste les mensonges proférés ouvertement par les Dirigeants sur les promesses de limiter les coûts inhérents à ces grands travaux.
    Pour Vancouver (port industriel) en 2010 et pour Sotchi (une station balnéaire) en 2014, il fallait quand même être naïf pour croire qu'en deux temps trois mouvements, on allait transformer des sites inadaptés en stations de sport d'hiver capables d'accueillir plusieurs centaines de milliers de personnes ...

    Et le pire c'est qu'à chaque élection, les grandes instances sportives jurent leur grands dieux qu'ils vont veiller au grain et à chaque fois c'est un projet encore plus démesuré et sous-estimé qui est choisi.

  • Oook le 18/06/2009 à 14h42
    Consécration, l'article est repris (il me semble en intégralité) par le célèbre site d'investigation et de journalisme sportif "les dessous du sport".
    Ca confirme tout le bien que je pense des articles de backchich, comme le footix.

La revue des Cahiers du football