Diego Forlan, blond céleste
Passe en retraite - Une nouvelle vie commence pour Diego Forlan, nouvel entraîneur de Peñarol, dans sa ville natale de Montevideo. Hommage au merveilleux footballeur qu'il fut.
Depuis la Coupe du monde 2010, Diego Forlan aura connu une seconde partie de carrière des plus contrastées, naviguant çà et là entre plusieurs clubs (Inter Milan, SC International, Cerezo Osaka, CA Peñarol, Mumbai City, Kitchee SC). Sans se fixer, ni retrouver le niveau de performance qui fut le sien.
À l’heure de saluer le néoretraité et de souhaiter bonne chance à l'entraîneur, souvenons-nous d’abord des belles choses que le joueur nous aura offertes. Parce que lui, probablement mieux que quiconque, incarne ce qu’il y a de plus essentiel à laisser en héritage au football et à ses amoureux: des instants de grâce.
photo cc Ailura
Prophète en Espagne
Diego Forlan aura vécu des passages mitigés dans les plus grands clubs européens où il a évolué, Manchester United et l’Inter Milan – même s’il a gardé une certaine cote d'amour auprès des supporters des Red Devils grâce à des buts magnifiques. Son histoire, il l’a plutôt écrite, de fort belle manière et en l’espace de quelques années, sous les couleurs de Villarreal et de l’Atlético de Madrid d’une part, et avec la Celeste d’autre part.
En inscrivant des pions somptueux et cruciaux, et en y affichant une régularité remarquable. Toujours cheveux au vent, toujours avec allure et allégresse dans ses courses, ses prises de balle et ses positions de frappe. Fort des deux pieds, Diego Forlan s’est révélé être aussi bien un redoutable joueur de surface qu’un excellent tireur et botteur de coups francs.
En Espagne, l’ange blond aura pris son véritable envol, et ce dès son arrivée en 2004 à Villarreal. Il y décroche les titres de Pichichi et de Soulier d’Or européen lors de sa première saison, et y forme un duo exquis avec Juan Román Riquelme qui emmène le Sous-marin jaune aux portes de la finale de la C1 en 2006.
Prestation dantesque
Il prend la difficile succession de Fernando Torres à l’Atlético de Madrid, inscrit notamment un total bluffant de 32 buts en 33 matches en 2008/09. Surtout, malgré un début de saison difficile, il remporte la Ligue Europa en 2010, en y prenant une part prépondérante. Il atteint alors le sommet de sa carrière avec les Colchoneros en particulier, et en club en général.
Sa science du placement dans la surface et son instinct lui permettent de marquer le but de la qualification pour la finale à Anfield, en reprenant en première intention un centre aux abords des 5,50 mètres. Comme en prolongations, encore, face à Fulham où il offre la C3 aux siens en décroisant de l’extérieur du pied droit un centre du Kun.
Match durant lequel il délivre une prestation dantesque, frappant le poteau du gauche dès la 12e, à l’affût pour reprendre une tentative de Agüero et ouvrir le score à la 32e, ou encore réalisant une incursion épique dans la surface en fin de la première prolongation.
Sa plus belle heure
Les pages les plus soyeuses de sa carrière, celles qui le rendent d’une certaine manière éternel sur le plan international, c’est probablement lors de la Coupe du monde 2010 que Diego Forlan les a rédigées. De son cou-de-pied droit, principalement. Son histoire lors du tournoi sud-africain est à ranger parmi les plus attachantes de la compétition, aux côtés de celles de Toto Schillaci et Roger Milla en 1990, ou encore d’Eusébio en 1966.
Bourreau du pays hôte lors du deuxième match de poules, avec un doublé dont une soudaine et flottante frappe lointaine, il ouvre ainsi les portes des huitièmes à la Celeste. Il réserve encore au tournoi trois buts somptueux, en quart, demie et petite finale.
Un coup franc excentré magistral pour offrir l’égalisation face au Ghana, une frappe lointaine du gauche dont l’effet prend à défaut Stekelenburg contre les Pays-Bas, et enfin un délice de reprise de volée piquée, qui termine au pied du poteau de Butt. Des performances de grande classe qui lui vaudront le titre de meilleur joueur de la compétition.
Inspirateur et romanesque
L’Uruguay remporte la Copa América l’année suivante, se hissant seule au sommet du palmarès de cette compétition avec cette quinzième victoire. Forlan ne s’y montre pas des plus réguliers, mais inscrit un doublé en finale face au Paraguay.
Qu’importe, on ne pourra pas nier l’inspiration qu’il aura été pour sa sélection, tout particulièrement durant le Mondial 2010. Ni son rôle de devancier, d’emblème et de fer de lance d’une génération dorée d’attaquants uruguayens, dont Luis Suárez et Edinson Cavani sont désormais les plus redoutables représentants.
Il y a des choses plus importantes que le palmarès et les statistiques, et Forlan nous l’aura encore rappelé. Il aura gagné le cœur des gens et laissera en héritage le souvenir d’un joueur élégant et romanesque. Le souvenir de buts magnifiques, d’un attaquant au style racé, presque d’un autre temps. Avec tout notre amour, merci Diego.
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